La police judiciaire a mené des perquisitions à l'Institut européen des sciences humaines (IESH), un institut français de formation d'imams situé à Saint-Léger-de-Fougeret (Nièvre), dans le cadre d'une enquête sur la non-déclaration de financements en provenance de l'étranger.
► AJOUT 17H30 : Réaction du doyen de l'institut.
Ce mercredi 4 décembre, la police judiciaire a mené des perquisitions à l'Institut européen des sciences humaines (IESH), le premier institut français dédié à la formation d'imams. Il est situé à Saint-Léger-de-Fougeret, une commune de 200 habitants du Morvan.
Une enquête a été ouverte à la suite d'un signalement l'an dernier par article 40 du code de procédure pénale, qui oblige tout fonctionnaire qui constate une infraction à en faire part au procureur.
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Selon une source proche du dossier, citée par l'AFP, elle porte sur des soupçons de blanchiment, d'abus de confiance ainsi que de non-respect de l'obligation de déclaration de financements étrangers, et principalement venant du Qatar. Nos confrères de Radio France précisent que les financements concernés atteindraient les 300 000 euros.
Une enquête qui débute
La procureure de la République de Nevers, Anne Lehaître, nous confirme ces informations. Elle n'a pour autant pas donné plus d'informations, indiquant simplement que l'enquête "débute" concernant "des infractions financières qui rentrent dans la catégorie du blanchiment" et que "l'opération de perquisition a été fructueuse".
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Le député Rassemblement National de cette circonscription, Julien Guibert, a demandé dans un post Facebook à ce que "cette école des imams de la sphère frériste soit fermée".
La réponse de l'institut : "quelqu'un qui nous veut du mal"
Interrogé par l'AFP, le doyen de l'institut, Larabi Becheri, assure que "rien n'a été découvert" par la centaine d'agents venus perquisitionner, qui ont emmené des ordinateurs et copié des disques durs.
Il n'y a rien de fondé. Depuis la loi de 2021, on n'a eu aucun don de l'étranger. Le dernier, du Qatar, date de 2018, et il est déclaré
Larabi Becheridoyen de l'institut
Le doyen indique que l'institut, qui compte 260 étudiants, se finance à 80-85% par des cotisations, le reste étant fourni par des dons de particuliers.
Selon lui, la perquisition fait suite à "un signalement de quelqu'un qui nous veut du mal". Les enquêteurs ont par ailleurs saisi de l'argent liquide qui se trouvait dans le coffre fort de l'IESH, l'institut n'ayant pas de compte bancaire car "les banques ne veulent pas travailler avec nous, même celles qui sont désignées par la Banque de France".
L'IESH a été fondée en 1990 par l’Union des organisations islamiques de France, devenue les Musulmans de France, une association qui gravite dans l'orbite de la confrérie islamiste des Frères musulmans. Elle forme, entre autres, des imams "à la française", une idée d'abord retenue par François Mitterand puis reprise par Emmanuel Macron. "On forme des imams à la française pour éviter le radicalisme", appuie Larabi Becheri ce 4 décembre, assurant que l'institut est indépendant.
► Pour en savoir plus : notre entretien avec Larabi Becheri,doyen de l'IESH, réalisé en 2020.