Insultes, dégradations, menaces de mort... les forestiers pris pour cible en Bourgogne-Franche-Comté

La tension est palpable, le ras-le-bol généralisé dans les rangs des forestiers de Bourgogne-Franche-Comté. Depuis plusieurs mois, dans la Nièvre, la Haute-Saône, le Jura mais aussi dans les départements limitrophes de l'Aube et du Loiret, des agents subissent insultes, dégradations et violences. Une recrudescence qui inquiète. Entretien avec plusieurs forestiers de la région.

Ces trois derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour les forestiers, en région Bourgogne-Franche-Comté. Vols de matériel en forêt, dégradations de panneaux d'informations, incendies à répétition ou encore insultes : autant d'actes d'incivilités et de violences de plus en plus fréquents. Nous les avons répertoriés sur cette carte, ci-dessous :

Comme dans la nuit du 17 mars dernier, dans la commune de Brassy, dans la Nièvre. Ce soir-là, un engin forestier appartenant à la Coopérative forestière CFBL, a été détruit par un incendie d'origine criminelle. Un acte perpétré "au lendemain de la diffusion d'une vidéo d'une association appelant à la désobéissance civile face aux différents chantiers de reboisement des coopérations forestières", détaille Bertrand Servois, le président de l'UCFF, l'Union de la coopérative forestière française. 

Des actes de malveillance et de destruction "inacceptables" mais "ce n'est pas tout" déplore le président. "Au-delà des dégâts matériels estimés à plusieurs millions d'euros depuis quelques années, les forestiers et parfois leurs proches subissent quasi-quotidiennement sur le terrain des injures, des insultes, des intimidations et font même parfois l'objet de menaces de mort... c'est intolérable, il faut dire stop". 

Les forestiers et parfois leurs proches subissent quasi-quotidiennement sur le terrain des injures, des insultes, des intimidations et font même parfois l'objet de menaces de mort

Bertrand Servois, président de l'UCFF

Pour ces faits de menaces de mort, les forestiers concernés ont déposé plainte auprès de la gendarmerie du secteur. "Ce sont tout sauf des cas isolés. Jusqu'à présent, on faisait profil bas, mais là, ça devient trop grave, ça suffit", prévient le président de la coopérative forestière. Certaines régions sont particulièrement touchées.

Depuis 2018, en Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, et Bourgogne-Franche-Comté, plus d'une vingtaine d'engins forestiers ont été pris pour cible, soit incendiés, soit sabotés. "C'est un sujet qui touche l'intégralité de notre filière: agents ONF, coopératives, transformateurs, etc."

Pourquoi une telle violence?

Tous les forestiers contactés sont unanimes quant à la réponse à cette question: "beaucoup de promeneurs pensent que couper un arbre est un crime", regrette notamment Jean-Philippe Bazot, président de la coopérative Fibois en Bourgogne-Franche-Comté.

Et d'expliquer: "le public qui vient en forêt ne connaît pas vraiment la gestion forestière. Couper un arbre permet d'avoir une forêt vivante et en bonne santé. C'est tout sauf un crime". Depuis 2017, l'Office national des forêts indique pourtant avoir changé de stratégie pour favoriser la régénération des forêts : arrêt des coupes rases, criblage des arbres malades, mais aussi une meilleure sécurisation des chemins forestiers. 

"Il faudra faire beaucoup de pédagogie"

La pédagogie ? "Il faudra en faire, beaucoup, notamment auprès des jeunes générations", explique Bertrand Servois. "On n'est pas là pour détruire la forêt. Les arbres souffrent beaucoup du changement climatique par exemple, et si on ne fait rien, on met en danger nos forêts", avant de préciser sa méthode: "Quand on a des détracteurs, il faut aller sur le terrain et leur expliquer ce qu'on fait concrètement". Pour sensibiliser les plus jeunes aussi, la coopérative planche sur des bande-dessinées explicatives qui seront bientôt publiées "pour susciter la curiosité des plus petits mais aussi des plus grands via des plaquettes explicatives en forêt". 

Avant de conclure, apaisé :"on ne touche pas aux hommes. On peut être en désaccord, mais parlons-en, ensemble, et sur le terrain !"

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