Les producteurs et négociants français de vins, bières et spiritueux proposent environ 5 millions d'euros pour financer pendant quatre ans des actions de prévention contre l'alcoolo-dépendance, notamment chez les femmes enceintes et les jeunes.
Pourquoi les producteurs d’alcool vont-ils financer des actions de prévention ?
Les trois filières de boissons alcoolisées (vins, bières et spiritueux) ont présenté à l'Elysée leurs propositions de prévention de l’alcoolisme mercredi 27 juin 2018. Il s’agit de leur "contribution" au plan national de santé publique porté par la ministre Agnès Buzyn. Les producteurs d’alcool avaient été mis au pied du mur en février par le président de la République Emmanuel Macron, qui souhaite effectuer une "révolution de la prévention" en France.La consommation d’alcool est la 2e cause de mortalité évitable après le tabac. Elle est responsable de 49 000 décès par cancer, cirrhose, psychose et dépendance alcoolique chaque année, rappelle Santé publique France.
La consommation excessive d’alcool entraîne aussi des drames dans la sphère publique, privée et professionnelle : passages à l’acte violent, accidents domestiques, de la route (c’est la première cause d’accident de la route) et du travail, précarisation.
Enfin l’alcoolisation fœtale est la première cause non génétique de handicap mental en France (1,3 pour 1 000 naissances vivantes par an).
Vous sortez ce soir ?
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) 1 juin 2018
Attention, boire régulièrement de l’alcool augmente le risque de développer 7 #cancers différents.
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Des campagnes chez les cavistes, dans les supermarchés, les restaurants
"Il s'agit d'une grande première" en France, déclare Joël Forgeau, président de Vin et Société, l'organisme représentant les intérêts de la profession viticole. Ce secteur est le deuxième poste d'exportation du pays derrière l'aéronautique. La conseillère Agriculture de l'Elysée, Audrey Bourolleau, est l'ancienne déléguée générale de Vins et Société.
"La filière viticole va investir 500 000 euros par an pendant quatre ans sur des actions de formation et de prévention, et les deux autres filières (spiriteux et brasserie) dépenseront à elles deux 700 000 euros par an", assure Joël Forgeau, ce qui représente au total 4,8 millions d'euros sur quatre ans.
"La prévention, ce n'est pas de la santé, nous n'allons pas nous substituer aux actions de la Santé, mais nous allons communiquer sur les risques de l'alcool et la consommation responsable", chez les cavistes, dans les supermarchés, les restaurants et le négoce.
Quelles sont les mesures proposées pour lutter contre l’alcoolisme ?
Joël Forgeau a remis aux conseillères Santé et Agriculture de l'Elysée un plan comportant 30 mesures destinées à lutter contre le "binge-drinking" des jeunes, l'alcoolisation fœtale chez la femme enceinte qui concerne 700 à 1 000 naissances par an en France, et plus généralement les risques liés à l'excès de consommation d'alcool.La profession propose un doublement de la taille actuelle du logo signalant l'interdiction de l'alcool aux femmes enceintes sur toutes les étiquettes des bouteilles. La taille du logo est l'un des points de crispation avec le ministère de la Santé. La profession s'engage aussi à diffuser le message "zéro alcool pendant la grossesse", comme l'avait annoncé mardi la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le plan propose de faire mieux respecter l'interdiction de vente d'alcool aux mineurs, par le biais de formations de professionnels, notamment aux caisses de supermarchés.
Les producteurs de bières et spiritueux s'investiront particulièrement sur la lutte contre le "binge drinking" - la consommation ponctuelle importante d'alcool -, qui touche surtout les très jeunes gens.
Le plan propose aussi de favoriser la diffusion de "wine-bags" dans les restaurants pour ne pas obliger les clients à se forcer à finir leur bouteille.
.@AgnesBuzyn présente la campagne #SAF : "Zéro alcool pendant la grossesse" pic.twitter.com/yrwfOTByDj
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) 6 septembre 2017