Prolifération des guêpes : "Sur 1 000 espèces recensées, seules cinq sont agressives et peuvent avoir des conséquences"

La présence des guêpes s'est intensifiée cet été, que ce soit en Franche-Comté ou ailleurs. Jérôme Carminati, naturaliste en Franche-Comté, nous explique les causes probables de cette prolifération et informe sur le danger qu'elles représentent.

Elles prolifèrent partout. Les terrasses sont prises d'assaut par les guêpes, cet été. Jérôme Carminati, naturaliste et secrétaire de l'Office pour les insectes et leur environnement (Opie) en Franche-Comté, est témoin de ce pullulement. Mais il tient à rétablir quelques vérités sur nos "amies" les guêpes.

Cette année, les guêpes seraient plus nombreuses que les étés précédents, comment l'expliquer ?

"Ce n'est pas vraiment propre à cette année. Cela fait deux ou trois ans que nous observons une recrudescence. Pour comprendre, il faut s'intéresser au cycle d'une guêpe.
Au printemps, les "fondatrices" commencent à faire des œufs. Les larves vivent quelques semaines. Entre le printemps et la fin de l'été, selon la ponte, elles deviennent les ouvrières, les futures fondatrices de l'année suivante et les mâles.

Pendant l'automne, la fondatrice, les mâles et les ouvrières meurent. Seules les jeunes femelles sexuées (les futures fondatrices) passeront l'hiver. Avec des températures aussi douces que cet hiver, elles résistent davantage. Une fois l'hiver passé, elles participent à faire plus de nids. Conclusion : de plus en plus de guêpes sont présentes, en été."
 



Sont-elles toutes dangereuses ?

"Il existe près de 1 000 espèces de guêpes connues en France. Sur ces 1 000 espèces, environ 800 possèdent un dard.
Parmi elles, 22 espèces de guêpes sont "sociales", dont 12 vraies guêpes (et 10 polistes, guêpes élancées avec de longues pattes jaunes qui pendent durant le vol).
Encore parmi ces 22, seules quatre ou cinq espèces sont responsables de piqûres qui peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé de l'homme. Il y a notamment la guêpe germanique et la guêpe vulgaire. Ce sont les deux plus fréquentes, les plus agressives et celles qui piquent le plus.

Viennent ensuite le frelon européen, le frelon asiatique à pattes jaunes, la poliste des maisons. Les piqûres des 17 autres espèces sont des événements plutôt anecdotiques. La guêpe moyenne peut parfois piquer si on taille des buissons et qu'il y a un nid dedans."
 

Comment s'en débarrasser ?

"Il est difficile de les détruire. Ce sont des insectes opportunistes qui s'adaptent facilement à de nouveraux environnements. Elles ne piquent pas toutes et elles jouent un rôle dans l'écosystème. Il est possible de vivre avec. Mais elles peuvent être un danger : des personnes allergiques peuvent mourir d'une simple piqûre. Dans ce cas là, il faut intervenir et appeler des professionnels. Les pompiers ne se déplacent plus pour ce genre d'opération. Si l'on veut agir par soi-même, il est préférable d'opérer la nuit. A partir de 11 heures du soir, elles se montrent moins agressives."

On ne peut rien faire pour les éloigner ?

"Si, bien sûr. Il faut éviter d'exposer ses ordures. Les guêpes raffolent de sucre, de fruits mûrs... Les mouches sont également attirées par ces détritus et les guêpes viennent les chasser pour s'en nourrir. Elles rôdent également autour des déchets carnés, de la viande ou du poisson pour nourrir les larves. D'une certaine façon, les guêpes nous incitent à faire un meilleur tri sélectif."
 
 
Vous avez récemment découvert une guêpe "coucou" en Franche-Comté. Une espèce encore non répertoriée sur le territoire. Ces découvertes arrivent-elles souvent ?

"La guêpe "coucou" découverte il y a un peu plus d'une semaine ne fait pas partie des guêpes sociales. Elle peut ressembler à une mouche, mais elle possède deux paires d'ailes. Une caractéristique propre aux guêpes. Mais il s'agit seulement d'une espèce qui n'était pas encore recensée dans la région, mais connue ailleurs en France. En général, les découvertes oscillent entre une et huit espèces nouvellement recensées chaque année. Il ne s'agissait donc pas d'une découverte majeure."

 
Les chiffres en Franche-Comté par famille :
  • guêpes "vespidés" (comprenant des espèces sociales & des solitaires) : 56 espèces dont 16 sociales (1er bilan publié cette année).
  • guêpes "sphécides" (3 familles rassemblées ici, toutes solitaires) : 172 espèces (1er bilan publié l'an dernier, il devrait en exister entre 190 et 200 espèces selon Jérôme Carminati).
  • guêpes "pompiles" (toutes solitaires et chasseuses d'araignées) : 60 espèces (bilan non réalisé. Il devrait probablement en exister près de 70 espèces).
  • guêpes "chrysides" (solitaires, toutes parasitoides ou coucous) : 48 espèces (60 espèces sont envisagées).
  • autres guêpes (mutilles, sapygides, tiphiides, scolies, toutes solitaires, coucou ou parasitoides) : 12.
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