Après la pénurie de serveurs dans la restauration, la pénurie de maîtres-nageurs dans les piscines. Les municipalités peinent à trouver des agents pour surveiller la baignade pendant les vacances d'été. Illustration en Saône et Loire.
Les vacances d'été débutent à peine que déjà, les pénuries se multiplient. Cette fois-ci, c'est au tour des piscines municipales de tirer la sonnette d'alarme : elles manquent cruellement de personnel pour encadrer la baignade.
"On a du mal à trouver des maîtres-nageurs.", confirme Patrice Martin, directeur de l'espace nautique du Grand Chalon, en Saône-et-Loire. "Ça fait une quinzaine d'années qu'on explique qu'une grosse génération de maîtres-nageurs va partir à la retraite. Et là, on y est."
Des difficultés à intéresser les jeunes
Pour pallier ce manque d'encadrants, les municipalités essaient tant bien que mal d'attirer les jeunes et de susciter des vocations chez eux. Problème : le métier de maître-nageur semble victime d'un véritable désamour.
"Le métier est intéressant... après, je trouve que c'est assez rébarbatif", avoue Alice, titulaire d'un Brevet de nageur secouriste et saisonnière au Grand Chalon. "On fait de la surveillance, de l'enseignement, mais je ne me vois pas faire ça toute ma vie."
Même constat à la piscine municipale de Digoin, où Charlyne, 23 ans, occupe elle aussi un poste de nageur-sauveteur pendant ses vacances universitaires. "C'est un travail étudiant, je suis de la région donc c'est pratique pour moi de travailler ici. Mais pour devenir maître-nageur, c'est une formation d'un an. Ce n'est pas dans mes projets."
En plus de cette longue formation, les salaires n'ont pas connu de hausse depuis plusieurs années. Ils dépassent à peine 1 300 euros pour les maîtres-nageurs débutants, qui doivent également accepter de travailler les samedi et dimanche. Des conditions somme toute peu attirantes pour des jeunes diplômés qui arrivent sur le marché de l'emploi.
Financer les formations pour attirer ?
Le Grand Charolais, l'intercommunalité qui gère les bassins de Charolles, Digoin et Paray-le-Monial, propose d'aider financièrement, à hauteur de 500 euros, les candidats qui souhaitent passer le BNSSA, le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique.
"Les jeunes qui bénéficient de cette somme s'engagent à venir surveiller nos bassins pour deux étés", précise Catherine Clergué, vice-présidente à la Jeunesse enfance et sports au Grand Charolais. "Mais ce n'est qu'une visibilité sur le court terme, on aimerait bien fidéliser." Et malgré cette aide, deux saisonniers sont toujours manquants pour cet été.
À Chalon, l'option de l'aide à la formation est également privilégiée. "On essaie de se rapprocher des organismes de formation pour prendre des jeunes en contrat d'apprentissage", indique Patrice Martin. "Pendant un an, ils sont en formation en alternance, comme ça ils découvrent le métier sur le terrain. Mais avec la période covid, les formations ont été un peu à l'arrêt."
Les conséquences de la pénurie devraient se faire sentir dès le mois d'août dans l'espace aquatique de la ville. Des activités seront en effet supprimées, tandis que les horaires d'ouverture seront réduites jusqu'à la fin des vacances.