Ils sont menacés de sanction pour avoir parlé à des journalistes. Trois syndicalistes de l'usine Verallia de Chalon-sur-Saône voulaient alerté l’opinion publique sur un risque de " pollution à l'amiante". Ils ont été mis à pied. Un rassemblement de soutien était organisé ce lundi 20 janvier.
Ils sont un peu plus de 200 salariés rassemblés ce lundi 20 janvier devant l'usine Verallia de Chalon-sur-Saône. La CGT avait lancé ce jour une mobilisation dans les sept usines de Verallia de France pour soutenir trois syndicalistes mis à pied par la direction de l'entreprise. Une procédure disciplinaire est en cours contre eux. Deux sont convoqués pour un entretien ce lundi 20 janvier. Le troisième est convoqué mardi 21 janvier.
Mis à pied pour avoir alerté le public
Les 3 élus syndicats ont été mis à pied pour avoir alerté les médias et l'opinion publique. Ils dénoncaient un possible risque lié à l'amiante au sein de l'usine de Chalon-sur-Saone. Le 7 janvier dernier, un droit d'alerte a été rendu public par les 10 membres CGT du comité social et économique (CSE) de l’usine Verallia (ex Saint-Gobain) de Chalon. Ce droit d’alerte évoquait un "risque grave pour la santé publique et l'environnement par pollution à l'amiante".
"Ils nous reprochent deux points" explique Christophe Bride, secrétaire adjoint de la CGT Verallia, à la sortie de la réunion. "La première c'est l’entrée par effraction de deux journalistes de France 3 sur le site. Nous avons fait entrer 2 journalistes dans notre local syndical mais sans effraction. On est passé à la loge [pour signaler l’entrée dans les locaux] tranquillement, sereinement sans aucune action violente. La seconde chose, c’est un tract qu’ils jugent diffamatoire. Mais seul un juge peut décidé qu’il est diffamatoire. Selon nous, on est dans l’exercice syndical normal.
Des morceaux de toiture qui tombent
Puis, au mois de décembre, lors d’un épisode de vents violents, les salariés ont vu "des morceaux de toiture tomber au four 1 au soufflage". La CGT a donc fait analyser ces fragments de toiture par un laboratoire. Sur les 4 prélèvements effectués, 3 échantillons contiennent de l'amiante, explique le syndicat qui a alors décidé de lancer un droit d’alerte.
Aucune pollution mise en évidence selon la direction
Ces informations sont contestées par la direction de Verallia qui dit avoir effectué des mesures de la présence d'amiante dans l'air depuis l'incendie qu a eu lieu au mois de juillet. Les analyses "ont toutes démontré une absence de fibre d’amiante dans l’air, confirmant l’absence de danger pour les collaborateurs de l’usine comme pour les riverains" affirme la direction dans un communiqué publié ce 20 janvier. "En toute hypothèse, l’étude qui a été menée par la CGT visait la présence de fibre d’amiante dans les matériaux, usuelle dans les bâtis industriels, alors que les normes en vigueur visent le respect de seuils réglementaires dans l’air."
À la fin du mois de novembre 2019, de nouvelles mesures de la présence d’amiante dans l’air, au sein de la moulerie, ont été effectuées par un prestataire extérieur certifié. Les résultats sont les suivants : « Aucune fibre d’amiante n’a été dénombrée. Aucune pollution de la zone n’a été mise en évidence. ». Les salariés de l’atelier et la médecine du travail ont été tenus informés officiellement de ces résultats le 16 décembre 2019.À la suite de la tempête de décembre 2019, les nouvelles vérifications entreprises à partir du 7 janvier 2020 confirment l’absence de danger tant pour les salariés que pour les riverains. Les organisations syndicales ont clôturé l’alerte à l’unanimité le 17 janvier 2020", indique Verallia.
Verallia a porté plainte
"Par ailleurs, l’accusation d’assassinat portée à l’encontre de la direction est tellement grave et a tellement d’incidences préjudiciables que l’entreprise a décidé de porter plainte pour diffamation contre ses auteurs", ajoute la direction.
De son côté, la préfecture de Saône-et-Loire déclare que les plaques de couverture en fibrociment, "dont les fragments ne sont pas nécessairement émetteurs de fibres dans l'atmosphère", n'ont pas subi "une détérioration les rendant émettrices de fibres d'amiante".
Face à la polémique, la direction de Verallia a indiqué que de nouveaux contrôles de la qualité de l'air allaient être menés et qu’un organisme certifié allait effectuer des mesures pendant tout le mois de janvier.
Le reportage de Frédéric Cuvier et Romy Ho-A-Chuck
Intervenants :
- Christophe Bride, Secrétaire Adjoint CGT Vérallia
- Dominique Spinali, Délégué central CGT Vérallia
- Mohamed Oussedik, Secrétaire fédéral Fédération Verre et Céramique