Le parquet de Paris a demandé la fin des investigations dans plusieurs enquêtes pénales concernant l'amiante. Le CAPER Bourgogne a organisé un rassemblement devant le tribunal de Mâcon, en Saône-et-Loire, jeudi 6 juillet 2017 pour dénoncer cette décision.
L'amiante, interdite en 1997, est jugée responsable de 10 à 20 % des cancers du poumon et pourrait provoquer 100 000 décès d'ici 2025.Sur le site de production Eternit de Vitry-en-Charollais, par exemple, les morts par mésothéliome se comptent par dizaines. Le Comité Amiante Prévenir et Réparer en a recensé près de 140 et l'on compte régulièrement de nouvelles victimes.
Depuis 1996, des travailleurs exposés à ce produit qui fut très utilisé dans certains secteurs de l’économie ont commencé à porter plainte. Mais, les dossiers traînent depuis des années.
"100.000 morts de l'amiante annoncées, 21 ans d'instruction pour en arriver là ! C'est un véritable naufrage de l'institution judiciaire", estiment les associations des victimes de l’amiante.
Pour elles, il s'agit d'un "énorme scandale judiciaire" qui prépare "un enterrement de première classe".
Va-t-on vers des non-lieu pour tous les responsables qui avaient été mis en examen ?
Cette décision risque de "faire prospérer des non-lieu pour tous les responsables, petits ou grands, qui avaient été mis en examen dans tous les dossiers pénaux de l'amiante", s'indignent les associations. Elles précisent d’ailleurs que "la clôture de l'instruction a été notifiée dans une vingtaine de dossiers dont ceux d'Eternit, Valeo ou Everite (Saint-Gobain)".Le CAPER Bourgogne avait appellé la population à un grand rassemblement devant le tribunal de Mâcon "pour exiger que les procès au pénal des dossiers Amiante arrivent à leur terme et que les responsables de ce scandale sanitaire soient condamnés". Si un non-lieu était prononcé, le CAPER 71 et les autres associations feraient appel de la décision.
Le parquet de Paris a justifié sa décision en expliquant que "le diagnostic d'une pathologie liée à l'amiante fait la preuve de l'intoxication, mais ne permet pas de dater l'exposition ni la contamination". Cet argument sur l'impossibilité de déterminer une date d'intoxication est la porte ouverte à d'autres produits dangereux, estime Jean-François Borde, président du CAPER 71.
Un reportage de Romy Ho-a-Chuck, Dalila Iberrakene et Lucile Feuillebois
Intervenants:
-Yvette Bertin, veuve d'un ouvrier victime de l'amiante
-Alain Blanchard, ouvrier pendant 35 ans à Eternit
-Roland Aubret, ouvrier pendant 4 ans à Eternit
-Jean-François Borde, président du CAPER 71