Nucléaire : deux groupes japonais prennent 10% du capital d'Areva

Le groupe nucléaire Areva, qui possède plusieurs sites en Bourgogne, poursuit son plan de redressement. Deux groupes japonais font leur entrée à hauteur de 10% dans le capital de NewCo, une entité liée au cycle du combustible.

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Le groupe nucléaire en difficulté a concrétisé une nouvelle phase de son redressement vendredi 3 février 2017.

En quoi consiste l’accord d'Areva avec les Japonais ?

Les entreprises japonaises Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et JNFL (Japan Nuclear Fuel Limited) ont annoncé un investissement de 250 millions d'euros chacun, en contrepartie de 5% du capital de NewCo chacun.
Le capital de cette nouvelle entité recentrée sur le cycle du combustible, "reste ouvert à d'autres investisseurs stratégiques qui s'inscriraient dans le même cadre que les accords en cours de finalisation", souligne Areva. Cette déclaration peut être considérée comme un signal adressé au chinois CNNC avec qui les négociations sont dans l'impasse.

Areva, dont le plan de sauvetage a été approuvé par Bruxelles, doit procéder cette année à des augmentations de capital d'un montant total de 5 milliards d'euros, souscrites à hauteur de 4,5 milliards d'euros par l'Etat français, son actionnaire majoritaire.

L'enveloppe restante sera donc apportée par le Japonais MHI et son compatriote JNFL, ce dernier étant sur le point de boucler les discussions. "Nous devons encore signer un accord de base mais nous y sommes presque. Nous allons investir 250 millions d'euros pour prendre 5%" de NewCo, a indiqué un porte-parole, contacté par l'AFP.

"Les négociations se poursuivent avec ces deux investisseurs stratégiques en vue de finaliser la documentation", a souligné Areva, qui est détenu à 86,5% par l'Etat français (directement et indirectement). L'ex-fleuron du nucléaire français tient dans la journée deux assemblées générales des actionnaires en vue d'approuver la double augmentation de capital, l'une de 3 milliards d'euros pour NewCo, et l'autre de 2 milliards d'euros pour Areva SA (holding de tête du futur groupe).


Que se passera-t-il si l’opération est validée ?

Si l'opération est validée, elle ne pourra pas avoir lieu dès février comme l'espérait Areva, car Bruxelles a assorti son feu vert à cette restructuration à deux conditions :
-l'autorisation par la Commission européenne du rachat d'Areva NP par EDF
-la conclusion positive des analyses des anomalies observées sur la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche). Rappelons que des anomalies ont été détectées dans l'acier de cette cuve forgée dans l’usine du Creusot, en Saône-et-Loire.

Le groupe nucléaire précise que l'augmentation de capital de NewCo "se fera en deux temps" :
-l'Etat souscrira d'abord à une augmentation de capital réservée pour un montant de 2,5 milliards d'euros après la levée des conditions préalables fixées par Bruxelles.
-puis, l'investissement nippon de MHI et JNFL interviendra après la cession d'Areva NP à EDF.



De quand date la "collaboration" avec les Japonais ?

Areva rappelle "collaborer depuis de nombreuses années avec MHI et JNFL". "A travers cet accord, je suis ravi de pouvoir contribuer à la réorganisation de l'industrie nucléaire en France", a commenté le PDG de MHI, Shunichi Miyanaga, disant espérer renforcer encore ce partenariat via "des investissements futurs". Et de vanter "les capacités technologiques" de NewCo, promis selon lui à "une solide croissance".

En 1991, MHI et Areva avaient créé une coentreprise dans le secteur du cycle du combustible.
En 2007, les deux groupes ont lancé le développement d'un réacteur à eau pressurisée (PWR) de moyenne puissance, Atmea-1.

MHI a par ailleurs précisé être également en négociations pour entrer au capital d'Areva NP, aux côtés d'EDF.

NFL connaît également bien Areva pour avoir adopté une grande partie des technologies du groupe français dans son usine de retraitement de combustible nucléaire de Rokkasho (nord du Japon), site qui n'est cependant toujours pas entré en fonctionnement.


Où en sont les discussions avec les Chinois ?

Un autre investisseur asiatique, le chinois CNNC, avait pris part aux discussions en vue d'une entrée au tour de table avant de jeter l'éponge. "Les négociations n'ont pas abouti à ce stade", avait déclaré une source proche du dossier à l'AFP, précisant que les exigences des Chinois avaient été jugées inacceptables.

La France souhaitait que les investisseurs chinois et japonais détiennent la même participation au capital de NewCo, alors que Pékin voulait être le premier actionnaire derrière l'Etat français, selon des informations de presse.
Les Chinois exigeaient aussi un représentant au conseil d'administration de NewCo, une demande rejetée par l'Etat.
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