PHOTOS : "10 ans que j'espérais voir un lynx et je n'aurais jamais imaginé le voir d'aussi près !"

Le 31 août 2021 restera à jamais gravé dans la mémoire de Jean-Philippe Chavey, photographe amateur. La découverte d'un chevreuil mort dans un champ du Jura suisse était le signe d'une prédation d'un lynx. Quelques heures de patience ont permis à ce passionné d'immortaliser cette rencontre si rare.

Pour ce Bisontin de 56 ans, parcourir la nature pour l'observer dans toute sa beauté est une véritable passion. Professeur d'informatique, sa carrière l'a amené vers Sainte-Croix dans le Jura vaudois. Depuis 2012, il ne se passe pas une journée sans qu'il n'arpente les sentiers à proximité de sa maison pour y rencontrer les renards, hermines, chevreuils et chamois qu'il se réjouit de photographier.

Un indice qui ne trompe pas 

Pendant 10 ans, Jean-Philippe Chavey a toujours espéré voir le lynx : "Dès que j’entendais qu’il n'était vu pas très loin, je m’y rendais, je furetais. J’avais trouvé ses traces, parfois entendu son cri, mais jamais de rencontre" confie le photographe.

En cette fin de mois d'août, des amis lui annoncent qu'ils ont aperçu un lynx rôder autour de leur maison en lisière de forêt. Le photographe se rend immédiatement sur les lieux. Après une bonne heure à sillonner le site, il découvre un chevreuil mort dans une pâture. L'attaque serait-elle celle d'un lynx qui se nourrit principalement de cervidés et de chamois ? Un piège photographique est discrètement dissimulé afin d'avoir des réponses sans déranger l'animal. 

Une trentaine de clichés d'un lynx venant se nourrir sont enregistrés par le piège photographique. Mais la proie n'a pas fait que le bonheur du félin jurassien. "J'ai plus de 500 photos de renards qui sont venus se nourrir sur la proie. Ils s'en sont donné à coeur joie !" Le lynx, très méfiant vient souvent se nourrir en plusieurs fois et n'hésite pas à cacher ses proies. 

 

Une rencontre inoubliable 

 

Le lendemain soir, un coup de fil de ses amis prévient le photographe. Le lynx est là, devant leur maison ! Ils le voient de leur fenêtre attendre que la lumière tombe pour retourner se nourrir. Arrivé sur place, Jean-Philippe n'en revient pas. Il est là, face à lui à quelques mètres. Seule une vitre les sépare. Un bonheur indescriptible...

Il ne semble pas nous craindre, mais réagit un peu plus aux cris des enfants d’une colonie de l’autre côté. Je fais quelques photos, dont celle-ci. Ça me semble presque incroyable qu’il soit là, si près, même pas affolé.

Jean-Philippe Chavey, Photographe naturaliste

Cependant, malgré ce moment magique, le photographe éprouve le besoin de le voir de ses yeux sans cette vitre. Il veut sentir son aura et être, au moins une fois, à son contact dans la nature. Il fait alors le tour de la maison pour se placer à l'opposé de la fenêtre. Il ne veut surtout pas le déranger et se cache à bonne distance.

La nuit tombe et le photographe quitte la place au moment où le lynx rejoint le bois. Il reviendra sans aucun doute durant la nuit pour profiter de son repas.

 

Le piège photographique, un atout pour ne pas déranger l'animal 

 

Jean-Philippe Chavey utilise souvent les pièges photographiques. Ils sont des éléments indispensables au repérage, mais surtout, ils permettent une observation en toute discrétion et sans dérangement du félin. L'appareil ne se déclenche que lorsqu'un animal passe dans son radar, et ceci jour et nuit. 


Le lendemain, le photographe découvre une carcasse bien entamée. Le lynx est revenu dès la nuit tombée pour poursuivre son repas.  

Mais la vraie surprise, Jean-Philippe la découvre sur son piège lorsqu'il voit les clichés étonnants en plein jour du lynx avec sa proie. 

La faim a fait sortir le lynx au grand jour. C'est plutôt rare, car le félin, emblème du massif jurassien préfère la discrétion du crépuscule.

Pour éviter de se faire repérer, il saisit sa proie pour la cacher dans un endroit plus discret. Le prédateur a pour habitude de les enfouir sous des feuilles ou dans la neige afin de s'en servir comme d'un garde-manger, afin d'y revenir plusieurs fois.

On estime à environ 150 individus, la population de lynx dans le massif jurassien. Victimes de collisions routières et de braconnage, la population de lynx reste fragile. Récemment, la Chambre d'Agriculture de Bourgogne-Franche-Comté a créé une vaste polémique en demandant l'abattage de lynx à proximité des exploitations agricoles. Mais le félin est avant tout un régulateur très important de la faune sauvage et chasse en très grande majorité, des chevreuils et des chamois à raison d'un toutes les semaines en moyenne.

 

Une passion pour la photographie naturaliste

 

En 2012, lorsque ses enfants ont quitté le nid familial, Jean-Philippe a commencé sa découverte de la nature. "Je me suis mis à me promener tôt le matin, dans la région de Sainte-Croix (1050m d’altitude dans le Jura suisse) avant le travail, d’abord sans appareil photo. Mais j’ai rencontré tant d’animaux (renardeaux, hermines, chevreuils, chamois…) que j’ai rapidement pris un appareil, puis un deuxième… et la photo animalière et nature est devenue une jolie passion". 

Le massif jurassien reste suffisamment sauvage pour espérer y croiser au détour d'une prairie ou d'un sentier, un animal tel que le renard. Malgré son qualificatif de "nuisible", il reste un véritable atout en évitant les pullulations des rongeurs et la propagation trop rapide de la maladie de Lyme.

Mais le photographe aime aussi mettre en lumiere de beaux paysages. Alors lorsqu'en, photo il arrive à réunir les deux, pour lui c'est le graal.

La photographie a été le moyen pour lui d'acquérir une meilleure connaissance en ornithologie. Mésanges, chardonnerets, mais aussi les rapaces qu'il affectionne comme ce magnifique faucon crécerelle.

Maintenant, qu'il a rencontré ce lynx, le photographe franco-suisse rêve d'autres rencontres avec le félin jurassien : "Pourquoi ne pas rêver d'une femelle avec ses petits ou bien d'un lynx qui passerait devant la lune..." Tous les rêves ne sont pas faits pour être exaucé, mais ils entretiennent l'envie et la passion.

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