Pourquoi les médecins sont-ils en grève ?

4 syndicats de médecins ont appelé à un arrêt des soins depuis samedi. Les praticiens bourguignons ont rejoint le mouvement, qui doit durer jusqu'à mardi, où le projet de loi santé doit être voté au Sénat. Ce lundi 5 octobre, les médecins ont bloqué les routes pour protester contre la loi santé. 


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Renseignez-vous si vous avez rendez-vous, bon nombre de cabinets sont fermés depuis samedi 3 octobre en Bourgogne. En Saône-et-Loire, la coordination MST 71 avait annoncé 90 % de fermetures de cabinets pour ces lundi et mardi 5 et 6 octobre 2015. Les coordinations les plus virulentes devaient bloquer des axes routiers. C'est chose faite : ce lundi après-midi, de nombreux médecins généralistes, spécialistes et d'autres professionnels de santé ont bloqué le rond-point de Droux à Lux (Saône-et-Loire) et celui de Cortelin à Saint-Rémy (Côte-d'Or) pour protester contre la loi santé. 70 à 90 % des cabinets de Saône-et-Loire ont fait porte close ce lundi 5 octobre 2015.

Le mouvement doit se prolonger jusqu'à mardi 6 octobre, où le texte doit être adopté par le Sénat, dans une version très modifiée par rapport à celle de la ministre.

 


Pourquoi cette grève ?


C'est dans le cadre des élections professionnelles des médecins libéraux, qui se tiennent jusqu'au 12 octobre que ce mouvement de grève a débuté. Les objets du courroux des praticiens sont multiples, du tiers payant généralisé contenu dans le projet de loi de Marisol Touraine à l'absence de hausse de tarifs depuis 2011.  C'est MG France, le premier syndicat de généralistes, qui a incité en premier lieu les médecins à fermer leur cabinet pour réclamer une hausse du tarif de leur consultation de deux euros, pour le porter à 25 euros, et protester contre le tiers payant généralisé.

Un vaste mouvement de grève des médecins avait été déclenché lors des fêtes de fin d'année en 2014 pour protester contre le projet de loi porté par la ministre de la Santé Marisol Touraine. Plusieurs syndicats ont décidé de repartir à l'attaque contre le texte qui a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 14 avril 2015 et qui est examiné par le Sénat depuis le 14 septembre.

La Fédération des médecins de France (FMF), l'Union française pour une médecine libre (UFML), le Syndicat des médecins libéraux (SML) et le Bloc, qui représente les médecins spécialistes, avaient menacé de " mener des actions de septembre à décembre jusqu'à obtenir le retrait de la loi " de modernisation de la Santé.

Ces organisations ont appelé à un arrêt complet de leur activité à compter de samedi 3 octobre si le gouvernement maintient cette loi. Les médecins de Saône-et-Loire ont rejoint le mouvement ce samedi, leurs collègues de Côte-d'Or les ont rejoint ce lundi 5 octobre.

Ces mouvements spontanés sont un classique des périodes de tension dans le corps médical. Le premier a été lancé par les infirmières en 1988. Les médecins ont repris l'idée l'année suivante. Un succès. Face à la mobilisation, l'Assurance-maladie avait dû remiser son projet de maîtrise des dépenses de santé. Même chose en 1991 et en 2002. 










Le secret médical est-il directement menacé ?


Les médecins libéraux rejettent la loi de modernisation de la santé. Le texte compte 57 articles, dont un sur la généralisation du tiers payant.

Cette loi constitue " une attaque historique contre la déontologie médicale ", selon Jérôme Marty, président de l'UFML. Pour lui, le texte " institue l'étatisation et la financiarisation de la médecine. Le secret médical est directement menacé, car il existe un risque de commercialisation des données du patient ".

Pour Patrick Guenebeaud, porte-parole de la coordination des médecins généralistes des Hautes-Pyrénées, " le tiers-payant généralisé fonctionnera avec le dossier médical partagé, qui sera aux mains de l'Assurance maladie. Or, l'article 47 de la loi indique qu'il sera " partagé avec l'ensemble des acteurs professionnels de santé et non-professionnels de santé " intervenant directement dans la prise en charge du patient. Cela ouvre la porte à la levée du secret médical et à la commercialisation des données du patient. Cela assujettira les médecins aux Agences régionales de santé et aux mutuelles, qui seront payés par elles ", a-t-il martelé.




Va-t-on vers une augmentation des frais de santé?


Enfin, tous s'accordent pour voir le tiers payant généralisé comme un cheval de Troie vers une augmentation des frais de santé : " Le tiers payant généralisé sera financé par l'augmentation des cotisations d'assurance-maladie et des complémentaires de santé ", prévient Jérôme Marty.

Un reportage de Michel Gillot et Jean-Louis Saintain. Intervenants : Jacques Darley, Syndicat MG France ;


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