La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) voudrait déplacer le feu d'artifice du 14 juillet à Nevers. Trop près du lieu de nidification des sternes naines et pierregrain, l'évènement dérange ces espèces protégées. De là à le déplacer ? C'est non pour Denis Thuriot, le maire nivernais.
Le 14 juillet, les oiseaux de l'île aux sternes seront aux premières loges pour le fameux feu d'artifice de Nevers. Tiré depuis le Pont de Loire, le spectacle pyrotechnique pourrait déranger deux espèces protégées : la sterne pierregrain et la sterne naine.
C'est en tout cas ce qu'affirme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). L'association milite pour déplacer l'évènement 800 mètres plus loin, en amont de la Loire. De son côté, Denis Thuriot, le maire de Nevers (Renaissance), n'est pas de cet avis : le feu d'artifice partira du Pont de Loire.
L'an dernier "des nids ont été perdus"
Johann Pitois, délégué de la Ligue pour la protection des oiseaux, observe l'île aux sternes avec un œil inquiet. Si le feu d'artifice est maintenu sur le Pont de Loire, la LPO craint de voir deux colonies d'espèces protégées être mises en péril. La crainte n'est pas infondée, puisque l'an dernier l'association spécialisée en ornithologie avait observé plusieurs éléments inquiétants.
"Au moment où les lasers ont balayé l’île, toute la colonie s’est envolée et une partie des adultes ne sont pas revenus", se rappelle Johann Pitois, délégué général territorial de la LPO en Bourgogne-Franche-Comté, au micro de Sophie Hémar et Mélanie Leblanc. "On n’a aucune certitude sur ce qu’il pourrait se passer cette année, mais l’année dernière, il manquait des adultes et des nids ont été perdus."
Des risques cette année aussi
Avec respectivement 40 couples recensés pour la sterne pierregarin et 13 pour la sterne naine, de nombreux œufs sont en train d'être couvés. Au moment du feu d’artifice le 14 juillet, la plupart auront éclos. Les jeunes seront alors dépendants des adultes et la LPO se pose la question de l’impact que le spectacle peut avoir.
"C’est lié au bruit, on va avoir 20 minutes de tir, de lumière... ce sont des oiseaux diurnes qui peuvent rencontrer des obstacles en volant la nuit."
Johann Pitoisdélégué général territorial de la LPO BFC
"Le premier risque, c’est si des adultes couvent encore", commence Johann Pitois. "Il y a un risque d’abandon des œufs. Le deuxième risque c’est que les poussins sont très petits et ils peuvent se jeter à l’eau avec la panique provoquée par les feux d’artifice."
Une chose est sûre, avant et après l'évènement la LPO mènera des comptages en coordination avec l’Office français de la biodiversité, pour mesurer l'impact des feux d'artifice sur les oiseaux.
Denis Thuriot est optimiste
Denis Thuriot, maire (Renaissance) de Nevers, ne veut pas céder le Pont de Loire aux volatiles. Il estime avoir fait de son mieux pour améliorer les choses : "Je fais des efforts par rapport à l’année dernière. Il y a eu des cascades de feu, il y a eu un éclairage par des lasers que j’ai supprimé, parce que j’en ai pris conscience. J’essaye d’améliorer les choses tout en respectant la nature et les oiseaux."
"On est à trois semaines du feu d’artifice, c’est impossible de le modifier. Je fais tout ce que je peux pour essayer d’équilibrer les choses, mais je ne sacrifierai pas ce qui contente les gens."
Denis Thuriotmaire de Nevers
L'édile nivernais assure que 19 minutes de feu d’artifice en un an, ce n'est pas ce qui menace les oiseaux, mais plutôt "les crues et les faucons pèlerins". Il se veut optimiste quant à l'impact de l'évènement sur les colonies d'oiseaux : "Je ne les mets pas en danger. Qu’ils aient un peu de bruit et qu’ils s’en aillent... je pense que certains partiront un peu effrayés et reviendront. Ça a été le cas l’an passé."
De 15 000 à 40 000 personnes
Si Denis Thuriot tient autant au feu d'artifice, c'est que le spectacle pyrotechnique rassemble du monde, beaucoup de monde. Selon lui, de nombreux progrès ont été accomplis pour en arriver là. "Quand je suis arrivé c’était tiré sur un terrain sans grand intérêt avec 15 000 personnes", raconte-t-il. "Aujourd’hui on fait 35 000 à 40 000 personnes, donc c’est un outil d’attractivité."
Pour tenter de faire déplacer le feu d'artifice de 800 mètres, la LPO avait déposé un recours devant le tribunal administratif. Le référé a été rejeté ce mardi 20 juin. Pour Denis Thuriot, "c'est un indicateur" sur le fait qu'il ne fait pas les choses à l'encontre des dispositions réglementaires.
En revanche, avant cette demande de la Ligue pour la protection des oiseaux, l'édile avait déjà réfléchi à d'autres endroits pour tirer le feu d'artifice. La possibilité de voir les choses évoluer pour les années futures n'est donc pas à exclure.