Fermes incendiées à Simandre : planques nocturnes, lunettes thermiques... Comment les gendarmes ont arrêté le pyromane

Après l'arrestation d'un pompier volontaire, suspecté d'avoir brûlé toutes les exploitations agricoles de Simandre (Saône-et-Loire), les gendarmes reviennent sur cette enquête hors-normes, ouverte dès la fin juin.

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Ils étaient à ses trousses depuis le début de l'été. La semaine dernière, les gendarmes de Saône-et-Loire ont enfin mis la main sur leur unique suspect : un pompier volontaire d'une trentaine d'années. Il est soupçonné d'avoir mis le feu à 7 reprises, aux 5 exploitations agricoles de ce gros village de 1 700 habitants. Aujourd'hui, les gendarmes, dont la parole est d'ordinaire rare, reviennent longuement dans un communiqué sur ce fait divers hors normes, qui a profondément marqué les habitants. 

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Une "partie de billard à plusieurs bandes"

"Dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 novembre, un nouvel incendie est venu accélérer la résolution de l'enquête", indique le commandant de la compagnie départementale de Louhans, le chef d'escadron Paul Remy-Neris. "Il a fallu attendre ce dernier fait pour disposer d'éléments probants" et interpeller le suspect "en toute sécurité".

Les gendarmes expliquent qu'au départ, ils n'étaient pas certains que les incendies étaient d'origine criminelle. En effet, depuis le premier départ de feu le 30 juin, d'autres incendies ont eu lieu pendant les fortes chaleurs et la sécheresse de l'été, laissant planer le doute : il aurait pu s'agir d'accidents. Mais "la réitération des faits dans un périmètre restreint" (au sein du village de Simandre) fait rapidement pencher l'enquête vers la piste criminelle. 

Dès lors, les gendarmes sortent les grands moyens. Les enquêtes, au départ traitées séparément, sont regroupées. Le commandant Remy-Neris parle d'une "partie de billard à plusieurs bandes".

"L’ensemble des techniques d’enquête autorisées par le parquet seront déployées"

Paul Remy-Neris

chef d'escadron

Les gendarmes de Louhans et de Mâcon se relaient sur place, à Simandre. Le but : avoir un effet "dissuasif", mais aussi "regonfler les batteries de tout le monde, agriculteurs en premier"... et surtout, enquêter sur les "personnes ciblées" comme de potentiels suspects. Ainsi, les militaires du PSIG de Louhans passent plusieurs nuits à "planquer", en observation sur le secteur avec des monoculaires thermiques (des lunettes de vision nocturne).

Consigne est également donnée aux habitants et élus locaux (le frère du maire de Simandre a lui-même été sinistré) de diffuser le moins possible d'éléments sur les réseaux sociaux. Ces informations "constituaient une base d’informations exploitables par le pyromane que nous recherchions", note le commandant.

Des agriculteurs traumatisés

Aujourd'hui, l'arrestation du suspect des incendies est "un soulagement pour tout le monde, tant la psychose avait gagné ce village réputé paisible", salue la gendarmerie. Le commandant de la compagnie de Louhans tient à adresser ses pensées aux agriculteurs victimes, "profession ô combien importante pour notre pays" qui a durement été touchée. Paul Remy-Neris dit avoir été "très marqué par cette fragilité exprimée par les agriculteurs" qui avaient perdu non seulement leur outil de travail, mais surtout l'héritage familial que représentait leur ferme.

"La violence du feu a fait disparaître à jamais des souvenirs"

Paul Remy-Neris

chef d'escadron

Au total, le dossier du "pyromane de Simandre" a mobilisé une cinquantaine de gendarmes, notamment des spécialistes du profilage (département des sciences du comportement de l'IRCGN) et des enquêteurs ANACRIM (spécialisés dans le rapprochement d'enquêtes).

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Quand au fond de l'affaire : qu'est-ce qui a pu pousser un homme, pompier volontaire de sucroît, à incendier toutes les fermes de son village ? Pour l'instant, nous n'avons pas les réponses. Le mis en cause les livrera peut-être lors de son procès, début janvier 2024. D'ici là, il restera en détention provisoire. Il encourt jusqu'à 10 ans de prison de 150 000 euros d'amende.

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