Pourquoi il n’est plus possible d’accoucher dans la dernière maternité de la Nièvre

Depuis le lundi 11 avril, les femmes enceintes de Nevers ne peuvent plus accoucher à l’hôpital. La dernière maternité du département ferme ses portes pour une semaine minimum et transfère les jeunes accouchées vers d’autres départements. En cause : des sages-femmes épuisées en arrêt maladie.

C’est une nouvelle ahurissante qui est tombée hier, lundi 11 avril : la maternité du Centre Hospitalier de l’Agglomération de Nevers (CHAN), la dernière du département, ferme ses portes pour une semaine minimum.

Les femmes enceintes qui doivent accoucher dans les prochains jours à Nevers devront donc faire de nombreux kilomètres en voiture, pour être prises en charge dans les maternités des autres départements, comme à Dijon, Bourges, Auxerre, Moulins ou Montluçon.

C'est le cas de Laura Fontyn. Cette maman est arrivée cette après-midi à l'hôpital de Nevers, et a eu la mauvaise surprise de trouver la maternité fermée. Son accouchement est prévu dans la soirée.  « On apprend en arrivant à la maternité qu’il n’y a pas de maternité en fait. Donc c’est très stressant. On se demande comment ça va se dégoupiller tout ça et puis surtout ou est-ce que je vais être transféré ». 

Quinze jeunes mamans et leurs nourrissons qui se trouvaient encore à l’hôpital, ont elles aussi été transférées dans ces autres villes afin de terminer leur convalescence.

Pour autant les consultations d'urgence sont maintenues. D'après la direction les femmes enceintes doivent tout de même se présenter au CHAN . Un gynécologue déterminera sur place si l'état de la patiente lui permet d'être transférée. Si ce n'est pas le cas, l'équipe médicale prendra tout de même en charge la patiente, qui sera ensuite transférée avec son nourrisson vers une autre maternité. 

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Des sages-femmes en arrêt maladie

Une situation catastrophique, due «  à un nombre inhabituel d’arrêts-maladie des sages-femmes » explique la direction du CHAN dans un communiqué. Le service de la maternité de l’hôpital est en effet sous tension depuis plusieurs semaines. Quatorze sages-femmes sont aujourd'hui en arrêt maladie.

Elles se disent épuisées, en burn-out, en raison du manque de personnel explique David Bouchet, responsable CFDT à l'hôpital de Nevers : « Les sages-femmes sont en arrêt maladie pour épuisement professionnel, puisqu’elles sont peu nombreuses pour effectuer toutes les tâche qui leur sont confiées à la maternité et à la gynécologie. Malgré leur alerte depuis plusieurs mois, plus particulièrement depuis 15 jours, la situation s’est dégradée. Le travail physique s’est intensifié, mais aussi le travail psychologue, avec des responsabilités de plus en plus lourdes. » 

Depuis le 4 avril le nombre de sages-femmes en poste la journée a été réduit de moitié, soit deux praticiennes au lieu de quatre auparavant. La nuit, elles ne sont plus que deux au lieu de trois. Dans de telles conditions, difficile de prendre en charge correctement les patientes.

Pour Fanny Thibedore, sage-femme libérale qui exerce occasionnellement à l'hôpital de Nevers, ces conditions de travail ne permettent pas d'assurer la sécurité des patientes : « la salle de naissance, c’est un endroit où on gère des situations d’urgence. Si vous avez une dame qui part en césarienne en urgence, une dame qui fait une hémorragie, vous ne pouvez pas être sur les deux. Ça crée quand même des situations d’insécurité même si le travail est fait au mieux. » 

L'ARS lance un appel à la réserve sanitaire 

Ce mardi 12 avril 2022, une réunion est organisée vers 15 h avec tous les acteurs concernés : la direction de l'hôpital, l'ARS, le ministère de la Santé, et certaines sages-femmes.

Selon la députée de la Nièvre Perrine Goulet (LREM), qui s'est émue de la situation sur son compte Twitter, l'ARS lance un appel à la réserve sanitaire afin de mettre fin au plus vite à cette situation. 

Le Centre hospitalier de Nevers a déjà publié six postes à temps pleins d’Infirmiers en Maternité / Obstétrique pour tenter de remédier à cette situation. 

3 maternités fermées en 15 ans dans la Nièvre

Mais la situation n’est pas nouvelle. Le service de la maternité du CHAN est en crise depuis de nombreuses années. En cause : un personnel et des moyens en baisse face à des patientes de plus en plus nombreuses, victimes elles aussi du manque de moyens mis dans l’hôpital public. En effet depuis quatre ans, le CHAN de Nevers est le dernier hôpital du département à avoir une maternité.

En dix ans, la Nièvre a perdu trois maternités : la maternité de Clamecy a d’abord fermé en 2008, puis celle de Decize en 2010 et enfin la maternité de Cosne-sur-Loire en 2018.

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