Le palais de justice de Besançon et celui de Dijon ouvrent leurs portes au public mardi 29 juin. Les justiciables sont invités à pousser la porte du tribunal pour découvrir son fonctionnement, ses enjeux et comprendre l'importance de lui accorder davantage de moyens.
"On l'a laissé sortir alors qu'il a commis un crime", "elle avait porté plainte à plusieurs reprises, mais la justice n'a rien fait", "jugé irresponsable il est ressorti libre", ces dernières années, les mises en cause de l'institution judiciaire se multiplient. "Ces remarques sont pour nous insupportables, intolérables car c'est le produit d'un manque de moyens manifeste de la justice en France", explique le bâtonnier de Besançon Maître Mikael Le Denmat.
Un appel national de 9 syndicats et organismes de magistrats
Si chaque citoyen a une opinion sur le fonctionnement des services judiciaires, combien sont-ils à avoir déjà poussé la porte d'un tribunal ? Pourtant tous sont potentiellement concernés par la justice dans leurs droits et leur vie quotidienne. Dix syndicats et organisations représentatives de magistrats, avocats et fonctionnaires de greffe ont donc appelé à une journée "Portes Ouvertes" dans les tribunaux le 29 juin. Une première en France. "Loin des idées reçues et des jugements à l’emporte-pièce, nous souhaitons
collectivement donner à voir le fonctionnement de la Justice, afin que chacun s’informe directement".
Tous les justiciables qui désirent comprendre le fonctionnement du monde judiciaire, ses enjeux et échanger avec ses acteurs sont donc invités à pousser les portes de leur palais de justice. L'événement est national mais dans notre région seuls les tribunaux de Besançon et Dijon sont concernés. "Nous constatons le fossé entre nos diagnostics sur les mesures qu’il conviendrait de prendre afin de rendre une justice de qualité, respectueuse des droits des parties et de la défense, dans des délais raisonnables, et les réformes qui s’accumulent, sans cohérence, imposant des réorganisations continuelles que les juridictions ne sont plus en mesure d’absorber", détaille le communiqué.
Renouer le lien avec les citoyens
A l'ère de google et des réseaux sociaux, le temps de la justice n'est pas toujours en adéquation avec les besoins parfois instantanés du citoyen."Le droit est distant de la morale, il faut construire l'analyse juridique et cela prend du temps, plusieurs mois au moins", explique Me Le Denmat et d'ajouter "une décision de justice doit être le produit de la raison tandis que les réseaux sociaux relèvent de la passion". L'objectif central de ces portes ouvertes est donc d'expliquer et rétablir le lien entre justice et citoyen.
La justice française dernière de la classe européenne au niveau du budget par habitant
La justice française est à la traîne au niveau européen au regard notamment de son budget par habitant. Il est parmi les derniers de la classe européenne, selon le dernier rapport 2020 du CEPEJ (Conseil de l'Europe Commission européenne pour l’efficacité de la justice). La France consacre 69,50 euros par habitant à la justice, quand l’Allemagne investit 131,20 euros. Le nombre de fonctionnaires de greffe, de juges et de procureurs est également parmi les plus bas au sein du Conseil de l’Europe. "Les fonctionnaires de greffe croulent sous les piles de dossiers, leurs vacances de postes ne sont que rarement comblées. Ils sont pourtant garants de la procédure et des droits des citoyens" expose le communiqué des syndicats.
Comment participer ?
A Besançon, les personnes intéressées devront se présenter à l’entrée du palais de justice à 9h50 ou à 13h50 mardi 29 juin. L’accueil se fera uniquement à ces horaires et dans la limite des places disponibles. Deux groupes de 20 personnes maximum pourront être accueillis entre 10h à 11h30 pour le premier et de 14h à 15h30 pour le second.
A Dijon, deux points de consultations juridiques sont organisés par le Barreau dans l’enceinte du tribunal de 9 heures à 12 heures.