La mairie interdit un parking pour les camions, le resto routier dénonce "un harcèlement"

C'est un conflit qui se cristallise autour d'un parking pour chauffeurs routiers. La mairie du Miroir (Saône-et-Loire), propriétaire du terrain, juge les camions trop bruyants et empêche depuis septembre les routiers d'y stationner la nuit. Le restaurant attenant, quant à lui, voit baisser son chiffre d'affaires depuis cette décision et compte bien obtenir le retrait de l'arrêté.

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Chaque soir, une trentaine de camions s’alignaient sur le parking en terre. Depuis quelques jours, il n’y en a plus qu’une dizaine, garés près de l’Auberge de L’Ombelle. La faute à un petit panneau, planté là il y a deux mois par la mairie du Miroir (Saône-et-Loire) : "Ce terrain est municipal. Il n’est pas un parking réservé aux poids-lourds, ni des toilettes publiques." 

En clair : les camions qui font escale ici pour la nuit n’ont plus le droit de stationner, sous peine d’une amende de 135 euros. A deux pas de l’A39, le lieu était stratégique pour les routiers : possibilité d’y mettre le chauffage la nuit, de prendre une douche et surtout de se restaurer à l’auberge attenante.

Les premières verbalisations ont vite circulé sur les réseaux sociaux, et effrayé la plupart des chauffeurs. À l’Auberge de l’Ombelle, c’est la désillusion. "On travaille beaucoup le midi parce qu’on a des ouvriers, des représentants… Mais le soir, on n’a plus de camions. Les routiers ne viennent plus", déplore Virginie Batifoulier, gérante depuis 17 ans. Le soir, le chiffre d’affaires aurait chuté de 40%.

"Une deuxième maison"

Ce mercredi midi, les routiers attablés ne comprennent pas cet interdit. "Un routier à l’heure actuelle n’a plus le droit de manger, de se chauffer, de se rafraîchir l’été, même de dormir, en fait !", s’agace Christophe. Un autre chauffeur international, habitué des lieux, ne sait pas comment s’organiser : "Presque chaque semaine, je viens parce qu’on mange bien, les douches sont propres. C’est une deuxième maison, c’est comme chez nous ici."

Avec son associée Sophie Beffy-Digleria, Virginie Batifoulier veut se faire entendre. Sur la façade de l’Auberge, une grande bâche jaune affiche ces mots : "Stop aux harcèlements de la mairie". La mairie, qui serait la seule responsable, selon elles, de leur malheur. Le terrain leur appartient. "La nouvelle municipalité trouve que les camions font trop de bruit, s’énerve Sophie Betty-Digleria. Mais les plus proches maisons sont derrière, c’est un lotissement à 50 mètres du parking. Il n’y a pas de maison collée. Depuis que l’auberge a été créée, on a toujours utilisé ce parking."

"Nuisances sonores"

Contacté, le maire du Miroir, Philippe Cauzard, n’a pas souhaité répondre à nos questions pour ne pas "envenimer la situation". Il explique vouloir protéger les riverains des nuisances sonores et ajoute que le parking municipal n’a pas vocation à servir aux poids lourds.

Malgré les demandes des restauratrices, le maire n’a pour l’instant pas accepté de retirer l’arrêté. Elles doivent patienter deux mois avant de saisir le tribunal administratif. Leur avocate, Me Annabelle Germain-Lamartine, détaille : "On va bien sûr demander des compensations financières pour le manque à gagner, car la SARL L’Ombelle souffre d’une perte d’exploitation très importante depuis cet arrêté."

Ce mercredi 18 octobre, une dizaine de routiers a répondu à l’appel de Sophie et Virginie. Ils sont venus afficher leur soutien et demander le retrait de l’arrêté. Pour pouvoir de nouveau passer la nuit sur le parking de l’Auberge de L’Ombelle.

► Avec Alexandre Baudrand.

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