Un trou béant s'est ouvert le 13 avril sur la commune de Grury (Saône-et-Loire), à l'aplomb d'une ancienne mine d'uranium. Surprenant, mais l'exploitation de l'uranium dans le massif du Morvan a débuté dans les années 1940 et a duré plusieurs décennies.
C'est à la suite d'un effondrement du sol au-dessus d'une ancienne mine d'uranium sur la commune de Grury (Saône-et-Loire), que certains d'entre nous ont découvert que le Morvan exploitait ce métal dans le passé.
Un gisement "historique"
L’exploitation de l’uranium a débuté avec la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) par le général Charles de Gaulle en 1945. Ayant fait le choix de devenir une puissance nucléaire, à la fois civile et militaire, la France cherche à assurer son autosuffisance en uranium.
Dès 1945, deux missions de recherches s'installent en Saône-et-Loire : à Saint-Symphorien-de-Marmagne, puis à Grury. Un certain nombre d'indices de présence de pechblende (minéral radioactif qui représente le principal minerai d'uranium) étaient connus dans le Morvan. En effet, au début du siècle, répondant à l'appel de Pierre et de Marie Curie, un prospecteur nommé Hippolyte Harlot s’était mis en quête de gisements de radium. C'est à cette occasion qu'il prospecta une partie du Morvan.
En 1945, des prospecteurs découvrent les premiers filons économiquement intéressants à Grury, notamment au lieu-dit de La Faye, là où s'est produit l'effondrement de ce 13 avril 2024.
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"C'est un gisement historique, l'un des premiers en France", explique Pierre-Christian Guiollard, docteur en histoire des sciences et des techniques, spécialiste des industries minières, contacté par France 3. Cette mine a été exploitée dès 1947.
Grury, au plus fort de son exploitation, comptait 300 mineurs en 1956/1957
Pierre-Christian Guiollarddocteur en histoire des sciences et des techniques, spécialiste des industries minières
"Le village s’est développé grâce à la mine. On a construit des écoles pour les enfants des prospecteurs et des mineurs qui venaient d’ailleurs. La main-d’œuvre venait d’autres régions", explique le spécialiste.
Une quinzaine de gisements, mais de petite taille
Le Morvan compte une quinzaine de gisements de pechblende. Son massif granitique est favorable à la découverte d’uranium. On en retrouve aussi dans le Limousin et en Bretagne. "Mais les gisements du Morvan sont modestes, ils sont nombreux mais de dimensions limitées", souligne l'historien Pierre-Christian Guiollard.
Les installations provisoires sont remplacées en 1953 par un nouveau puits profond de 91 mètres. L’exploitation s’achève en décembre 1957 après avoir produit 28 370 tonnes de minerai contenant 50,6 tonnes d’uranium métal.
En 1976, les minéralisations de surface sont exploitées par une mine à ciel ouvert qui produira 60,5 tonnes d’uranium métal. Mais en 1984, l'exploitation prend définitivement fin. "D’une manière générale, on a exploité les gisements jusqu’à leur fin. Les quantités d’uranium se sont taries."
L'aventure de l'uranium en France s'achève en 2001 en Limousin avec la fermeture de la dernière mine encore en activité, celle de Jouac en Nouvelle-Aquitaine.
► Après l'effondrement de terrain de ce samedi 13 avril, un périmètre de sécurité de 3 hectares a été mis en place, mais les experts n'ont détecté aucune radioactivité anormale. Le préfet de Saône-et-Loire prévoit tout de même un déplacement ce mardi 16 avril sur place, en fin de journée pour faire le point.