Alors que les cafés, bars et restaurants peuvent de nouveau ouvrir leurs terrasses à partir de ce mercredi 19 mai, les campagnes de prévention contre l’alcool au volant font elles-aussi leur retour.
Ils sont nombreux à avoir le sourire, ce mercredi 19 mai. Professionnels de la restauration et de la consommation de boissons, ou clients, voilà plus de 6 mois qu’ils attendaient la réouverture des terrasses. C’est la reprise du travail et de l’accueil des clients pour les premiers, et le retour des cafés et apéros en terrasse pour les seconds. Mais c’est aussi, cellui des campagnes de prévention contre l’alcool au volant.
Depuis quelques jours, les sports télévisés et les encarts dans la presse réapparaissent. Car avec ce déconfinement des bars, les autorités craignent un pic de conduites à risques, notamment sur la route.
Effet rebond
“Les gens vont fêter la liberté retrouvée”, anticipe Yves Lemaire, directeur régional pour la Bourgogne-Franche-Comté de l’association de Prévention routière, “comme ils fêtent les fêtes de fin d’année. On risque un pic d’accidents”.
En 2019, avant les confinements successifs, en Bourgogne-Franche-Comté, 207 personnes sont décédées dans un accident de la route. Avec un taux de 75 morts pour un million d’habitants, la région est l’avant-dernière de France (devant la Corse) où les chiffres sont les plus mauvais. Dans 43% des cas, la consommation d’alcool ou de stupéfiant était en cause. Les jeunes sont particulièrement touchés par ces accidents : dans la grande région, les victimes représentent 177 morts pour un million d’habitants chez les 18-24 ans, quand la moyenne nationale est de 109. Un constat qui peut être mis en lien avec le fait que les jeunes se réunissent plus souvent que leurs aînées. “Quand ils se retrouvent, les gens consomment souvent plus d’alcool”, constate-t-il, “Les moments, les lieux de fête sont toujours accidentogènes”.
D’autant plus que les premières soirées risquent d’être particulièrement arrosées. “Il y aura sûrement des dérives les premiers jours”, reconnaît Sabine Chabert, responsable de la communication pour Addiction France, mais elle nuance cette crainte : “la position de l’association, c’est que c’est une bonne chose que l’on puisse revivre socialement”. En effet, son association a piloté un sondage sur l’évolution des consommations de produits addictifs pendant les différents confinements. Et si certains consommateurs ont moins bu d’alcool (20%), du fait de la fermeture des bars et de la diminution des événements sociaux et des rencontres, une proportion quasi égale a plus bu d’alcool, du fait du stress occasionné par la pandémie et l’absence de vie sociale. Aussi, l’association estime qu’à terme, la consommation d’alcool devrait rester relativement stable. Reste à convaincre ces consommateurs de ne pas prendre le volant.
Un message destiné à l’entourage des conducteurs
“Concept oublié n°1 : le bar. Lieux incroyable où l’on peut se retrouver, même sans connexion internet”. “Concept oublié n°2 : le départ du bar. Moment crucial où vous devez expliquer à votre ami Thibault que oui, il est beaucoup trop tôt, mais que pour rentrer à moto, il a beaucoup trop bu”. Sur le ton de l’humour, la campagne de prévention retrouve le message qu’elle prodigue depuis quelques années : “quand on tient à quelqu’un, on le retient”. "L'idée, c'est de rappeler aux Français un paramètre qu'ils avaient peut-être oublié, c'est qu'on ne laisse pas quelqu'un qui a bu partir en voiture", explique Jean Richert, directeur du cabinet du préfet du Doubs. “On interpelle les témoins de la consommation d’alcool, explique Yves Lemaire, car ces témoins, ils sont responsables”. “Dans mes animations de prévention, je sensibilise les passagers. Ce sont eux qui choisissent leur conducteur, il doivent faire attention à son état”.
Pour attirer l’attention du public, le gouvernement a fait appel à des protagonistes de Top Chef, le concours télévisuel de cuisine de M6 : le chef Philippe Etchebest, membre du jury, et deux candidats, Mohammed et Pierre, se sont prêtés à l’exercice.