L'artiste Pascal Bejeannin a fait de son art un plaidoyer contre le réchauffement climatique et la sauvegarde des espèces menacées. Après avoir emmené son ours polaire au Groenland, il expose un gorille en acier au musée des maisons comtoises. En 2021, ce sera le départ pour la forêt équatoriale.
Des gerbes d'étincelles illuminent l'atelier du sculpteur de Champagnole. Pascal Bejeannin apporte les dernières retouches à son œuvre intitulée Maghan Mui. C'est un gorille à taille réelle de 110 kg en acier recyclé. Nous avions pu assister aux ultimes finitions avant que la scultpture ne soit exposée mi-mars 2020 au festival "Les Rendez-vous de l'Aventure" de Lons-le-Saunier. Cet été, le gorille est de passage, jusqu'au 15 septembre au musée des maisons comtoises de Nancray dans le Doubs, à l'occasion de l'exposition "Regards d'artistes".
Le gorille est exposé au Musée des Maisons Comtoises de Nancray.
Ardent défenseur de la planète, le sculpteur Pascal Bejeannin continue son combat contre le réchauffement climatique et la préservation de la faune sauvage.
En 2021, ce gorille "dos argenté" à la robe d'acier ira rejoindre ses congénères dans un parc naturel du Gabon. Une expédition va être organisée à partir du Port-Gentil au Gabon afin d'emmener Maghan Mui sur les hauts plateaux recouvert de brume. L'œuvre y sera déposée comme un symbole au milieu des groupes de gorilles que les autorités tentent de préserver.
"J'ai exposé dans de nombreuses galeries à travers le monde, cette galerie naturelle sera exceptionnellement belle. Ce n'est pas mon gorille qui sera l'œuvre d'art, mais la planète" nous explique l'artiste.
Les performances artistiques de Pascal Bejeannin ne se limitent pas à l'oeuvre en elle-même. L'œuvre n'a d'intérêt qu'au travers de la mise en place d'une expédition visant à amener la pièce sur son territoire d'origine. "Mon gorille n'a pas vocation à être dans un musée. Il doit être avant tout le symbole in-situ d'une planète qui va mal et qui se doit de réagir face aux changements climatiques et à la destruction de la faune sauvage. L'œuvre va permettre d'alerter, mais surtout d'aller à la rencontre des populations locales qui seront forcement très intriguées par notre démarche. Imaginez la réaction de la population gabonaise voyant des Français venir déposer un gorille en fer, symbole de leur forêt équatoriale. Forcément, les rencontres seront d'une grande richesse avec la population. Ce sera une aventure dans l'aventure et nous en ferons un documentaire afin de mettre en lumière aussi la parole des gens que nous rencontrerons..."
Après des années de lutte face au braconnage des gorilles des montagnes, les premiers signes encourageants apparaissent enfin. Grâce à la création de parcs naturels, on compterait désormais environ 1000 individus. Ce chiffre marque une légère augmentation des effectifs. C'est très encourageant, car l'espèce est considérée en danger critique d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Préserver cette nature, c'est aussi faire vivre une économie locale grâce aux touristes qui sont prêts à dépenser de fortes sommes afin de pouvoir observer les derniers gorilles d'Afrique.
L'artiste va ensuite faire voyager son gorille au travers des forêts d'Afrique équatoriale et recueillir ainsi la parole des populations locales.
Pascal Bejeannin n'en est pas à sa première expédition artistique. En 2019, l'artiste jurassien avait emmené son ours polaire Atsunaï Kammak, rejoindre son habitat naturel au Groenland. La sculpture métallique qui vient de passer une année face à la banquise est un cri d'alarme contre à la fonte des glaces liée au réchauffement climatique et aux menaces qui pèsent sur la survie de l'ours polaire.
L'expédition a été l'occasion de nombreuses rencontres avec la population locale qui seront prochainement relatées dans un documentaire.
Le sculpteur travaillera ensuite sur la réalisation d'une tortue luth qui sera déposée dans les Iles Galapagos et d'un huemul, une espece de cerf vivant dans la Cordillère des Andes.