"Quand on moissonne, on ne les voit pas" : c'est la saison des naissances chez le busard cendré, rapace méconnu et protégé

Le début de l'été marque la période des moissons. Mais les champs de céréales sont aussi le lieu de nidification du busard cendré. Peu visibles, les nids peuvent être détruits par les moissonneuses avec les petits à l'intérieur. La LPO se mobilise donc pour les détecter et les protéger.

Nous sommes à Suilly-la-Tour, près de Cosne-Cours-sur-Loire dans la Nièvre. Au milieu d'un champ de blé, un couple de busards cendré a fait son nid. Protégés par une palissade de paille : deux poussins, éclos il y a une quinzaine de jours.

Repérés par drone

"C'est un nid qu'on a repéré avec un drone, et à partir du moment où les jeunes sont nés, on a posé cette cage autour", explique Johann Pitois, délégué général de la Ligue de protection des oiseaux dans la Nièvre. 

La LPO du département assure le suivi du busard cendré, un rapace de petite taille, un peu plus gros qu'un faucon, et dont le mâle se distingue par sa couleur grise. Les jeunes rapaces sont capturés, le temps d'une visite de contrôle. "On pose une bague, on prend des mesures biométriques, on vérifie le sexe de l'oiseau..."

Dans la Nièvre, la LPO a identifié 12 nids et 39 oisillons en cette saison 2024, "ce qui en fait une bonne année pour l'espèce", précise Johann Pitois.

Dans les champs, "on ne peut pas les voir"

Les oisillons sont ensuite remis à l'abris dans leur nid. La palissade de paille les protège des prédateurs, car le busard cendré est une espèce qui niche au sol. Mais surtout, la cage signale l'emplacement à l'agriculteur... car les jeunes busards ne savent pas encore voler, et la moisson approche.

"Sans ça, on ne peut pas les voir. C'est trop petit, et quand on moissonne, les nids ne se voient pas", confirme Grégory Poursin, agriculteur sur une autre parcelle protégée avec l'aide de la LPO.

Chez les busards cendrés, les mâles s'envolent au bout d'environ 30 jours, et 35 jours pour les femelles. Mais avec le réchauffement climatique, les moissons sont de plus en plus précoces et arrivent avant que les poussins n'aient pu prendre leur envol. Conséquence : la population de busards cendrés a diminué de près d'un tiers en France ces 20 dernières années.

Sans ce travail de conservation, "on n'aurait quasiment plus de busards en France"

Cela rend le travail de préservation de l'espèce d'autant plus nécessaire, selon Johann Pitois. "Si on n'avait pas protégé les nichées de busards depuis les années 80, et le basculement de l'espèce dans les années 70 dans le milieu céréalier lié au manque de zones humides, on n'aurait quasiment plus de busards en France."

Et les agriculteurs aussi y trouvent leur compte. "C'est important parce que ça permet aussi d'éliminer tous les campagnols qui mangent les cultures", note Grégory Poursin. "Et les busards font aussi partie de la biodiversité !"

► Avec Rémy Chidaine et Sophie Hémar

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