Les responsables de la filière ovine et bovine en Saône-et-Loire se sont réunis ce vendredi 5 mars à Palinges, afin de déterminer un plan d'action et d'indemnisation. Un loup solitaire avait causé d'importants dégâts dans les troupeaux en juillet dernier dans le Charolais.
En juillet dernier, un loup solitaire avait massacré une centaine de moutons dans le Charolais en Saône-et-Loire. Les responsables de la filière ovine estiment que les coûts liés à l'indemnisation, la mise en place des filets de protection et de surveillance des cheptels dépassent plusieurs centaines de milliers d'euros.
Les parlementaires au chevet des éleveurs
La présence du loup l'an dernier a traumatisé l'ensemble des éleveurs du Charolais. Trois parlementaires du Département de Saône-et-Loire sont venus rencontrer ce vendredi 5 mars les agriculteurs pour essayer de trouver des solutions à cette cohabitation problématique.
L'enjeu de cette réunion serait d'obtenir une zone d'exclusion du loup de ces territoires, afin de pourvoir effectuer des tirs de prélèvement dès la première attaque.
Les éleveurs sont inquiets en cette période, comme le précise Pascal Chaponneau, président de l'Organisme de Sélection Mouton Charollais et éleveur à Uxeau : « On est à la veille de lâcher tous les petits agneaux qui sont nés cet hiver, on y a passé un temps fou, on n'a pas du temps l'intention de les voir se faire dévorer par le loup, c'est hors de question. »
Trois parlementaires étaient invités ce jour à rencontrer les éleveurs : Marie Mercier, sénatrice de Saône-et-Loire (LR), Fabien Genet, sénateur de Saône-et-Loire (LR) et Josiane Corneloup, députée de la 2e circonscription de Saône-et-Loire (LR).
En 2020, le loup a tué 148 bêtes dans le Charolais. Mais après plusieurs mois de mobilisation, les pouvoirs publics ont autorisé le prélèvement du prédateur. Les professionnels ne veulent plus revivre un été meurtrier. Ils ont expliqué aux Parlementaires l'impossibilité de protéger leur troupeau : déclôturer les bêtes des filets tous les soirs ou les mettre en bâtiment "demande un travail monstre" selon Damien Douard, éleveur à Uxeau.
Des éleveurs en souffrance
Face à l'énumération des problèmes rencontrés par les éleveurs, et des souffrances psychologiques rencontrées par leur entourage, Marie Mercier, sénatrice LR de Saône-et-Loire reconnaît la difficulté de la situation : « C'est vraiment une profession qui est en souffrance. Et je crois qu'à un moment, il va falloir choisir avec bon sens. C'est-à-dire que le loup, c'est un prédateur et on ne pourra pas avoir à la fois des loups et des éleveurs »
Fabien Genet, sénateur de Saône-et-Loire (LR), voit une difficulté à protéger les troupeaux du prédateur : « Avec le modèle que nous avons, avec les paysages auxquels nous sommes attachés, nous voulions d'ailleurs les faire classer à l'Unesco, ces paysages typiques de bocage. Et bien cela ne permet pas d'installer des défenses qui permettrait de tolérer le loup ici en Saône-et-Loire »
La solution : créer des zones d'exclusion
Parmi les solutions envisagées, faire reconnaître par les pouvoirs publics des territoires non-protégeables.
Ces zones autoriseraient des tirs de prélèvement, dès les premières attaques.
Josiane Corneloup, députée LR de Saône-et-Loire, en arrive à la conclusion suivante : "Lorsque nous avons vu qu'il y avait un couloir de colonisation [...] de Saint Romain-sous-Gourdon à Champlessis [...], nous nous étions dit qu'il serait judicieux de déclarer non-protégeable ce couloir, si c'est vraiment un lieu où se situe davantage le loup."
Le prédateur serait déjà de retour en Saône-et-Loire. Les éleveurs espèrent que le "plan loup" sera entièrement revu, le plus vite possible.
Le reportage d'Alexandre Baudrand et Anthony Borlot
Intervenants :
- Pascal Chaponneau, président de l'Organisme de Sélection Mouton Charollais, éleveur à Uxeau
- Damien Douard, éleveur à Uxeau
- Marie Mercier, sénatrice de Saône-et-Loire (LR)
- Fabien Genet, sénateur de Sâone-et-Loire (LR)
- Josiane Corneloup, députée de la 2e circonscription de Saône-et-Loire (LR)