Vous connaissez les bibliothèques, les médiathèques, parfois les ludothèques. Mais connaissez-vous l'artothèque ? À Nevers, la Maison de la Culture propose de venir emprunter une œuvre d'art pour trois mois. Chacun peut ainsi s'offrir à petit prix un original à exposer un temps chez soi.
Des peintures originales de Miro ou Kandinsky dans votre salon, une sculpture d'Alexander Calder dans votre cuisine, ou encore une photographie de Sam Lévin dans votre chambre, ça vous tente ?
Avis aux amateurs d'arts, ces rêves peuvent devenir réalité dans la Nièvre. Depuis deux ans, la Maison de la Culture de Nevers a lancé son artothèque, un service de prêt d'arts plastiques original. Ici, il est possible de louer pour une durée de trois mois (renouvelable une fois) 150 œuvres : peintures, sculptures, estampes, dessins, photographies... Et ce pour la somme de 20 euros par emprunt. L'abonnement à l'année coûte lui 10 euros.
Une trentaine d'abonnés
"On peut consulter notre catalogue d'œuvres sur notre site web, ou directement à la Maison de la culture sur une borne interactive récemment installée", explique Christophe Wootz, commissaire d'exposition des lieux, au micro de nos journalistes Rémy Chidaine et Sophie Hemar. "Puis le loueur vient chercher l'original ici, et peut le ramener chez soi".
Sur cette borne figure différents détails sur les œuvres choisies : dimensions, origines, valeurs, etc. Tout ça dans le but "d'augmenter encore plus la proximité entre les Nivernais et ces collections", reprend Christophe Wootz. "On fait en sorte qu'ils se les approprient, que ces peintures, ces photographies sortent du cadre parfois stricte de l'exposition au musée pour s'inviter dans les foyers".
On essaye d'avoir aussi bien des œuvres d'artistes connus, comme d'artistes locaux. Ce panachage fait aussi notre force en tant que lieu de culture de proximité. On s'efforce de faire connaître ce qui se fait prêt de chez nous.
Christophe Wootz,commissaire d'exposition à la Maison de la culture de Nevers
Un travail de "démocratisation" qui se lance doucement. Pour l'instant, l'artothèque compte une trentaine d'abonnés, dont Rose-Marie Gerbe. Dans son salon trône depuis septembre une photographie signée Jacques Martinengo.
"L'art est quelque chose qui m'intéresse, mais c'est vrai que je ne pourrais pas me payer ces originaux" concède la Nivernaise. "Là, je change tous les trois mois, j'alterne avec différentes œuvres. C'est très agréable, cela permet de réinventer son intérieur assez régulièrement".
La Maison de la culture prête également sa collection aux entreprises, aux associations ou aux institutions. C'est le cas de l'organisme Réussir, spécialisé dans l'insertion par l'activité économique.
"Depuis plusieurs jours, on a installé une peinture de Calder dans le hall d'entrée de notre bâtiment" indique Véronique Lorans, présidente de l'association. "On la remarque tout de suite. Cela permet de toucher nos clients et salariés, qui découvrent des choses qu'ils ne voient pas souvent. Et on amène une touche de culture dans nos parcours d'insertion".
Je ne connaissais pas Calder. C'est très enrichissant. Au niveau des couleurs, ça inspire, ça amène un peu de gaieté. Et cela change régulièrement. À chaque fois, en rentrant chez moi, je me renseigne sur les œuvres, les artistes.
Christophe Martinet,salarié de l'association Réussir, à Nevers
La Maison de la Culture espère encore développer son dispositif. "L'idée, c'est d'élargir notre collection", conclut Christophe Wootz, le commissaire d'exposition de la Maison de la culture de Nevers. "On aimerait augmenter les échanges et les prêts d'œuvres entre institutions, pour avoir des choix plus variés et attirer plus de personnes".