La réforme des retraites fait parler d’elle sur bien des points de désaccord. Celui que l’on connait tous avec l'âge légal reculé à 64 ans, mais aussi parce que les femmes seraient davantage pénalisées que les hommes.
Une "réforme pour les femmes" ? C'est ce qu'affirme la Première ministre Elizabeth Borne. La réalité serait tout autre selon les syndicats. Car du fait de l’inégalité salariale existante au sein des entreprises entre les hommes et les femmes, ce sont majoritairement les femmes qui prennent le congé parental.
Une réforme "inadmissible et inacceptable"
"On sait qu’une femme s’arrête et prend des congés parentaux pour éduquer ses enfants. Sauf que ces congés ne sont pas comptabilisés dans les annuités. Ce qui va donc, inévitablement, rallonger son temps de travail et reculer son départ à la retraite, explique Emilie Quandalle, secrétaire générale de l'union CGT de Mâcon. Pour avoir une retraite à taux plein, c’est au moins un départ à la retraite à 67 ans. Ce qui est inadmissible et inacceptable."
Périodes d’inactivité, travail domestique, temps partiel ou encore carrière dite hachée, la liste des inégalités est longue et pèse davantage sur les retraites des femmes que celle des hommes.
"Dans les foyers, les femmes sont payées moins chers, donc c’est plus facile pour une femme d’arrêter de travailler pendant un an et demi deux ans, qu’un homme qui rapporte bien plus à la maison."
Emilie Quandalle, secrétaire générale de l’union CGT de Macon
Ce que revendiquent aujourd’hui les associations et organisations syndicales, c’est d’abord une égalité salariale. "Le choix ne se poserait pas au sein d’un foyer si l’homme et la femme gagnait autant", complète Karine Drijsen, secrétaire de l’association Femmes solidaires Mâcon. Pour elle, si un enfant est un choix, il ne devrait en aucun cas être pénalisant.
Une pension de retraite 40% supérieure pour les hommes
Chantal Blanchard, mère de deux jumelles, est concernée. Et ce n’est en rien une situation anecdotique. A 29 ans, elle devient maman. Naturellement, et comme beaucoup d’autres femmes, elle prend un congé parental de quatre trimestres, après quoi elle éprouve des difficultés à retrouver un emploi. "J’avais un travail instable. Financièrement, c’était logique que mon mari continue de travailler." 30 ans plus tard, elle doit décaler son départ à la retraite d’un an, pour espérer bénéficier d’une meilleure pension.
"S’occuper de ses enfants et les élever, c’est une activité à plein temps et on aimerait que ce soit reconnu"
Chantal Blanchard, mère de deux jumelles
En fonction de l’année de naissance et du temps d’arrêt de travail, les femmes vont partir à la retraite un à quatre mois plus tard que les hommes. En 2021, un homme percevait une pension de retraite 40% supérieur.