La Confédération Paysanne et France Nature Environnement s'opposent au projet d'un GAEC sur la commune de Rigney. Un poulailler en plein air jugé trop grand par ces deux associations.
À l'heure où les consommateurs veulent consommer local, la donne n'est pas si simple. Chaque Français consommerait 220 oeufs par an.
À Rigney dans le Doubs, le GAEC de la Roche souhaite construire un poulailler de 29.000 volatiles. Un poulailler en plein air avec 4 m2 d'espace par poule.
"C'est un bon projet. Le but est de consommer local. On veut vendre nos produits sur le territoire franc-comtois. Les céréales sont produites sur notre ferme. Tout est tracé" explique Damien Tisserand, gérant du GAEC de la Roche.
29 000 poules pondeuses en plein air. Mais même en plein air : c’est trop !
Le projet d'un montant de 1,3 millions d'euros n'est pas du goût de la Confédaration Paysanne attachée à une agriculture à dimension humaine. "La Confédération Paysanne, on est là pour défendre une agriculture paysanne avec un maximum de paysans dans notre territoire. En même temps, on défend la biodiversité, le bien-être animal et l'environnement. Ce projet d'élevage est trop gros et surdimensionné" défend Jérémy Coley, porte-parole de la confédération paysanne du Doubs.
Pour Gilles Benest, vice-président de France Nature Environnement 25-90, le projet de Rigney n'est pas une bonne chose pour l'emploi, il créera moins d'emplois que de petits élevages de poules. Et il présenterait un risque environnemental : dissémination des insecticides contre les mouches dans l’environnement avec un impact sur le taux de mortalité des pollinisateurs, pollution des eaux de surface et de la nappe phréatique pour l’accumulation des fientes, et rejets de poussières chargées en pathogènes dans l’atmosphère.
Selon la Confédération Paysanne et FNE 25-90, la concentration des animaux et la multiplication des flux (transport des animaux et de la nourriture, évacuation des déjections) générés par de tels élevages intensifs augmenterait les risques d’épidémie telles que la grippe aviaire et les contaminations aux salmonelles.
La demande de permis de construire entre les mains du maire
Du côté des porteurs du projet, on avance l'argument de la rentabilité. "On nous dit que ce nombre de 29.000 poules est impressionnant. Mais c'est malheureux à dire. C'est ce qu'il faut aujourd'hui pour vivre. On ne peut pas se tirer un salaire aujourd'hui sans ce nombre de poules" argumente Louis Brice, futur associé du GAEC de la Roche.
En dessous de 30.000 volatiles, ce projet de poulailler ne fait pas l'objet d'un avis d'utilité publique, il est en dessous du seuil administratif. La décision d'accorder ou non le permis de construire déposé mi-novembre appartiendra au final au maire de la petite commune du val de L'Ognon. Claude Rossé estime qu'il y a des réserves à poser à ce projet par rapport à l'environnement est à la proximité du château de la Roche qui est classé. "Oui, cette installation nous pose question en terme d'environnement, d'emplois, de bénéfices pour la commune et de réaction de la population" confie l'élu qui voit cohabiter dans sa commune tous les modes d'agriculture.