Durant de nombreux siècles, Salins-les-Bains (Jura) a été le poumon économique de la Franche-Comté grâce au sel. Aujourd'hui, la ville n'a pas les moyens, tout comme les propriétaires privés, d'entretenir son magnifique et abondant patrimoine.
Des églises, des hôtels particuliers, des fontaines, des anciens couvents, des escaliers, des statues, des jardins... Salins-les-Bains regorge de petits trésors. Mais ce que voient les automobilistes qui traversent la ville, ce sont surtout les façades grises et les bâtiments en très mauvais état. Dommage, cette bourgade mérite beaucoup mieux que la première impression qu'elle offre.
Salins a été la capitale économique de la Franche-Comté durant de nombreux siècles grâce à l'exploitation du sel. Elle a compté jusqu'à 8500 habitants au moment de la Révolution française, à la fin du 18 ème siècle. Aujourd'hui, seulement 2700 personnes habitent cette ville qui a perdu toutes ses industries. Les salines ont fermé en 1962, la dernière faïencerie en 1995.
La municipalité et des privés tentent de miser sur la culture et le patrimoine pour relancer le tourisme et donc l'économie.
Le défi : respecter le passé mais ne rien figer, aller de l'avant sans rien renier...
Revoir le reportage diffusé dans "Enquêtes de région"
Notre-Dame Libératrice, le monument le plus visité
On est en 1636, la Franche-Comté, appelée alors Comté de Bourgogne, est convoitée par le roi de France, Louis XIII. D'ailleurs tous les rois de France veulent conquérir cette région, riche et prospère. C'est la guerre de 30 ans qui fait tant de ravages : peste, famine, et mercenaires déciment la population. Salins est menacée notamment par les mercenaires du roi, dits les Suédois. Devant le danger, le curé de la paroisse, l'Abbé Marmet, place les habitants sous la protection de la Vierge Marie. La ville est épargnée et en remerciement, les Salinois érigent Notre dame Libératrice qui sera terminée en 1662. Après la Saline, c'est le monument le plus visité de Salins.Son dôme, recouvert de tuiles vernissées, a été restauré il y a une douzaine d'années pour 1,2 million d'euros. L'intérieur doit faire l'objet aussi d'une rénovation qui devrait coûter environ 400.000 euros. Actuellement, un filet est tendu pour protéger les visiteurs d'éventuelles chutes de plâtre du plafond. Mais la visite vaut quand même le détour et l'entrée est gratuite !
Salins compte d'autres édifices religieux remarquables
Saint Anatoile : vers 1030, Hugues de Salins érige cette église collégiale qui s'appuie sur un donjon sur sa gauche. Elle est reconstruite au XIII ème siècle et des chapelles latérales y sont ajoutées au XIV et XV ème sicècles. A voir : une pieta du XV ème, un Christ aux liens, la chaire XVIII ème classée
Saint Maurice : vous ne pourrez voir que l'extérieur car cet édifice menace de s'écrouler et il a été fermé sur décision du maire. A voir : le magnifique portail
Claude Dole, architecte et passionné d'histoire salinoise raconte Saint Anatoile et Notre Dame Libératrice.
L'Histoire de Salins en quelques dates
- 4000 ans : début de l'exploitation du sel, selon des traces retrouvées par des archéologues
1443 : fondation des Hospices de Beaune, par Guigone de Salins (1403-1470) et son époux Nicolas Rollin, chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne
1636 : devant la guerre, l'arrivée de mercenaires, la peste et la famine, la ville se place sous la protection de Notre-Dame et, sauvée, érige ensuite, en remerciement, la chapelle de Notre-Dame Libératrice
1739 : l'hôtel de ville est construit, autour de la chapelle
1825 : le 27 juillet, grand incendie, 300 maisons sont détruites par les flammes, 2800 personnes sans abri
1854 : premier établissement thermal, l'Impératrice Eugénie, épouse Napoléon III prend les eaux à Salins
1857 : première faïencerie
1885 : création du Crédit Agricole
1926 : Salins devient Salins-les-Bains
1962 : fermeture des Salines
Quelques personnages qui ont marqué l'histoire de la ville
Sigismond de Burgondie : début du VIème siècle, il donne la seigneurie de Salins, reçue en dot, à l'Abbaye Saint Maurice d'Argaune près de Martigny, aujourd'hui en Suisse et souhaite en faire le grand phare européen de la chrétienté d'Occident
Guigone de Salins (1403-1470) : Issue de la famille des seigneurs de Salins-la-Tour du Jura, à l'âge de 18 ans, elle devient la troisième épouse de Nicolas Rolin, alors âgé de 47 ans, richissime chancelier du duc Philippe le Bon.
Jules Marcou (1824 - 1898) : né à Salins, c'est un spécialiste de la géologie. En 1862, il réalise la première carte géologique des Etats-Unis. Ami de Gustave Courbet, il transmet au peintre une étude géologique sur le site de "La roche pourrie" près de Salins. Gustave Courbet réalise alors le tableau et représente son ami au premier plan, en tout petit. Cette toile se trouve au musée de Dole.
Max Claudet (1840 - 1893) : artiste né à Salins, sculpteur, il travaille aussi la céramique. Le musée de Salins porte son nom
Max Buchon (1818 - 1869) : né à Salins, ce poète et romancier est un ami de courbet et de Max Claudet
Pour en savoir davantage : renseignements à l'Office de tourisme et le site de la Grande Saline et Musée du sel