"C'est la catastrophe" : après une année de pluie en forêt, la filière bois en très grande difficulté

Pour les entreprises de travaux forestiers, l'année 2023-2024 aura été la plus compliquée depuis très longtemps. De nombreuses entreprises menacent de mettre la clé sous la porte. La pluie abondante aura eu raison de l'activité des bûcherons qui ont vu leur trésorerie fondre. Exemple dans les forêts du Morvan.

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Depuis quelques jours, le mois d’octobre est étrangement doux et sec. Pourtant, dans les forêts du Morvan, on ne craint plus que la pluie.

Après un exercice 2023-2024 des plus humides, la filière bois est en très grande difficulté. Les forêts gardent les stigmates des pluies incessantes. Privés d'activité, les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme.

Un risque pour les arbres

Dans la forêt cette année, les machines ont été étrangement silencieuses. Peu de camions et encore moins de troncs chargés sur les remorques. Ce mois d'octobre un peu plus clément permet quand même quelques sorties, de quoi ouvrir une éclaircie dans le ciel gris de la forêt du Morvan.

"Ça fait un an de pluie, les terrains sont gorgés d’eau, cela fait des dégâts", s’agace Thomas Delaire, conducteur de machine, alors qu’il fait serpenter habilement son engin lourd de plusieurs tonnes entre les cimes des arbres. Si le pilote prend autant de précaution, c’est que le moindre écart peut coûter très cher en forêt dans ces conditions.

"Parfois les racines des arbres ne sont pas très profondes", explique-t-il en montrant les sillages des "tracks", les chenilles du véhicule, dans la terre meuble. "Donc, si on arrache les racines avec les tracks, l’arbre meurt. Comme cela, on peut faire mourir un peuplement entier en très peu de temps."

Entre 300 000 et 350 000 euros de pertes

Alors pour les 400 entreprises de Bourgogne-Franche-Comté, le seul choix a souvent été de laisser les engins à l'arrêt. Mais les conséquences sont désastreuses sur la santé financière des professionnels. "On a beaucoup de bois sur forêt qui ne sont pas sortis donc on ne peut pas facturer aussi bien l’abattage que le débardage, puisque tant que le débardage n’est pas effectué, on ne facture pas la prestation", confie défait Martial Blondelle.

L'exploitant de la SAS EFMB décrit une situation intenable pour le secteur : "Sur l’année 2024, ça a commencé en septembre 2023, on a eu 80 jours d’arrêt par engin. Sachant qu’il y a six engins sur l’entreprise, ça fait un chiffre d’affaires de pertes économiques énormes. Ça représente 300 (000) ou 350 000 ce qui veut dire 20 ou 30 % du chiffre d’affaires minimum."

C’est avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête que Martial Blondelle regarde désormais le ciel, priant pour que la pluie ne s’abatte pas de nouveau sur la forêt. "On a mangé toute notre trésorerie. Tout ce qui a été perdu ça va nous faire un bilan désastreux au niveau de l’année. En plus, on est au bilan au mois de septembre. C’est la catastrophe. Je viens de recéder l’entreprise à mon fils. Il avait une bonne trésorerie pour démarrer, mais aujourd’hui la trésorerie est complètement exempte. Il n’y a plus rien."

Un cercle vicieux et un avenir incertain

"Ce n’est pas que dans le Morvan, c’est partout pareil", s’exclame Thierry Corduant, vice-président de l'association pro-ETF Bourgogne-Franche-Comté. Une autre conséquence de l'arrêt et de l'absence de chômage technique dans la filière pèse désormais sur les employés. "Beaucoup d’entrepreneurs ont demandé, voire ont un peu forcé la main à leurs employés pour qu’ils prennent des congés", regrette le vice-président. "Ce sont des pansements sur des jambes de bois. On a besoin de gens compétents, capables d’agir en autonomie, mais en leur forçant la main et en leur faisant perdre de l’argent, on va avoir un vrai problème relationnel qui va s’ajouter à tous les autres."

Même si la pluie ne tombe plus, l'horizon de la filière bois n'a jamais été aussi sombre. Les syndicats et les associations cherchent à mettre en place un chômage technique, mais le projet s’avère compliqué. "Déjà dans le BTP ça paraît difficile, nous, cela va l’être encore un peu plus", décrit froidement Martial Blondelle. Reste à espérer que les entreprises qui auront réussi à passer la tempête puissent profiter d'un répit ensoleillé les prochaines années.

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