Entre 300 et 500 Bourguignons et Francs-Comtois s'engagent dans la bataille pour la présidentielle 2022 en devenant bénévoles pour faire connaître les principes de la "Primaire populaire". Un processus pour désigner un candidat portant un projet "écologique, social et démocratique".
C'est un jour de fête. Il fait beau, les vélos et les bâtons de marche sont de sortie. Ils ont été nombreux à répondre à l'invitation des communautés de communes et des départements du Doubs et la Haute-Saône pour participer au vaste projet Slow Up organisé ce week-end entre Villersexel et Rougemont. Outre les 35 km de routes sans voitures, de nombreux stands ont planté leurs tentes dans les bourgs qui longent la rivière L'ognon.
A Rougemont, l'un d'eux affiche ses convictions pour une société en marche vers la transition écologique. C'est le stand du collectif "Bouge tes chênes". Un regroupement créé juste avant le premier confinement pour "développer toutes les initiatives qui favorisent la transition écologique". A côté des tasses et autre vaiselles destinées à être données ou échangées, des affiches présentent ce projet encore peu connu de "Primaire populaire". Jeanne Caudron-Lora est justement là pour faire connaître cette initiative. Médecin urgentiste à la retraite et conseillère municipale à Villersexel, elle a décidé de s'engager pour cette campagne présidentielle :
C'est notre dernier recours si on arrive pas à présenter un candidat qui va se pencher sur l'exigence écologique, sociale et démocratique.
Jeanne Caudron-Lora fait partie de ce collectif "Bouge tes chênes" qui rayonne autour du village de Cubrial. Avec les autres membres, ils se sont lancés dans l'aventure un brin utopique de cette "Primaire populaire". "Les utopies d'aujourd'hui seront la réalité de demain" estime la militante associative.
Le principe de cette "Primaire populaire" a séduit le collectif qui regroupe une dizaine de membres, la plupart retraités. Des anciens cadres ou membres de l'Education nationale. En France à la mi-septembre, plus de 2800 personnes se sont inscrites sur le site de la "Primaire populaire" pour participer à la diffusion de cette initiative. Des adolescents, des retraités, pour Nicolas Bourdeaud, chargé des relations avec les bénévoles, ce projet est "intergénérationel". "Il y a beaucoup de néo militants qui commencent à se dire que c'est le dernier mandat présidentiel pour le climat, ils veulent tout faire pour éviter le duel Macron-Le Pen. Ils ont envie de voter pour des idées et une personne qu'ils ont choisie, pas par défaut".
"De pote à pote"
Les initiateurs de cette "Primaire populaire" sont partie des idées, des propositions, issues des "revendications de la société civile" exprimées lors de la Convention citoyenne pour le climat ou des revendications d'une partie des gilets jaunes. Dix propositions, un "socle commun" ont émergées de toutes ces idées pour un projet "écologique, social et démocratique" . Restait à trouver une personnalité pour les incarner. Chaque citoyen peut proposer un homme ou une femme. C'est ce qu'on appelle le "parrainage". Fatalement, ce sont, pour la plupart, des hommes et des femmes politiques engagés dans des partis qui émergent.
A un mois de la clôture des parrainages citoyens pour désigner un candidat commun à gauche pour la présidentielle, la "Primaire populaire" a déjà enregistré 83.000 inscrits samedi, plaçant pour l'instant Christiane Taubira et François Ruffin en tête, a indiqué l'association le 12 septembre à Marseille.
Etre parrainé avant d'être candidat
La clôture des parrainages est prévue le 11 octobre, date à laquelle seront alors connus les cinq femmes et cinq hommes pré-sélectionnés par les citoyens inscrits sur la plateforme sécurisée Neovote "pour faire gagner l'écologie et la justice sociale en 2022", a expliqué Samuel Grzybowsi, porte-parole de cette "Primaire populaire", à l'occasion du lancement de la vidéo officielle du mouvement.
Les citoyens inscrits voteront ensuite parmi ces dix candidats, entre les 9 et 12 décembre, afin de désigner un potentiel candidat unique des forces de gauche pour l'élection présidentielle 2022. L'objectif d'avoir un nombre d'inscrits le plus élevés possible le 11 octobre, pour peser sur les partis et les candidats en lice.
Deux mois après l'ouverture de ces parrainages citoyens, ce sont donc l'ancienne ministre de la Justice sous la présidence Hollande et le "député reporter" Insoumis qui mènent la danse, devant plusieurs des candidats déclarés à la présidentielle: Sandrine Rousseau (2e), Anne Hidalgo (4e) et Delphine Batho (5e) côté femmes, Eric Piolle (4e), Jean-Luc Mélenchon (5e) et Yannick Jadot (6e) côté hommes.
Sandrine Rousseau et Eric Piolle ont annoncé qu'ils y participeraient s'ils remportaient la primaire des écologistes. Jean-Luc Mélenchon a pour l'instant refusé de s'y engager.Les autres candidats potentiels parrainés par les citoyens sont pour l'heure Clémentine Autain (3e), proche de Mélenchon, d'un côté, l'économiste Gaël Giraud (2e) et l'Eurodéputé Pierre Larrouturou (3e), chantre de la semaine de quatre jours, de l'autre. Pierre Larrouturou, fondateur de Nouvelle Donne, est le seul pour l'instant s'être porté candidat à la présidentielle via cette "primaire populaire".
Des idées avant toute chose
C'est justement les idées de Pierre Larrouturou qui ont donné envie à Jeanne Caudron-Lora de diffuser les informations sur cette "Primaire populaire". Un engagement partagé avec d'autres membres du collectif "Bouge tes chênes". Fernand Coton, conseiller municipal à Cubrial et ancien membre actif du mouvement des Colibris de Pierre Rabhi, milite lui aussi pour ce parrainage.
Sur le site de Nouvelle Donne, le député européen propose "des solutions pragmatiques, ancrées dans le réel et basées sur des valeurs essentielles telles que le progrès et la justice sociale, le respect des hommes et de son environnement, la capacité donnée à chacun d’être acteur de son quotidien".
Avec les autres membres du collectif "Bouge tes chênes",Jeanne Caudron-Lora et Fernand Coton ne font pas à proprement dit campagne. Ils utilisent leurs "réseaux pour diffuser les infos". Envoi de mails, posts facebook, les idées circulent ! Mais ne serait-ce quand même pas un engagement vain ? Pour Jeanne Caudron-Lora, défendre cette "Primaire populaire ", "C'est urgent et passionnant" et cela lui suffit.