Le gouvernement projette d’abaisser la vitesse maximale sur les routes secondaires et de la faire passer de 90 à 80 km/h. Cette décision fait de nombreux mécontents, même chez les élus de La République en Marche.
C’est en juillet 2015 qu’une expérimentation de la baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires bidirectionnelles sans séparateur central a été lancée.Elle a concerné notamment deux portions de la RN151 qui traversent l'Yonne et la Nièvre. Résultat : le nombre d'accidents mortels entre Auxerre et Varzy a diminué.
Aujourd’hui, si l’abaissement de la vitesse à 80 km/h était généralisé, cela concernerait environ 400 000 kilomètres de routes.
Selon le gouvernement, reprenant des projections d'experts du Conseil national de sécurité routière, une baisse de 10 km/h permettrait de sauver "entre 200 et 400 vies par an".
En Bourgogne, plusieurs élus s’élèvent contre ce projet
Hausse de la fiscalité sur les carburants, baisse de la vitesse sur les routes.Mepris du Président et du gouvernement pour les ruraux.
— Henri de Raincourt (@HdeRaincourt) 7 janvier 2018
C’est le cas de l’ex-sénateur de l'Yonne Henri de Raincourt. L’élu Les Républicains dénonce le "mépris du Président et du gouvernement pour les ruraux".
Abaisser la vitesse à 80km/h une mesure de fracture rurale avec une vision purement citadine ou parisienne.Fermer la Gendarmerie de Sergines;c’est aussi abandonner nos territoires à la délinquance & démailler nos territoires.La République au point mort. #Yonne #80kmh #gendarmerie
— Alexandre BOUCHIER (@ABouchier_SDLS) 7 janvier 2018
De son côté, Alexandre Bouchier, maire de Saint-Denis-lès-Sens et conseiller départemental de l’Yonne, voit dans l’abaissement de la vitesse à 80km/h "une mesure de fracture rurale avec une vision purement citadine ou parisienne".
Je ne partage pas la mesure des 80km/h ce n’est pas la solution.
— Perrine Goulet (@perrinegoulet) 6 janvier 2018
L’expérience dans la Nièvre n’a rien démontré
Il faut des moyens pour faire des contrôles de conduite sous l’emprise d’alcool, de médicaments ou de drogues.
des moyens pour refaire les routes
Dans la Nièvre, la députée Perrine Goulet, élue sous l’étiquette de La République En Marche, ne décolère pas.
"C'est une décision prise par les gens qui vivent dans les grandes villes, qui ne sont pas concernés par nos territoires de campagne. Et nous, 80km/h ça va nous faire perdre un certain temps. Pour moi, la problématique c’est l’état des routes, c’est le comportement des conducteurs, ce n’est pas forcément la vitesse", déclare l’élue du parti présidentiel.
Son collègue Patrice Perrot, député LREM de la 2e circonscription de la Nièvre, est du même avis : "Je ne suis pas favorable à cette décision, je ne crois pas que ce soit la bonne méthode", dit-il.
"Beaucoup de concitoyens ont constaté qu'il y avait des dérapages sur les comportements de certains conducteurs, il vaudrait mieux agir sur cela que sur la vitesse" Patrice Perrot #BourdinDirect pic.twitter.com/zDZOmE0emE
— RMC (@RMCinfo) 8 janvier 2018
Selon plusieurs sources, le gouvernement devrait annoncer cette mesure lors d’un conseil interministériel de sécurité routière mardi 9 janvier 2018. L’abaissement de 90 km/h à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires pourrait alors entrer en vigueur au 1er juillet prochain.
Le reportage de Baziz Djaouti, Claude Heudes, Fanny Borius, Anthony Borlot, Vincent Grandemange et Carlos Zappalá
Intervenants :
-Perrine Goulet, députée de la Nièvre (LREM)
-Claude Péchenot, délégué départemental de la Prévention routière de l'Yonne