Saône-et-Loire : pourquoi le loup peut être abattu

La ministre de la Transition écologique vient d'autoriser un tir de prélèvement sur le loup, auteur de nombreuses attaques en Saône-et-Loire depuis le 25 juin. Dans quelles conditions le loup, espèce protégée, peut-il être abattu ? On vous explique. 

Le gouvernement a donné son feu vert : le loup de Saône-et-Loire peut être chassé. "L'ensemble des mesures d'effarouchement, qui n'ont pas été suffisantes, nous ont amenés à autoriser un tir de prélèvement pour ce loup. Ces tirs sont possibles en dernier recours, mais c'est le cas ici", a déclaré la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Une réponse apportée à la députée LR du Charolais-Brionnais qui se faisait porte-parole de l'exaspération des éleveurs du territoire, mardi 6 octobre à l'Assemblée nationale.
 



Déjà repérée en 2019 au nord d'Autun, la présence du loup a été confirmée en Saône-et-Loire en juillet, après quasiment un siècle d'absence. Et le prédateur sévit dans les élevages : 109 ovins charollais ont été tués et une cinquantaine blessés depuis le 25 juin.


Tirer, sous quelles conditions ?


Comme le rappelle la ministre, depuis 1993 le loup est "une espèce protégée et doit le rester". En principe, il est donc interdit de le tuer. Mais il est possible d'y déroger, dans un cadre très réglementé, "dès lors qu'il attaque des troupeaux", explique Jean-Paul Celet, préfet référent pour la mise en oeuvre du plan loup et pastoralisme. 

En plus des mesures d'effarouchement (l'installation des signaux lumineux, sonores, ou tir non létaux), et si l'élevage dispose de mesures de protection (filet ou clôture électrique), un éleveur peut demander une autorisation de tirs de défense, c'est-à-dire un tir létal effectué à l'intérieur du pâturage ou à proximité. L'objectif étant d'empêcher une attaque immédiate. Si le tir de défense est "simple", il ne peut y avoir qu'un seul tireur par lot d'animaux. S'il est dit "renforcé", cela signifie qu'il peut y avoir plusieurs tireurs, dans la limite de 10 personnes.

Cette autorisation a d'ailleurs été accordée à un éleveur de Saône-et-Loire, dont le troupeau a été attaqué à deux reprises. La mesure est jugée insuffisante pour certains éleveurs qui manifestaient leur colère vendredi dernier en déposant les carcasses de brebis devant la préfecture. 
 
Lorsque la situation ne permet pas un tir de défense individuel, le préfet peut organiser une opération collective, menée par un groupe de chasseurs. Il s'agit alors d'un tir de prélèvement.
Les modalités de tir sont ainsi graduées en fonction de l’importance et de la récurrence des dommages subis sur les troupeaux.

"Les tirs de prélèvements sont exceptionnels. La Saône-et-Loire ne connaissait pas la prédation loup et l'a découverte ces trois derniers mois de façon brutale. Ici, contrairement aux Alpes-Maritimes par exemple, ce sont des petites parcelles avec des techniques de tirs peu adaptées. Donc dans ce cas, on emploie toutes les techniques qui nous semble efficaces pour régler la question de ce loup en dispersion qui attaque beaucoup", développe Jean-Paul Celet. 

Des chasseurs et louvetiers sont donc autorisés à traquer ce loup, pour une durée du quinze jours dans un périmètre défini par le préfet de Saône-et-Loire. 
  

85 loups abattus depuis janvier 2020


Le nombre de "destruction de loups", selon le terme officiel, est plafonné chaque année. En 2020, il ne peut pas dépasser 90 destructions. Selon le dernier bilan en date du 5 octobre, 85 loups ont été abattus depuis le début de l'année en France, dont 5 hors protocole.  La destruction ou tentative de destruction d'un loup en dehors du cadre légal est punie de deux ans d'emprisonnement et de 150 000 € d'amende.

D'autres individus ont été repérés dans la région, comme dans la Nièvre où l'espèce est réappue en 2017, puis plus récemment dans le Tonnerois, dans l'Yonne. L'Office français de la biodiversité dénombre aujourd'hui près de 550 loups, sur l'ensemble du territoire français. 

 
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