Ses clichés des plus belles grottes de la région font le tour du monde. Rendre beau le monde froid et humide des entrailles de la terre lui a fait gagner de prestigieux concours internationaux de photographie. Immersion en images dans ce monde inconnu qui se trouve sous nos pieds.
Un voyage au centre de la terre
Avec Romain Venot, c'est un voyage immédiat vers le centre de la terre. Le jeune spéléologue franc-comtois a décidé d'en faire une scène de théâtre toute en lumière.
Loin du froid, de la boue et de l'obscurité, chaque photographie est un spectacle mis en scène en compagnie de ses camarades d'exploration. Ce monde des ténèbres éclairé habituellement à la lueur d'une petite flamme prend alors une toute autre dimension, et devient une cathédrale de roches.
Le spéléologue de 37 ans pratique sa passion depuis dix ans. Il s'est d'abord formé aux techniques de progression qui se rapprochent de celles de l'alpinisme. Après cinq années à descendre régulièrement sous terre, Romain embarque avec ses cordes et mousquetons, et un appareil photo. "J'avais envie de ramener un souvenir de ces lieux magiques que je découvrais avec mes camarades. Il y a énormément de petites grottes magnifiques dont on a aucune photo. J'ai perfectionné ma technique au fil des ans, et aujourd'hui mes photos sont récompensées dans le concours le plus prestigieux, le spéleofotografia en Slovaquie. Ce fut une grande surprise pour moi" nous explique Romain.
Dans la nuit, le froid et l'humidité
La difficulté pour Romain Venot est de transporter son équipement photographique et ses 8 flashes Cobra. En effet, il doit pouvoir se glisser dans les passages les plus étroits. Il y a ensuite tout un travail de préparation et de mise en scène avec son modèle. "Pour la photo qui a eu le Grand Prix en Slovaquie, Michael est suspendu sur la vire dans la grande grotte du Lançot à Consolation-Maisonnettes (25). Un peu plus loin derrière lui, un puits de 17 mètres mène dans une immense salle qui alimente la grande cascade du Lançot, emblèmatique du cirque de Consolation".
Romain ne fait jamais une photo sans mettre en scène un modèle, car c'est lui qui va donner la dimension d'une cavité et créer une atmosphère surréaliste grâce aux jeux de lumières. Mais tout cela n'est pas sans contraintes. "Les conditions de prises de vues sont souvent difficiles. Parfois, je vais mettre en place une installation alors que nous sommes dans une grotte depuis huit heures. Il y a le froid, l'humidité, la fatigue et je tiens vraiment à rendre hommage à mes amis spéléologues qui se prêtent au jeu". Régulièrement, ses amis le charrient en lui répondant qui leur vend du rêve, car dans la réalité, ce n'est pas aussi joli ! Mais ils se prêtent toujours avec plaisir à ses mises en scène, dit-il.
Garder une trace visuelle des cavités de Franche-Comté
Le spéléologue franc-comtois ne se considère pas comme un artiste, mais comme un explorateur. "Les prix et les retours que je peux avoir sur Facebook et Instagram me font plaisir. Mais ma démarche est avant tout celle d'un documentariste. Le but est avant tout d'alimenter une base de données de toutes les cavités de Franche-Comté. Il y a beaucoup de grottes sans aucune photo alors c'est important de ramener des clichés, alors autant que ses souvenirs soient beaux à regarder, et cela donnera peut-être envie à des jeunes de se lancer" nous explique Romain.Nous entrons dans la rivière souterraine du Moulin de Vermondans, à Plaimbois-Vennes (Doubs). Une centaine de mètres de progression nous amène à une première voûte mouillante. Nous y poussons notre canot gonflable contenant le matériel. Derrière ces passages bas et dans lesquels nous devons nager, des belles galeries humides, façonnées par l'eau et ses coups de gouge.
Romain Venot va continuer ses explorations des cavités de Franche-Comté, en espérant trouver de nouvelles galeries propices à la photographie.