Au niveau national, on compte 66 dentistes pour 100 000 habitants, mais en Bourgogne il n’y en a que 55. Conséquence : ceux qui n’habitent pas une grande ville doivent patienter plusieurs semaines avant d'obtenir un rendez-vous dans un cabinet dentaire… s'il y en a dans le coin.
Il y a aux alentours de 924 dentistes libéraux et salariés inscrits à l’ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne. Un chiffre qui est loin d’être suffisant.
Si les grandes villes comme Dijon et Mâcon s’en sortent encore, il y a déjà des déserts dans certaines zones. Selon une étude de l’ARS (Agence régionale de santé), il y a 17 zones très sous dotées en Bourgogne. Elles se situent notamment dans la Nièvre et l’ouest de la Saône-et-Loire (vers Charolles, Digoin, Gueugnon, Paray-le-Monial…) mais c’est aussi le cas d’une ville comme Montceau-les-Mines par exemple.
Comment expliquer ce manque de dentistes ?
Il y a plusieurs raisons. La principale est qu’il y a un numerus clausus pour les dentistes comme pour les médecins : environ 1 200 étudiants en dentaire sortent diplômés chaque année pour toute la France.En Bourgogne-Franche-Comté, il n’y a pas de faculté dentaire. Or, quand les dentistes finissent leurs études (le cursus dure 6 années), ils s’installent en général dans la région où ils ont été formés. "On a essayé de compenser ce phénomène en mettant en place un stage de 6e année au CHU de Dijon : cela permet de ramener quelques étudiants dans la région", explique Dominique Girardeau, président de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne.
Le manque de dentistes est aussi dû au fait que les jeunes diplômés ne veulent pas sacrifier leur vie personnelle. Ils refusent de travailler 10 heures par jour comme le faisaient leurs aînés.
Enfin, la profession se féminise, car les femmes réussissent mieux aux examens que les hommes, et celles qui ont des enfants ne travaillent pas forcément à plein temps.
Résultat : si 1 200 étudiants sont diplômés chaque année, ce nombre ne se retrouve pas sur le marché du travail en équivalents temps plein.
Quelles seraient les solutions pour résoudre cette pénurie ?
L’ordre des chirurgiens-dentistes a proposé d’associer un cabinet dentaire à chaque maison médicale. Mais, dans la pratique, cette idée est difficile à mettre en œuvre. D’abord parce qu’un cabinet dentaire coûte cher : il faut investir au minimum 150 000 euros dans du matériel qui doit être renouvelé régulièrement.Ensuite, il faut trouver des professionnels qui acceptent de s’installer dans en zone rurale. Il existe des aides pour ceux qui ouvrent un cabinet dans des zones très sous dotées : ils bénéficient d’une minoration importante des cotisations sociales et d’une aide financière pendant les cinq premières années. Mais, "malgré cela, on a du mal à trouver des candidats", reconnaît le président de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne.
Alors comment résoudre cette pénurie de dentistes ?
"La situation va peut-être s’inverser avec la suppression du numerus clausus", espère Dominique Girardeau.Il faudrait aussi que des dentistes étrangers continuent à s’installer en France. Ils sont déjà nombreux à le faire. Chaque année 400 à 500 praticiens étrangers s’installent en France. Ils sont originaires d’Espagne, du Portugal et de Roumanie principalement. Cet afflux permet de maintenir le système dentaire français.
Mais, malgré cela, le manque de praticiens se fait sentir dans de nombreuses zones. Pour le moment, on est dans l’incitatif et pas dans le coercitif (contrairement à ce qui se passe pour les pharmaciens ou les infirmiers). Cela va peut-être changer à l’avenir, mais "pour le moment ce n’est pas à l’ordre du jour", conclut le président de l’ordre des chirurgiens-dentistes de Bourgogne.