Le président du Conseil départemental de la Nièvre Alain Lassus (PS) a alerté mercredi dans une lettre au président Emmanuel Macron sur la "situation tragique" des mineurs étrangers non-accompagnés devenus majeurs qui n'obtiennent "plus, ou quasiment plus" de permis de séjour.
"Depuis quelques mois, quand ces jeunes arrivent à la période charnière du passage à la majorité, je constate qu'il n'y a plus, ou quasiment plus, de délivrance de permis de séjour", écrit M. Lassus, qui dénonce une "situation tragique" alors que "l'immense majorité de ces enfants est bien intégrée". L'élu annonce, dans ce courrier également envoyé à la presse, qu'il conditionnera "à partir du deuxième trimestre" la prise en charge de ces mineurs par l'Aide sociale à l'enfance de la Nièvre à l'engagement des services de l'Etat que ces enfants pourront rester dans la Nièvre une fois majeurs.
"On me demande de prendre en charge les enfants. Vous connaissez tous les risques qu'ils ont pris pour arriver chez nous et ils savent maintenant qu'à leur majorité ils auront 90% de risques d'être reconduits quelque part ou de retourner à la clandestinité", dénonce-t-il. "Je ne peux pas être le tuteur de jeunes (...) qui savent qu'ils retourneront à l'enfer dont nous avons pu les épargner quelques courtes années mais qu'ils n'ont jamais oublié", poursuit l'élu.
Selon les chiffres du département, sur 23 jeunes étrangers ayant atteint la majorité en 2019, 18 se sont vus notifier une Obligation de quitter le territoire français (OQTF), 4 sont en attente et un seul a été autorisé à rester en France. "La Nièvre compte 207.000 habitants. Elle est en déprise démographique et ne ressent absolument pas cette idée +de grand remplacement+ qui alimente les colères et les haines", fait valoir Alain Lassus.
Fin 2018, plus de 40.000 mineurs étrangers non-accompagnés (MNA), des jeunes hommes à 95%, étaient pris en charge par les départements, pour un coût de 2 milliards d'euros, selon un document transmis par l'Assemblée des départements de France, qui souligne que ce chiffre a triplé entre 2016 et 2018. "Les Départements prennent en charge les mineurs étrangers jusqu'à leur majorité et souvent au-delà: environ 8.000 contrats ont été signés avec des jeunes majeurs (ex-MNA) au cours de l'année 2018", précise ce document.