Le Val-Suzon, en Côte-d'Or, devient la première réserve naturelle régionale à intégrer la liste verte de l'UICN, l'union internationale pour la conservation de la nature. Une récompense pour la gestion durable de cette zone boisée de 3000 hectares.
C'est un havre de verdure à quelques minutes de voiture de Dijon. Au nord de la cité des Ducs, le Val-Suzon s'étend 3000 hectares de forêt, entre pelouses sèches, falaises, marais... Cette aire préservée du tourisme et de l'urbanisation est devenue, en 2024, la première réserve naturelle régionale à intégrer la liste verte de l'UICN. Explications.
Qu'est-ce que la "liste verte" ?
"On connaît l'UICN pour sa "liste rouge" des espèces éteintes ou en danger critique", explique Marlène Treca, conservatrice de la réserve naturelle du Val-Suzon. "L'UICN a voulu créer un label qui prend le pendant vertueux de la liste rouge ; quelque chose davantage orienté vers le positif, une reconnaissance des aires protégées qui sont bien gérées."
En France, 23 autres sites naturels étaient déjà inscrits sur cette liste verte. On peut citer le parc national de la Guadeloupe, celui des Ecrins et celui des Pyrénées, le parc naturel régional des Vosges du Nord, le parc marin de la Côte bleue, la réserve naturelle nationale de Cerbère-Banyuls...
"Il y avait une cinquantaine de critères à remplir et à justifier", détaille Marlène Treca. Un rapporteur de l'UICN et un responsable des réserves naturelles de France sont venus sur place lors du processus d'inscription, observer le fonctionnement et les actions menées par la réserve.
"C'est une grande fierté pour la région Bourgogne-Franche-Comté, qui finance les réserves naturelles régionales à hauteur d'un million d'euros par an à peu près", sourit Marlène Treca. "Et une fierté à titre personnel, par rapport à toute l'énergie que je mets dans ce projet depuis 8 ans maintenant !"
À quoi va servir ce label pour le Val-Suzon ?
"Ce n'est pas tant le label qui est important, c'est surtout la démarche", explique la conservatrice de la réserve. "Nous sommes dans une démarche d'amélioration. L'inscription à cette liste permet d'avoir des échanges avec les autres sites labellisés, de nourrir notre réflexion."
Autrement, on reste en vase clos, on ne sait pas si on fait bien les choses. Cette reconnaissance va nous apporter de nouvelles idées, une ouverture sur les bonnes pratiques qui se font ailleurs.
Marlène Trecaconservatrice de la réserve naturelle régionale - forêt d'exception du Val Suzon
Marlène Treca, qui est presque la seule à travailler à temps plein toute l'année sur la réserve naturelle, espère ainsi pouvoir bénéficier de l'expertise des autres sites sur liste verte, et trouver de nouvelles idées pour garantir la pérennité de l'écosystème du Val-Suzon.
Y aura-t-il du changement pour les visiteurs ?
"Pour le public, ça ne va rien changer", assure la conservatrice. "Cette liste verte, c'est un peu un "truc d'initiés" ! Et dans tous les cas, on a toujours été vigilants sur la fréquentation du Val-Suzon."
Pour l’instant, c’est un site préservé et le niveau de fréquentation actuel n’a pas d’impact sur les lieux.
Marlène Trecaconservatrice de la réserve naturelle régionale - forêt d'exception du Val Suzon
Selon une étude de fréquentation réalisée par la réserve, 90 % des gens qui la fréquentent sont des locaux, dont 69 % originaires de Dijon Métropole. "Dans cette étude, on a notamment questionné les gens sur leurs attentes. La majorité souhaite qu’il y ait peu de fréquentation."
Le Val-Suzon aspire donc à préserver sa quiétude. D'ailleurs, il n'est pas particulièrement mis en avant par l'office de tourisme de Dijon, fait remarquer Marlène Treca. "On ne va pas chercher forcément à devenir un parc touristique : ce n’est pas la vocation. Mais on ne cherche pas non plus à dissuader les gens de venir ! Le Val-Suzon, avant d’être une réserve, a toujours été fréquenté."
Le Val-Suzon dispose de plusieurs chemins de randonnée, dont le sentier panoramique des "balcons du Suzon" - 20 kilomètres de part et d'autre de la vallée. Il est également traversé par le GR7 et par de plus petits sentiers familiaux.