Coronavirus Covid-19 : la vie continue sur les marchés en sursis de la Nièvre

Dans la Nièvre, de nombreux marchés restent ouverts en cette période de confinement malgré le décret gouvernemental, sur dérogation de la préfecture. Qu'ils soient couverts ou non, les précautions ont été renforcées pour respecter les distances minimales et éviter les contacts.

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"Vous pouvez y aller madame." A l'entrée du marché Carnot, à Nevers (Nièvre), un agent de la ville donne l'autorisation d'entrer à une dame qui patientait à l'extérieur avec son caddie. Une autre cliente vient de sortir, une place s'est donc libérée à l'intérieur.

"Nous autorisons vingt personnes en même temps au maximum sous les halles", précise celui qui fait office de videur improvisé devant les portes. Quelques client patientent au soleil en attendant leur tour, sans attroupement. "Les gens anticipent, ils se sont répartis naturellement sur la semaine."
 

Gel et marquage au sol


Sur la table à l'entrée, un distributeur de gel hydro-alcoolique est à disposition. Dans les allées, chacun avance à son rythme. Les files devant les étals sont clairsemées, disciplinées par les marquages au ruban adhésif orange sur le sol. Un trait tous les mètres minimum, en évitant de se croiser au milieu du passage.
 


"C'est fluide, les distances sont respectées, il y a un contrôle à l'entrée, se satisfait Véronique, panier au bras. Dans ces conditions je ne vois pas pourquoi ils interdiraient les marchés et pas les grandes surfaces. Pour moi qui habite pas très loin, c'est ce que j'ai de plus proche et cela me permet en même temps de soutenir les producteurs de la région."
 
 

Plus de précautions qu'en grande surface ?


Mickaël Ducrot vend des fruits et légumes de la Sologne voisine. Et il veille à ce que personne ne touche sa marchandise. "Je suis le seul à manipuler les produits. Je pense que sur le marché on fait encore plus attention qu'en grande surface, où les clients se servent eux-mêmes, remettent ce qu'ils ne veulent pas en rayon... Tout le monde a intérêt à respecter les règles, sinon nous savons bien que la dérogation sera retirée."

Les précautions rassurent également François. Lui vient en vitesse remplir ses grands sacs blancs. "J'ai commandé par téléphone, je passe juste donner les chèques et récupérer les produits. Et puis j'ai choisi de venir le vendredi, il y a toujours moins de monde que le samedi. C'est la seule fois que je viens de la semaine, j'essaye de faire le moins de sorties possibles."
 

"Certains viennent trois, quatre fois par semaine"


Tous ne sont pas aussi disciplinés. "Il y a des clients qu'on a dû rappeler à l'ordre, regrette Maëva Girard, fromagère depuis deux ans ici. On les voit trois, quatre fois par semaine. Souvent ce sont des gens âgés, seuls, c'est leur seule possibilité de sortie, ils ont du mal à s'en passer. C'est difficile, mais il faut qu'ils s'adaptent. On les incite à prendre un peu plus et à ne venir qu'une fois par semaine."

Quelques commerces ont préféré fermer le temps de la crise sanitaire. Elle, restera ouverte tant qu'elle le pourra, en renforçant les précautions. "Je me lave les mains entre chaque client, j'ai aussi du gel hydro-alcolique et des lingettes désinfectantes pour l'appareil à carte bleue, à chaque utilisation. Et je ne touche rien qui appartienne aux clients, que ce soit un sac ou une boîte."
 
 

Limiter les pertes


Quelques pas plus loin, les Grandjean sont barricadés derrière l'étal de leur charcuterie. Une muraille de protections en plexiglas posées sur la vitrine, et un écran de fortune en cellophane devant la caisse ont été ajoutés ces derniers jours.

"Les clients sont très compréhensifs et ici c'est bien organisé, se félicite Hervé Grandjean. C'est important pour nous de pouvoir rester ouverts. Mais même comme ça, nous risquons de ne pas pouvoir conserver tous les salariés à la préparation. Nous avons fait environ 50% de chiffre d'affaire en moins depuis la semaine dernière, et cela a encore diminué avec l'annonce de fermeture des marchés du Premier ministre."
 


Une nécessité que partage la fromagère. "Si on s'arrête, on n'a pas le droit à grand chose, regrette Maëva Girard. Il faut justifier de moins de 70% d'activité, mais comme début mars nous pouvions travailler, nous n'aurons rien ce mois-ci."

Et puis derrière les commerçants, c'est toute une filière qui s'accroche à ses débouchés. "Si on doit fermer, on est mal et nos producteurs aussi, s'inquiète Mickaël Ducrot. Les asperges par exemple commencent seulement, si on n'ouvre pas la saison est perdue. Et ce sera pareil pour la fraise dans quelques semaines. Avec des produits saisonniers, cela peut vite être la catastrophe pour les maraîchers."
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