INSOLITE. Pour empêcher sa fermeture, les parents d'élèves mettent en vente une salle de classe sur le Bon Coin

Les parents d'élèves d'Auxy, en Saône-et-Loire, ont le sens de l'humour. Pour empêcher la fermeture annoncée d'une des quatre classes de l'école du village, ils ont choisi un mode de protestation 2.0. Deux annonces ont été publiées sur le site de vente en ligne : une pour retrouver un "repreneur" à la salle de classe, l'autre pour recruter des élèves.

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"A vendre à Auxy (71). Belle salle de classe : environ 40m2, meublée, lumineuse(...) Opportunité à saisir rapidement, disponible dès septembre si rien ne change". Voilà un extrait de ce que l'on peut lire sur une annonce insolite publiée dimanche 26 février sur Le Bon Coin. Nous sommes ici loin des traditionnelles offres habituellement publiées sur le site de vente en ligne.

Et pour cause, l'annonce est fictive et émane d'un collectif de parents d'élèves du village d'Auxy, en Saône-et-Loire, révolté contre la suppression d'un poste de professeur dans leur école communale, synonyme de fermeture de classe. "On a appris la nouvelle début janvier. Depuis, nous menions des actions classiques : tracts, banderoles devant l'école, etc, détaille Noémie Migault, jeune maman de deux petits garçons scolarisés à Auxy, à l'origine de l'idée. Mais on voulait aller plus loin, réussir à faire parler de nous. C'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu" .

Mission réussie. Leur annonce a créé un buzz aussi bien dans les médias que sur les réseaux sociaux. Mais derrière l'humour potache mis en scène se cache une réalité beaucoup moins drôle que les habitants d'Auxy veulent à tout prix mettre en lumière. "Petit à petit, nos campagnes sont en train de tout perdre : d'abord nos commerces, puis nos agriculteurs, et enfin nos écoles. La ruralité ne devait pas être touchée !" s'insurge Laetitia Carry, mère d'élèves et conseillère municipale.

A Auxy, c'est la classe des tout-petits qui devrait ainsi fermer ses portes en septembre, faute d'effectifs. Les élèves seront alors regroupés dans les trois classes restantes. Un constat qui inquiète les parents : "Les enfants qui ont des facilités d’apprentissage, ça va être génial pour eux, parce qu’un CP qui va se retrouver avec des CE2 va pouvoir évoluer énormément, souligne Gaëlle Muller, représentante des parents d'élèves de la commune. Mais un enfant qui a beaucoup de difficultés va rester à la traîne. Est-ce que l’instituteur aura le temps de s’occuper de tout le monde ? Peut-être pas forcément".

On se bat aussi pour l'avenir de nos instituteurs. Ils apportent une éducation extrêmement enrichissante à nos enfants, qui est même remarquée lors du passage au collège. On ne veut pas perdre ça

Noémie Migault,

mère d'élèves à Auxy, à l'origine de la pétition

Car oui, l'avenir des enseignants est aussi au centre des préoccupations, comme l'explique Noémie Migault : "On se bat aussi pour l'avenir de nos instituteurs. Ils apportent une éducation extrêmement enrichissante à nos enfants, qui est même remarquée lors du passage au collège. On ne veut pas perdre ça".

Les parents ont donc une solution : recruter des nouveaux élèves. Dans cette optique, une deuxième annonce Le Bon Coin a été publiée. Son intitulé : "URGENT : recrutement d'élèves pour empêcher une fermeture de classe". Y sont listés les atouts d'Auxy pour séduire de jeunes couples avec enfants.

Le défi : trouver 7 élèves d'ici septembre 2023

Le sauvetage est-il réalisable ? Le maire de la commune, Stéphane Favre, veut y croire. Si l'édile émet quelques réserves quant aux annonces sur Le Bon Coin, précisant bien que "la municipalité n'y est pas mêlé" et craignant "que cela complique les discussions avec le rectorat", il soutient les parents d'élèves dans leur protestation.

"On est toujours un peu frustré de voir les choses qui fonctionnent disparaître, admet Stéphane Favre. Donc on essaye de se battre avec nos armes. Actuellement, on recense les logements vacants sur la commune pour voir ce qu'on pourrait proposer à des nouveaux parents". L'équation est simple : il faudrait 73 élèves pour que la classe reste ouverte, contre 66 aujourd'hui.

► À LIRE AUSSI : CARTE. En Saône-et-Loire, 48 classes du premier degré vont fermer à la rentrée 2023

La course contre la montre est donc lancée. Si elle n'est pas gagnée, le maire d'Auxy craint le pire pour sa commune : "Auxy est à dix minutes du centre d’Autun. La plupart de nos administrés actifs travaillent sur Autun. Si on n’a plus de services à proposer, il est clair que les gens scolariseront et emmèneront leurs enfants là-bas".

Contactée, l’Education nationale ne souhaite pas s’exprimer sur cette vente de salle de classe. En Saône-et-Loire, 48 communes vont perdre une classe l’année prochaine. Sept sont encore en suspens. Le Rectorat procédera à un dernier recomptage des élèves en septembre pour décider de leur maintien .

Avec Alexandre Baudrand

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