Après Renaud Muselier en PACA, ce mercredi 5 mai le président du Sénat et le patron des députés LR critiquent l'alliance faite par Gilles Platret avec des cadres de Débout la France en Bourgogne Franche-Comté. Le rapprochement a déjà suscité plusieurs démissions à droite au niveau local.
Après les critiques et des tensions au niveau local, ce sont désormais certains ténors du parti les Républicains qui critiquent ouvertement le choix d'alliance fait par Gilles Platret en Bourgogne Franche-Comté. Le 27 avril dernier, le maire de Chalon-sur-Saône et tête de liste de la droite pour les prochaines élections régionales en Bourgogne Franche-Comté, présentait sa liste dans la Nièvre. Surprise, c'est Pascal Lepetit, membre de Debout La France et ancien adhérent du Front national qui porte la liste dans le département.
"On ne peut pas s'allier avec Debout la France tant que Debout la France n'a pas renoncé à la stratégie qui l'avait conduit en 2017 à soutenir Mme Le Pen" a d'abord commenté Gérard Larcher ce mercredi 5 mai. Le président du Sénat était l'invité de franceinfo après la réunion mouvementée, la veille, de la commission d'investiture du parti Les Républicains. Elle fait suite à la volonté d'alliance entre le candidat du parti en Provence-Alpes Côte d'Azur, Renaud Muselier et La République en Marche. Les ténors de la droite ont multiplié les critiques très sévères sur ce rapprochement. Ce mercredi, plusieurs d'entre eux ont donc été interrogés sur un rapprochement, qui a suscité moins de, commentaires cette fois en Bourgogne Franche-Comté.
Alliance d'appareils ou pareille alliance ?
"Ce n'est pas de la même nature" a tenté de relativisé Gérard Larcher au sujet de la présence de membres de Debout la France sur la liste de Gilles Platret. Selon le président du Sénat il ne s'agirait pas d'une "une alliance d'appareils". "On ne s'allie pas avec Debout la France, a-t-il répondu embarrassé aux journalistes qui l'interrogeaient. "Vous verrez les réalités. J'ai moi-même dit à Gilles Platret ce que j'en pensais, que ce n'était pas mon choix. Il m'a entendu, nous verrons bien."
Il y a quelques jours, Gilles Platret, vice-président du parti Les Républicains, affirmait que l'accord avait été approuvé par la commission d'investiture LR à Paris. D'autres membres du parti Debout La France sont d'ailleurs pressentis pour figurer sur la liste de Gilles Platret à l'image de Lilian Noirot, chef de fil du parti en Saône-et-Loire. Il est également conseiller régional sortant. Il avait été élu sous l'étiquette Front national en 2015, avant de rejoindre Nicolas Dupont-Aignan.
Autre critique ce matin de la part de Damien Abad, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale. Il était invité de Sud Radio et s'est dit "contre cette alliance et tout accord politique avec Debout la France". Il a rappelé que lors de la dernière campagne présidentielle, "Nicolas Dupont-Aignan devait être le Premier ministre de Marine Le Pen". "Le combat contre le RN doit être total, sans ambiguïté possible". Il ne peut y avoir "d'alliance, ni de près ni de loin, avec tous ceux qui ont appartenu ou appartiennent au RN et même à DLF" estime le député qui n'exclut pas certains débauchages individuels pour d'anciens membres de la droite républicaine. "Si ici ou là il y a des gens de Debout la France qui sont d'anciens RPR, je leur dis qu'ils rejoignent notre famille politique" a estimé Damien Abad.
Une tête de liste Debout La France, ex-FN
Pour l'instant, rien n'indique que Gilles Platret a changé d'avis concernant la désignation de Pascal Lepetit comme tête de liste de la droite dans le département de la Nièvre. Ce dernier est membre du bureau national du parti de Debout la France et secrétaire départemental dans la Nièvre. Il a également été membre du Front national.
En Bourgogne Franche-Comté, l'alliance a déjà fait des vagues la semaine dernière et suscité quelques démissions. Plusieurs responsables du parti Les Républicains dans la Nièvre ont annoncé qu'ils quittaient leurs fonctions. En Côte d'Or, c'est François Sauvadet, président UDI du conseil départemental et tête de liste de la droite lors du dernier scrutin régional qui s'est montré le plus critique. "En s’alliant avec Debout La France, Gilles Platret a donné une nouvelle orientation à sa campagne que je ne peux pas cautionner. Passer un accord avec un club d’anciens partenaires de Madame Le Pen, représentés en Bourgogne – Franche-Comté par Lilian Noirot ancien cadre du FN et des Patriotes n’est pas acceptable pour moi" a-t-il estimé.
Le 29 avril, Gilles Platret avait assumé ses choix et répondu aux critiques. "S’il y a quelques individualités qui ne se sentent pas bien, ce n’est pas grave. Le spectre politique est large, ils ont le choix d’aller voir ailleurs [...]. Je ne changerai pas parce qu’il y a quelques critiques de ligne politique."
Les dépôts des listes candidates pour le 1er tout des élections régionales doivent se faire entre le 10 et le 17 mai. En 2015, Marie-Guite Dufay (PS) l'avait emporté avec moins de 20 000 voix d'avance sur la liste de droite et celle du Front national.