Comme à chaque élection présidentielle, la règle est la même : chaque candidat doit obtenir au moins 500 promesses de parrainages de maires dans au moins 30 départements différents. En cette période de pré-campagne, les élus ruraux sont très sollicités. Exemple en Bourgogne.
À Éguilly en Côte-d’Or, Mélanie Fortier et René Lioret, deux élus du RN ont rendez-vous avec Jean-Marie Faivret, maire sans étiquette. Ces deux conseillers régionaux du parti de Marine Le Pen espèrent convaincre cet élu classé à droite. Objectif : obtenir six signatures en Côte-d’Or soit deux de plus qu’en 2017.
Au menu des discussions : urbanisme, écologie ou relations avec l’Etat. Jean-Marc Faivret préfère rester prudent et attendre avant de parrainer un candidat. « Moi, mon choix, je le ferai en fin d’année. Ce n’est pas plus un parti ou l’autre. Je voudrais voir où on en est politiquement » justifie le maire d’Éguilly. La question du parrainage sera à l’ordre du jour d’un prochain conseil municipal. Malgré la réticence du maire, René Lioret garde espoir. « Les parrainages, c’est un combat. S’il faut venir voir le conseil municipal de Monsieur Faivret,[...] on reviendra ».
Convaincre les maires, de plus en plus difficile
D’autres candidatures se heurtent à des refus de maire. C’est le cas de Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire et responsable parrainages d’Arnaud Montebourg. Ce dernier espère compter sur au moins cinquante signatures. C'est le maximum autorisé par département. « La difficulté est d’assumer un choix de parrainage devant un conseil municipal où les opinions politiques sont partagées » explique le proche d’Arnaud Montebourg. Selon Jérôme Durain, la multiplication de candidatures à gauche serait un frein pour convaincre les maires de faire des promesses de parrainages. « Je ne partage pas ce point de vue car je soutiens un candidat ».
Les boîtes aux lettres des maires de plus en plus remplis.
Le Président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or, Bruno Bethenod fait le point sur les tracts des candidats qu’il a reçu. Parti animaliste, parti de Jean Lassalle ou encore de Christine Bouyer,… Une bonne partie du paysage politique est représenté. Mais Bruno Bethenod, également maire d’Arceaux, émet des réserves face à la manière dont les candidats abordent les élus. « Mais où ils sont ? Est-ce qu'ils connaissent réellement comment se gère un pays ? Comment vit un pays ? Comment se prennent les décisions ? » s’interroge l’élu un peu agacé.
Le choix des maires va-t-il faire peser la balance ?
Selon le politologue Jean-Vincent Holeindre, une responsabilitée importante voire cruciale est donnée aux maires dans cette campagne présidentielle. « On est sur une élection avec des candidats issus de la société civile et pas issus de grands partis politique » analyse ce professeur de sciences politique à l’université Paris 2. Le politologue se projette au moment où les parrainages seront déposés au conseil constitutionnel. « Ca sera intéressant de voir ce qu’il advient de ces candidats qui ont aujourd’hui le vent en poupe [...] et qui se présentent hors-parti. Est-ce que ces candidatures sont véritablement crédibles ? On ne le sait pas aujourd’hui. Et on le sera le jour où les parrainages auront été déposés ».
La chasse aux parrainages est donc bien lancée. Les candidats ont jusqu'au 4 mars 2022 pour recueillir au moins 500 signatures de maire et les déposer au Conseil constitutionnel.