La CFE-CGC Areva a annoncé vendredi avoir déposé plainte pour "délit de fausse information" en faveur de salariés du groupe incités en 2013 à acquérir des actions par la direction qui leur aurait alors "volontairement caché" les difficultés du groupe.
Près de 15.000 salariés (14.670) sont potentiellement concernés, dont 11.726 en France, 2.134 en Allemagne et 810 aux Etats-Unis", a précisé à l'AFP Cyrille Vincent, président du syndicat national du nucléaire et des activités connexes SNNUC-CFE-CGC au nom duquel cette plainte contre X a été déposée en début de semaine à Nanterre.Ces salariés, préretraités et retraités des sociétés du groupe Areva, ont investi au total 29 millions d'euros en 2013 dans un fonds commun de placement d'entreprise (PEG) pour acquérir des actions Areva à des conditions privilégiées, et ont perdu "pratiquement la moitié de leur mise", selon
la CFE-CGC.
"La CFE-CGC considère que la situation du groupe était connue par les dirigeants dans la période mars-mai 2013 et qu'elle a été volontairement cachée aux salariés", ajoute le syndicat. "Les dirigeants d'Areva étaient conscients des difficultés de l'entreprise qu'ils ont volontairement masquées", a déclaré à l'AFP l'avocat du SNNUC-CFE-CGC, Cyril Cambon, qui collectera les plaintes individuelles au fur et à mesure de leur arrivée.
Une quinzaine ont déjà été recensées cette semaine, selon M. Vincent. "Les salariés vont être pénalisés trois fois: en tant que salariés, en tant qu'actionnaires et en tant que citoyens puisque ce sont leurs impôts qui risquent au final de payer la facture Areva, détenue majoritairement par l'Etat", a
ajouté Me Cambon.
Interrogée par l'AFP, Areva a indiqué "prendre acte de la plainte". "Nous étudions actuellement les éléments constitutifs de celle-ci. Face à la situation
actuelle d'Areva, qui impacte le cours de l'action du groupe, nous comprenons que certains salariés actionnaires expriment leur déception. Néanmoins, Areva s'est toujours conformé aux obligations légales en termes de communication financière", a déclaré un porte-parole.
"Par ailleurs, lors de la période de souscription au plan d'actionnariat salarié Areva en 2013, les salariés ont été informés qu'il existait un risque de perte en capital inhérent à tout achat et à la détention d'actions", a-t-il ajouté. Après une perte record de 4,8 milliards d'euros en 2014, Areva avait annoncé en avril un plan de restructuration, qui prévoit d'ici à 2017 quelque 6.000 suppressions d'emplois dans le monde, dont 3.000 à 4.000 en France.