En France, 775 refuges, pour moitié indépendants, recueillent les animaux abandonnés ou maltraités. Certains d'entre eux se consacrent aux animaux de ferme. C'est le cas du Domaine des Douages, dans la Nièvre, qui recherche désespérément des fonds pour poursuivre sa mission.
Le domaine des Douages, à Chantenay-Saint-Imbert dans la Nièvre, ressemble à première vue à n'importe quelle ferme. Pourtant, ce n'est pas une exploitation, mais bien un refuge.
Ici, pas de chien ni de chat mais des pensionnaires plus imposants. "Il y a des vaches, des cochons, des poulets, des chèvres, des moutons, des chevaux. Tout ce qui est animaux de ferme", précise Dominique Mauer, qui est à la tête du domaine depuis 2009.
"Il y a des saisies, des abandons, ils nous sont envoyés par d'autres fondations. Comme pour un chien, il y a un tas de raisons qui font que les animaux terminent ici."
800 animaux sur une centaine d'hectares
Aux Douages, il n'y a pas d'adoption. Les animaux recueillis termineront leur vie sur le domaine. Au total, près de 800 bêtes se partagent un terrain d'une centaine d'hectares.
Dominique Mauer fait vivre le sanctuaire depuis 2009 avec un salarié. Entretenir une telle ménagerie est un défi logistique et financier quotidien. "Il faut 100 tonnes de foin et une trentaine de tonnes de paille par hiver. Trois tonnes et demi de granulés tous les quinze jours ou trois semaines en hiver. Des frais vétérinaires de 2 000 euros par mois. C'est assez phénoménal", détaille-t-elle.
Mais le refuge ne vit que grâce aux dons, très aléatoires. Il ne touche aucune subvention ou aide publique, malgré les sollicitations.
"Il n'y a rien, parce que je ne suis pas légalement une association qui accueille des chiens ou des chats. Je ne suis pas éleveuse non plus. Donc je n'ai le droit à rien, regrette la responsable du domaine qui souhaiterait que sa structure unique en son genre soit mieux soutenue.
Financement difficile
Pourtant, depuis quelques années, la question de la maltraitance des animaux d'élevage fait souvent l'actualité. Les images choc et les sauvetages médiatisés se multiplient, sans que l'avenir des animaux pris en charge ne soit réellement prévu.
En Bourgogne-Franche-Comté, un million d'euros a bien été dédié aux associations de protection animale dans le cadre du plan de relance. Mais cet argent ne vise que les chiens, les chats et les chevaux.
Un flou dans la législation autour des refuges pour animaux de ferme et de leur financement que déplorent les militants.
"Les associations sont subventionnées au bon vouloir des maires, des communautés de communes, des départements ou des régions, précise Nicolas Biscaye, le président de l'association Ethics for Animals. Beaucoup de ces associations prennent en charge des animaux qui sont issus de réquisitions judiciaires par exemple. C'est vrai qu'aujourd'hui, l'État n'accompagne pas forcément ces associations alors qu'il fait appel à ces associations dans le cadre des réquisitions en question."
En début d'année, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi qui doit durcir les sanctions en cas de maltraitance. Mais pour le reste, il y a peu de changement à attendre pour les animaux de ferme.
Appel à la générosité
Sous la pression des lobbys, les députés ont dû se résoudre à un texte moins ambitieux pour avoir une chance d'avancer. "La proposition de loi contre la maltraitance n'aborde pas la question des animaux de production, des animaux de rente. C'est ainsi, je le regrette", indique Loïc Dombreval, député LREM et rapporteur de la proposition de loi.
"Il nous a semblé qu'il était aujourd'hui trop tôt pour mettre en débat ces questions qui sont des questions extrêmement compliquées à gérer et qui génèrent dans les assemblées du Sénat et de l'Assemblée nationale des débats extrêmement violents qui ne permettent pas de faire aboutir la loi", poursuit-il.
En attendant une évolution, le domaine des Douages multiplie les démarches et les cagnottes pour récolter des fonds. Dominique Mauer recherche des mécènes ou des sponsors, qui apporteraient plus de sérénité. Sans cela, le refuge est menacé, tout comme l'avenir de ses 800 animaux.