Après plus de 40 années à faire vivre Anost (Saône-et-Loire) grâce à son hôtel et ses restaurants, René Fortin a décidé de prendre sa retraite. Une page qui se tourne pour ce village du Morvan, dans lequel l'intéressé est un véritable monument.
C'était une échéance à laquelle Louis Basdevant s'attendait, mais qu'il espérait la plus tardive possible. "Ça fait 50 ans qu'il est actif dans la commune", relate le maire d'Anost (Saône-et-Loire). "On savait bien que tôt ou tard, ça arriverait." Le couperet est finalement tombé le 24 février dernier : René Fortin, restaurateur et hôtelier, a annoncé prendre sa retraite.
Une décision qui, dans ce village de 700 âmes niché en plein cœur du Morvan, fait l'effet d'un tremblement de terre. "René Fortin, c'était tout simplement un monument local", résume Louis Basdevant. "Cette retraite, c'est véritablement une page qui se tourne pour la commune." Comme, d'ailleurs, pour le principal intéressé.
"Je ne m'étais jamais dit que cette vie-là aurait une fin"
Car, à 82 ans, René Fortin estime qu'il "est temps de poser [s]es valises". "J'ai commencé mon activité le 1er février 1973", se souvient-il. "Mon établissement, c'est mon bébé, alors ça me rend forcément un peu triste de le laisser. Je ne m'étais jamais dit que cette vie-là aurait une fin."
Pas plus que ses nombreux fidèles, qui ont manifesté par centaines leur soutien à la suite de l'annonce. Et qui, sur les réseaux sociaux, le charrient gentiment. "Déjà en retraite à 82 ans ? Ah les vieux c'est plus ce que c'était, ils ne veulent plus travailler !", écrit par exemple cet internaute.
► À LIRE AUSSI - Ils quittent l'Espagne pour reprendre un commerce dans le Morvan : "un besoin de calme et d'authenticité"
Soutien qui n'est pas sans émouvoir René Fortin. "Il est vrai que mon établissement a eu pendant de très longues années ses heures de gloire. Beaucoup de politiques, de comédiens, de chanteurs de variété... venaient sur Anost, à une époque. Ce qui fait qu'on a toujours eu une clientèle très variée. Évidemment, ça fait chaud au cœur de voir qu'on se souvient de nous."
"Je me suis battu pendant 50 ans pour faire vivre ce village"
Que va-t-il advenir des établissements Fortin une fois leur propriétaire à la retraite ? Celui-ci a annoncé sa volonté de vendre les bâtiments ainsi que les fonds de commerce, tout en précisant qu'il "ne s'agit pas d'une question d'argent. Je suis prêt à faire des concessions si ça peut éviter une fermeture."
Ce serait un drame d'avoir construit tout ça sans que personne le reprenne.
René Fortin,restaurateur et hôtelier à Anost
Car la profession peine à recruter, et le Morvan ne fait pas exception à la règle. Pour subvenir à ses besoins, à la fois dans son restaurant, son hôtel et sa pizzeria, René Fortin a besoin de 15 salariés... "mais on ne trouve tout simplement pas de personnel", déplore-t-il. "On doit ouvrir en mars, mais on ne sait absolument pas comment on va faire."
/regions/2024/03/01/hotel-fortin-65e20cf0c5ab3309283989.png)
Pour autant, que ceux qui comptaient passer par Anost dans un futur proche se rassurent : l'hôtelier n'a pas l'intention de fermer le rideau sans repreneur. "Je ne suis pas à la minute ! Je me suis battu pendant 50 ans pour faire vivre ce village. Je ne vais pas baisser les bras maintenant!"
