Queues coupées à vif, coups de tournevis, dents arrachées à la tenaille, l'association de défense animale L214 accuse un élevage de porcs de l'Yonne de maltraitance. Le collectif s'appuie sur des images tournées par un ancien employé du site. Les vidéos sont publiées ce jeudi 19 août.
Les images sont particulièrement choquantes. Ce jeudi 19 août, l’association de défense des animaux L214 publie une vidéo dans laquelle elle accuse un élevage d'Annay-sur-Serein dans l’Yonne de manquements sévères et de maltraitance. On y voit des porcs et des truies subir des coups de tournevis, des employés supposés de l’établissement couper les queues des animaux à vif et leurs dents à la tenaille ainsi que des cadavres laissés à l’abandon et dévorés par les asticots.
La vidéo de l'association L214 est disponible ci-dessous.
Grégory, un ancien employé de l’élevage, a enregistré les images avec son téléphone pour dénoncer le traitement infligé aux bêtes. Il affirme avoir alerté successivement ses responsables puis son directeur d'établissement. N'ayant reçu aucune réponse, il a décidé de transmettre ses vidéos à L214 et de porter plainte contre la structure pour laquelle il a travaillé 2 ans et 2 mois avant de démissionner. "Suite aux maltraitances, j'en ai eu marre. J'ai pété un câble. Ca me faisait mal au cœur de les voir hurler. C'était insupportable de voir ça", raconte l'homme de 37 ans.
Un lanceur d’alerte à visage découvert
"Il a fait toutes les démarches en interne pour dénoncer les actions de l’élevage. Mais il a eu l’impression que rien ne se passait", raconte Sébastien Arsac, directeur des enquêtes et porte-parole de L214.
Dans la vidéo publiée par le collectif de défense de la cause animale, le lanceur d’alerte parle à visage découvert, un fait rarissime. C’est seulement la seconde fois qu’un informateur de L214 ne souhaite pas conserver son anonymat. "Il a souffert lui-même de ce qui s’est passé. Beaucoup de choses l’ont choqué dans le traitement des animaux en lui-même", décrit le porte-parole de l'association.
L'ancien employé du site raconte notamment avoir été victime d'angoisse et de stress qui l'ont conduit à une dépression. "Je faisais des cauchemars la nuit. Je ne mangeais plus le soir. Ça n'allait vraiment plus. J'ai été obligé d'aller voir un psychologue. Et mon médecin traitant m'a dit d'aller voir un psychiatre. Donc j'ai été suivi", décrit-il dans la vidéo diffusée ce jeudi par L214.
Ce que je voudrais, c’est que le responsable ne travaille plus dans ce domaine-là et qu’il ferme la porcherie complètement parce que ça continuera tout le temps.
L'élevage incriminé est la porcherie des Tremblats II, qui se situe sur la commune d’Annay-sur-Serein à proximité d’Auxerre. La structure élève 1 800 truies et travaille pour le groupe Provent-SDRP, basé en Savoie. Contacté ce jeudi 19 août à de multiples reprises, le site des Tremblats n'a pas répondu à nos appels.
Une plainte déposée pour "sévices graves"
Ce mercredi 17 août, L214 a envoyé une plainte au procureur de la République d’Auxerre pour "sévices graves". Le collectif demande notamment l’inspection de l’élevage, une mise aux normes des conditions de traitement des animaux et des sanctions pour les infractions supposées. Une pétition est également disponible en ligne et réclame une intervention des services de l’État.
La préfecture de l'Yonne fait savoir ce jeudi 18 août qu'une inspection "inopinée" a été organisée au sein de l'établissement le 1er juin dernier. Les services vétérinaires de santé protection animales et environnement de l'Yonne se sont rendus sur place à la suite du signalement de Grégory à la gendarmerie de Tonnerre. "Deux inspecteurs se sont rendus dans l’exploitation pour contrôler les conditions d’élevage. Des non-conformités ont été relevées. Ces constats ont fait l'objet d'une mise en demeure de l'exploitant", indique la préfecture dans un communiqué.
Une autre visite sera prochainement menée afin de vérifier la mise en conformité du site. Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture a également réagi à ces révélations et "condamne fermement des pratiques inacceptables relayées par ces images". Dans son communiqué, il rappelle alors que "la lutte contre la maltraitance animale reste plus que jamais un sujet prioritaire du Gouvernement".
Dans son enquête, L214 dénonce par ailleurs la coupe à vif des queues ou le claquage des porcelets. Cette dernière pratique consiste à tuer les nouveau-nés estimés moins rentables en les pendant par leurs pattes et en leur frappant violemment la tête au sol. Le geste serait censé provoquer leur mort rapidement mais le lanceur d’alerte affirme avoir vu des porcelets agoniser plusieurs heures après avoir subi cette opération. "Tous les jours, les petits porcelés étaient claqués. Il y en avait plus de 15 par jour", se souvient Grégory.
L214 a également publié la vidéo ci-dessous montrant la coupe des queues à vif de plusieurs porcelets.
Si la castration à vif des porcelets sera interdite à partir du 1er janvier 2022, le collectif de défense animale demande au gouvernement à ce que la coupe des queues à vif et le claquage des porcelets soient également punis par la loi.