Feux d'artifice du 14 juillet : la ville de Nevers accusée de "perturber intentionnellement des espèces protégées"

La municipalité de Nevers et l'artificier Ardi sont visés par une plainte de trois associations de défenseurs de la nature. Le feu d'artifice du 14 juillet 2023 aurait "perturbé intentionnellement des espèces protégées". Alors que l'évènement aura lieu aussi cette année au même endroit, les associations et Denis Thuriot, le maire, opposent leurs points de vue.

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► MISE À JOUR 16 JUILLET. Ajout de la réponse de la LPO à la suite des propos de Denis Thuriot.

Un an après la fête nationale de 2023 et deux jours avant le 14 juillet 2024, une plainte a été déposée par trois associations contre la commune de Nevers et Ardi, l'entreprise chargée de tirer le feu d'artifice. L'association nationale pour la biodiversité, l'association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et Global Earth Keeper accusent la municipalité et l'artificier de causer une "perturbation intentionnelle d'espèces protégées".

Les espèces en question, la sterne pierregarin et la sterne naines, deux oiseaux menacés qui vivent et nidifient sur l'île aux sternes juste devant le Pont de la Loire, d'où est tiré le spectacle pyrotechnique. L'année dernière, la ligue de la protection des oiseaux (LPO) avait tenté de faire déplacer l'évènement, sans succès.

"Qu'est-ce qu'il faut de plus ?"

Pierrot Pantel, chargé de mission juridique à l’Association nationale pour la biodiversité (ANB), bouillonne. Pour cet ingénieur écologue, "c'est inconcevable" que le feu d'artifice continue d'être tiré depuis la Pont de la Loire. 

"L'année dernière, il (Denis Thuriot) avait dit qu'il chercherait un autre endroit pour 2024", commence-t-il. "Il avait invoqué le manque de temps pour 2023, mais cette année, quelle est son excuse ? L'OFB (Office français de la biodiversité) et la LPO ont constaté que les oiseaux s'étaient envolés en paniquant au moment du tir de mortier, qu'est-ce qu'il faut de plus ?"

"L'année prochaine il ne le tirera pas là"

Le membre de l'ANB a déposé plainte avec deux autres associations le 12 juillet. Il espère que cette démarche aura "au moins un intérêt pédagogique". Mais il garde peu d'espoir avec cette méthode : "Je pense que Monsieur Thuriot a un totem d'immunité, ce n'est pas possible autrement. On n'est plus en 1980, comment est-ce qu'on peut laisser ce genre de chose arriver ? On arrive bien à verbaliser les bateaux qui vont voir les baleines, mais pas à faire cesser des tirs de mortier à proximité de nids d'espèces menacées dans une zone Natura 2000 et protégée par un arrêté préfectoral de protection de biotope (APPB). C'est inquiétant pour ceux qui ne sont pas autant protégés, ça veut dire qu'on ne peut rien faire."

Pierrot Pantel aurait "voulu empêcher lui-même" le feu d'artifice d'être tiré cette année, mais il n'a pas pu se déplacer pour des raisons familiales. "C'est la seule solution, on n'est pas pour les actions directes, mais quand il n'y a pas d'autres recours, c'est la seule solution. En tout cas, l'année prochaine, je peux vous dire qu'il ne le tirera pas là, on fera tout pour l'empêcher et faire appliquer la loi."

"Il n'y a pas d'autre endroit, j'ai cherché"

C'est agacé que Denis Turiot décroche le combiné. "Je commence à en avoir marre de cette histoire", lance-t-il. Le maire de Nevers (Renaissance) rejette les accusations portées par l'ANB : "Différents rapports ont prouvé que les oiseaux se sont envolés et sont revenus lors du feu d'artifice l'an dernier. J'ai l'accord de la LPO pour tirer ce feu d'artifice et d'ailleurs, eux n'ont pas porté plainte."

► MISE À JOUR 16 JUILLET : La Ligue de protection des oiseaux affirme à France 3 Bourgogne qu'elle n'a jamais donné son "accord", contrairement à ce que dit le maire de Nevers. "En aucun cas la LPO n’a donné l’accord pour tirer ce feu, bien au contraire !"

"D’avril à juillet, la LPO BFC n’a cessé de rappeler à Mr Thuriot la réglementation associée au Code de l’environnement (article L411-1) pour faire déplacer le feu d’artifice. Ainsi, en plus des échanges téléphoniques et réunions engagés, deux courriers recommandés ont été envoyés au Maire : un premier en date du 29 mai 2024 et un second le 11 juillet 2024 avec des chiffres actualisés attestant des nidifications en cours", précise l'association. 

Le premier édile explique qu'il "respecte beaucoup la nature" et qu'il a tenté de faire déplacer le feu d'artifice. "C'est impossible, soit c'est un problème de sécurité, notamment avec l'alerte attentat, soit c'est financier, mais il n'y a pas d'autre endroit qui correspond, j'ai cherché." Et il confirme qu'il ne le déplacera pas cette année, ni l'année suivante : "C'est un évènement qui est attendu et qui rassemble 40 000 personnes. On m'avait dit que même en le déplaçant de 200 mètres ça ne suffisait pas, je ne vais pas le faire tirer dans une autre ville. Je pense à la nature, mais je pense aussi aux habitants."

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