Chaque année, les étudiants en 3e année de l'Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) de Nevers doivent réaliser un projet en groupe. L'ambition est de mettre sur pied un kart au moteur électrique.
Sur le circuit de Magny-Cours (Nièvre), des vrombissements. Un prototype monoplace fait ses essais sur l’asphalte. Il s'agit d'un kart-cross, c’est-à-dire un véhicule monoplace à quatre roues motrices, qui se conduit généralement sur des circuits de terre.
Ce modèle est le résultat d’un travail de plusieurs années. À l'Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) de Nevers, qui dépend de l’université Dijon-Bourgogne, chaque promotion reprend et améliore le prototype de leurs aînés. Concevoir un véhicule en un an, c'est même un travail noté. Cette année, 21 étudiants travailleront sur le projet.
Un kart 100% électrique
De la conception à la fabrication du kart cross, il n’y a qu’un pas…ou plutôt, plusieurs dizaines de kilomètres et d’essais. Enzo Tissot, étudiant à l'ISAT et chef de projet pour l’année 2022-2023, détaille : "Depuis trois ans, l’ambition est de finaliser un kart 100% électrique, en plus d’un modèle thermique – peut-être que nous arriverons à réaliser un modèle fonctionnel d’ici la fin de l’année." Chaque promotion bénéficie de financements ou de dons de matériaux de partenaires privés.
La fabrication d’un modèle électrique performant est un défi que relèvent les géants de l’industrie automobile, y compris ceux qui produisent des voitures de compétition. Le jeune homme l’affirme : "De plus en plus de constructeurs tentent de faire du 'tout électrique', on le voit bien avec la Formule E (ndlr : équivalent de la Formule 1 en électrique). Nous voulons arriver à réaliser des modèles électriques avec des performances similaires à la voiture thermique."
L'amour de l'automobile
A l’ISAT, on se croirait presque dans une entreprise… à l’exception près que tous les salariés auraient entre 20 et 21 ans. Chacun a son rôle défini, Enzo Tissot chapote le projet et cinq autres chefs gèrent les secteurs de fabrication, à savoir motopropulsion, électropropulsion, châssis, liaisons au sol et communication. Les futurs ingénieurs, dont la moitié suit une formation en apprentissage, se répartissent en fonction de leur domaine de compétence. Certains sont spécialisés dans la mécanique et ingénierie des transports, d’autres dans l’énergétique, la propulsion, l’électronique et l’environnement.
En sortie d'école, la plupart des étudiants trouve un travail dans le secteur automobile, côté civil, militaire ou sport automobile. Si chaque élève a ses ambitions, ses envies, tous ont en commun la passion des quatre-roues. Comme Enzo, qui tient cet amour de sa famille : "Mon grand-père collectionnait les voitures, et mon père en change aussi régulièrement. Dans la famille, on est tous passionnés."
Un kart en compétition
Alors, réaliser ses essais au pôle de Magny-Cours peut représenter "un rêve" pour certains élèves, fondus de sport automobile. Jusqu’en 2008, les pistes nivernaises accueillaient le Grand Prix de France de Formule 1. Les grandes écuries comme la Scuderia Ferrari, Mercedes Grand Prix ou alors Force India continuent cependant d’utiliser ce terrain de jeu pour essayer leur prototype. Certains soufflent même que Magny-Cours pourrait faire son retour en F1.
L’objectif de long terme est même d’emmener leur modèle en compétition pour un championnat de Kart Cross en catégorie électrique. "Mais c’est une ambition qu’avaient déjà les précédentes promotions, reprend Enzo. Si on arrive déjà à faire un modèle qui roule, on sera contents !"