Trois potes qui se promènent dans des villages, des "bleds", tout en filmant leurs rencontres pour en faire un reportage… Le pari est risqué. Fonctionne-t-il ? Rencontre avec les « bled runners ».
« En argot français, un bled est un petit village, avec une connotation péjorative du lieu perdu, sans intérêt. » Voici la définition donnée par Camille, Olivier et Raphael sur leur chaîne YouTube. Ils se rendent dans des bleds, y vivent le temps d’une journée (souvent de 6h à 22h) et questionnent les habitants (s’ils en croisent). Ils découvrent ainsi toutes les richesses de chaque lieu, quand ils ne sont pas invités à manger des crêpes.
« La France, avant tout, c’est ça. Des bleds. »
Voici le leitmotiv des trois amis parisiens. Mais viennent-ils de bleds ? Camille a vécu à Grenoble. Un gros bled… Mais il l’assure, il a quand même vécu dans des « vrais » bleds de 300 habitants.
Mais comment est né le projet ?
Il y a un an et demie, alors que les trois amis sont au restaurant, ils s’interrogent : à quoi ressemble la vie des gens dans des bleds ? Olivier, Raphael et Camille sont tous les trois passionnés d’audiovisuel. Alors ils décident que sur leur temps libre, ils tourneront des vidéos… dans des bleds. Bon, à première vue ça ne semble pas très fun. Mais faites un tour sur leur chaîne YouTube, ça vaut le détour.L’humain est au cœur des interrogations des trois amis. « On voit cet homme assis sur un banc et on se dit, tiens, mais comment ça se fait qu’il est là ? Qu’est-ce qui fait qu’il vit ici ? »
C’était donc naturel d’allier ce qu’on aime faire, de la vidéo, et mêler ça à la rencontre des gens
Des villages perdus, ce n’est pas ce qui manque en France. L’équipe de BLED choisit soigneusement son casting. Deux critères entrent en compte : le nom doit être rigolo et le village ne doit pas compter plus de 1 000 habitants. Trouver son bled n’est pas si facile. Les trois amis recherchent quand même un minimum de vie, des commerces, des gens à qui poser des questions… BLED, une aventure plus risquée qu’elle n’y paraît.
Les trois « bledards » ont attiré notre attention puisqu’ils ont posé leur caméra à Quarré-les-Tombes, dans le Morvan. 643 habitants… et un nom atypique. Le candidat parfait pour un nouvel épisode !
Un épisode marqué par Simone, une commerçante du village. Elle y tient son bar depuis de nombreuses années. C’est finalement elle le visage de Quarré. Assise sur sa chaise, une tasse de café et le pot de confiture tout près, Simone raconte ses anecdotes à Raphael. « J’étais partie environ cinq minutes… Et quand je suis revenue, il y avait une jument dans le bar ! »
BLED, c’est une réalisation qui se veut intimiste. Chez Simone, le bruit du frigo qui tourne en fond vient nous chatouiller les oreilles. On a l’impression d’y être. « Le frigo, il a au moins 60 ans ! » déclare fièrement Simone. Les émanations de café, le parfum du vieux bois, les pieds qui traînent sur le carrelage… On y est nous aussi, à Quarré-les-Tombes.
« Quarré-les-Tombes, ce reportage a une petite histoire… »
L’équipe devait se rendre dans un autre village. Le tournage est tombé à l’eau alors ils se sont décidés, « quasiment la veille pour le lendemain », à aller à Quarré. Toutes les personnes rencontrées ont été le fruit du hasard. Une personne a mené à une autre personne. « C’était de la découverte totale. »
La visite de Quarré-les-Tombes promet de belles rencontres et surtout, la découverte d’un beau village, malgré le lourd brouillard du mois de février.
Olivier avait une appréhension : aller voir des gens qui ne sont pas habitués à la caméra. Contre toute attente, les trois amis essuient peu de refus. « Les gens sont plutôt contents qu’on leur pose des questions et ils oublient très vite la caméra. »
Magie de la non-habitude à être filmés, les habitants de Quarré-les-Tombes restent authentiques.
Évidemment, il y a tout ce qui n’a pas été filmé. Les trois dames qui discutent à l’intérieur de l’église du village ont fait « pour les quatre heures », des crêpes.
On a passé du temps chez elle. C’est plus que poser des questions pour un reportage, c’est un vrai moment que l’on passe avec eux.
Les « bled runners » retravaillent leurs vidéos. Ils font des choix dans leurs montages, écrivent leurs reportages et souhaitent raconter des histoires.
« On fait une photographie d’un moment, dans un village. »
Ce qui intéresse les trois comparses, c’est de raconter un moment clé
Ils ne cherchent pas à être présents sur un événement. « On veut vraiment capter la vie de tous les jours du bled, des moments de vie sans filtre. »Olivier, Camille et Raphael ne manquent pas d’humour. La musique est soigneusement choisie, tout comme leur mise en scène. Alors si vous croisez les trois amis sur un banc, comptant le nombre de voitures circulant sur la route principale de votre village, ne soyez pas surpris.
Chaque épisode est disponible sur la chaîne YouTube « BLED » :
- Couilly Pont Aux Dames, en Seineet-Marne
- Isbergues, dans le Pasde-Calais
- Plurien, dans les Côtesd’Armor
- Quarré-les-Tombes, dans le Morvan