L’épidémie de Covid-19 a provoqué un choc inouï, dont l’économie française va mettre du temps à se rétablir. A l’heure où le gouvernement prépare un plan de relance pour la rentrée, 140 parlementaires de la majorité demandent un "plan Marshall" pour les forêts et la filière bois.
"Si le monde d'après crise ne doit pas être tout à fait celui d'avant, il devra décarboner rapidement son économie" : c’est ainsi que débute la tribune signée par 140 députés, sénateurs et eurodéputés de La République en Marche et du Modem.
Le texte, qui a été publié dimanche 7 juin 2020, explique pourquoi "le bois et ses usages doivent être un des piliers du futur plan de relance" attendu pour le mois de septembre.
"On veut que, dans le plan de relance, on n’oublie pas le bois" - Rémy Rebeyrotte, député LREM de la 3e circonscription de Saône-et-Loire et co-président du groupe d'études "forêt, bois, nouveaux usages et industrie du bois" de l'Assemblée nationale.
"C’est un matériau qui a l’avantage d’être un capteur de carbone, ce qui est très important sur le plan écologique. Sa transformation est un outil de développement économique des territoires. Le bois est aussi très chaleureux et agréable à vivre."
On peut l'utiliser dans de nombreux domaines : la construction bien sûr, mais aussi le papier, le mobilier, la décoration, l'énergie, la chimie, la santé...
Bref, la forêt et les acteurs de la filière bois sont "des éléments essentiels contre le changement climatique et pour le développement d’une économie durable et circulaire dans nos territoires", résume l’élu de Bourgogne, qui est à l’origine du texte en compagnie de Vincent Thiebaut, député du Bas-Rhin.
Pourquoi faut-il mettre en place de nouvelles stratégies ?
"On souhaite un soutien pour régénérer les forêts. Il faut le faire avec le souci de gérer plusieurs crises : il y a la crise climatique et les sécheresses successives, ainsi que la crise du scolyte. Il faut aller vers une gestion de la forêt plus adaptée aux réalités climatiques. Il faut réfléchir à une autre politique de peuplement et d’essences et l’axer davantage vers la biodiversité.
Pour cela, il faut avoir une politique de massifs et pas forcément une politique régionale au sens classique du terme : par exemple, une partie du massif des Vosges est en Bourgogne-Franche-Comté et une autre partie est dans le Grand Est. "
Compte tenu de la crise climatique et de la crise sanitaire du scolyte, on est obligé de repenser nos stratégies. Cela concerne notamment la Bourgogne-Franche-Comté qui se retrouve avec plusieurs massifs à gérer : le massif Central, le Morvan, le massif jurassien, le massif vosgien - Rémy Rebeyrotte, député LREM de Saône-et-Loire.
"Une fois que l’on aura un plan de massifs, il faudrait que ce plan s’impose aussi bien aux forêts publiques qu’aux forêts privées. Il faut rapprocher la gestion du terrrain et des territoires, replanter, valoriser le bois … On est dans une approche à la fois plus écologique, plus proche du terrain et économique. "
Qu'apporterait la nomination d’un Haut-Commissaire auprès du Premier ministre ?
Pour cela, "il faut que l’Etat se dote d’une véritable politique en matière forestière et d’industrie du bois. Il faut que les politiques se réemparent des enjeux de la forêt et du développement du matériau bois", estime Rémy Rebeyrotte.
"On attend la nomination d’une personne au niveau de l’exécutif : un secrétaire d’Etat, un Haut-Commissaire ou un délégué interministériel… En tous cas, une personne qui prenne en main la question de la forêt et de la filière bois en France. "
Pour le moment, cette tribune a été signée par la majorité parlementaire. Déjà, "arriver à rassembler 140 députés et sénateurs dans un temps assez court, ce n’est pas un petit travail. Il fallait que ce texte soit publié assez vite, car le plan de relance se prépare et il ne faut pas que le bois soit oublié." Parmi les premiers signataires, on trouve notamment le sénateur LREM de Côte-d’Or François Patriat ou encore les députés LREM de Côte-d’Or Didier Paris et Fadila Khattabi.
Mais, "les autres parlementaires peuvent tout à fait se joindre à nous", ajoute Rémy Rebeyrotte. "D’ailleurs, je travaille par exemple au quotidien avec Anne-Catherine Loisier, sénatrice centriste de Côte-d’Or et présidente du groupe d'études Forêt et filière bois au Sénat. On a fait un colloque en commun en novembre 2019 qui a commencé à l’Assemblée nationale et qui s’est terminé au Sénat. "
Pourquoi le modèle allemand est-il intéressant ?
"A l'Assemblée nationale, notamment au sein du groupe d’étude "Forêt - bois, nouveaux usages et industrie du bois", au Sénat comme au Parlement européen, après de nombreuses rencontres avec les acteurs de la filière, des auditions et des déplacements, nous sommes convaincus de la nécessité d’un "plan Marshall" pour soutenir l’amont et développer l’aval; un plan créateur d’emplois dans la gestion durable de la forêt et son exploitation, dans la première transformation du bois et dans la deuxième transformation ; construction, mobilier, etc. : autant d'emplois pérennes et ancrés dans nos territoires", rappellent l'ensemble des signataires de la tribune.
"Ce plan doit être conséquent, à l’instar de celui de l’Allemagne, qui a décidé un plan de soutien et d’investissement sans commune mesure en 2019 : à titre de comparaison, la France, c’est 16 millions d’hectares de bois pour 440 000 emplois, contre 11 millions d’hectares et près d’un million d’emplois outre-Rhin.
Il y a eu de nombreux rapports et études réalisés, les propositions, les recommandations et les mesures attendues sont connues, exprimées et présentées ; elles convergent dans leurs conclusions et seront reprises dans le prochain rapport commandé par le Premier Ministre. Le temps de l’action est venu !", ajoutent les parlementaires de la majorité présidentielle.
Qui sont les parlementaires qui demandent un "Plan Marshall" des forêts et de la filière bois ?
Rémy REBEYROTTE - Vincent THIEBAUT - Anne-Laure CATTELOT - Sophie METTE - François PATRIAT - Adrien MORENAS - Alain PEREA - Alexandra LOUIS - Alice THOUROT - Aude AMADOU - Aurore BERGE - Barbara POMPILI - Béatrice PIRON - Bénédicte PEYROL - Bérangère ABBA - Bérangère COUILLARD - Bertrand BOUYX - Bertrand SORRE - Bruno QUESTEL - Bruno STUDER - Carole BUREAU-BONNARD - Caroline JANVIER - Catherine KAMOWSKI - Catherine OSSON - Christophe AREND - Christophe BLANCHET -Christophe LEJEUNE - Damien PICHEREAU - Danièle HERIN - Danielle BRULEBOIS - Didier PARIS - Elisabeth TOUTUT-PICARD - Fabien GOUTTEFARDE - Fabien MATRAS - Fadila KHATTABI - François CORMIER-BOULIGEON - François DE RUGY - Frédéric DESCROZAILLE - Frédérique LARDET - Guillaume VUILLETET - Hélène ZANNIER - Hervé PELLOIS - Huguette TIEGNA - Jacqueline DUBOIS - Jean TERLIER - Jean-Baptiste MOREAU - Jean-Charles COLAS-ROY - Jean-Claude LECLABART - Jean-Luc FUGIT - Jean-Marc ZULESI - Jean-Michel FAUVERGUE - Jean-Michel MIS - Joël GIRAUD - Julien BOROWCZYK - Laurence GAYTE - Laurence MAILLART-MEHAIGNERIE - Laurianne ROSSI - Liliana TANGUY - Lionel CAUSSE - Loïc DOMBREVAL - Ludovic MENDES - Marie-Christine VERDIER-JOUCLAS - Marion LENNE - Marjolaine MEYNIER-MILLEFERT - Martine LEGUILLE-BALLOY - Michèle PEYRON - Mireille CLAPOT - Mireille ROBERT - Monique LIMON - Nadia HAI - Nicolas DEMOULIN - Nicole LE PEIH - Olivier DAMAISIN - Pascal LAVERGNE - Philippe CHALUMEAU - Pierre VENTEAU - Sacha HOULIE - Sandra MARSAUD - Sandrine LE FEUR - Sereine MAUBORGNE - Séverine GIPSON - Sophie PANONACLE - Souad ZITOUNI - Stéphane BUCHOU - Stéphane MAZARS - Stéphane TESTE - Stéphanie KERBARH - Stéphanie RIST - Sylvie CHARRIERE - Thierry MICHELS - Véronique RIOTTON - Yaël BRAUN-PIVET - Yannick HAURY - Yves DANIEL - Zivka PARK - Bruno MILLIENNE - Jean-Pierre CUBERTAFON - Stéphane BAUDU - Philippe BERTA - Nicolas TURQUOIS -
Laurent GARCIA - Patrick LOISEAU - Sarah El HAIRY - Bruno FUCHS - Jean-Luc LAGLEIZE - Jean-Noel BARROT - Mohamed LAQUILA - Nadia ESSAYAN - Erwan BALANANT - Aude LUQUET - Jimmy PAHUN - Florence LASSERRE - Josy POUEYTO - Cyrille ISSAC-SIBILLE - Marguerite DEPREZ-AUDEBERT - Brahin HAMMOUCHE
Nathalie LOISEAU - Stéphanie YON-COURTIN - Irène TOLLERET - Catherine CHABAUD - Laurence FARRENG - Sandro GOZZI - Marie-Pierre VEDRENNE - Christophe GRUDLER - Sylvie BRUNET - Ilana CICUREL - Chrysoula ZACHAROPOULOU - Valérie HAYER - Fabienne KELLER - Stéphane BIJOUX - Bernard BUIS - Didier RAMBAUD - Patricia SCHILLINGER - Claude HAUT - Thani MOHAMED SOILIHI - Agnès CONSTANT - Noëlle RAUSCENT - Bernard CAZEAU - Alain RICHARD - Martin LEVRIER
Quel est le poids de la forêt et du bois en Bourgogne-Franche-Comté ?
Les forêts de Bourgogne-Franche-Comté représentent 1 728 000 hectares, soit 36 % du territoire de la région.
Ces forêts sont très diverses : chênes, hêtres, sapins, douglas, peupliers, épicéas, charmes, frênes… La majorité des forêts de la région (72,5 %) sont uniquement composées de feuillus. 12,3 % sont uniquement composées de résineux et 15,2 % sont mixtes.
La forêt est majoritairement privée (à hauteur de 60 %). Néanmoins, les forêts publiques sont majoritaires dans le Doubs, le Jura et la Haute-Saône, et représentent près de la moitié des forêts en Côte-d’Or et dans le territoire de Belfort.
Source : Contrat forêt-bois Bourgogne-Franche-Comté 2017-2027
La filière forêt-bois emploie environ 23 000 personnes en Bourgogne-Franche-Comté.