"Nécessité ", "passage en force" : les réactions des sénateurs bourguignons après le vote du projet de loi sur les retraites

Le Sénat a adopté dans la soirée du 11 mars le texte sur la réforme des retraites. Avec 195 voix pour et 112 contre, ce vote vient conclure une semaine de débats tendue à la Chambre haute. Entre amertume et sentiment du devoir accompli, retrouvez les réactions des sénateurs bourguignons.

C'est une semaine de débat houleux qui s'est achevée au Sénat, samedi 11 mars, en toute fin de soirée. Avec 195 voix pour et 112 contre, la Chambre haute a adopté le projet de loi de réforme des retraites, non sans péripéties.

Un soulagement pour François Patriat, sénateur de Côte-d'Or et chef de file du groupe Renaissance au palais du Luxembourg : "Hier soir, nous avons terminé à minuit et demi après neuf jours de débats", explique-t-il.

"La leçon à retenir, c'est que la majorité du Sénat a voté pour ce texte et s'est rendu compte qu'il était nécessaire pour sauver le système de retraite par répartition de notre pays. Par le même coup, c'est la solidarité intergénérationnelle française qui est en jeu".

Cet argument de la nécessité est aussi celui avancé par les différents sénateurs républicains interrogés. A la Chambre haute, c'est leur groupe, majoritaire, qui a fait pencher la balance dans le sens du gouvernement : "Mais attention, j'ai voté ce texte sans grand enthousiasme" fait tout de suite remarquer Marie Mercier, sénatrice de la Saône-et-Loire. "Au départ, j'étais même contre. Mais je me suis rendu compte que si je voulais que mes petits-enfants aient une retraite digne, on n'avait pas le choix."

L'élue reste malgré tout sur sa faim. Pour quelles raisons ? "A cause de la procédure 44-3 engagée par le gouvernement, qui oblige le Sénat à se prononcer par un seul vote sur l'ensemble du texte, de nombreux amendements que nous voulions proposer n'ont pas pu être débattus" explique la médecin de profession.

Dans son viseur, l'opposition de gauche, "qui n'a pas aidé en faisant obstruction aux débats, avec les dizaines d'amendements déposés". Une affirmation que réfute Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire, affilié au Parti Socialiste : "Avec les groupes de gauche, nous avons mené un combat juste contre une réforme dont les Français ne veulent pas".

Pour lui, l'obstruction est plus à chercher du côté du gouvernement : "Nous étions bâillonnés dans le débat face à un parti présidentiel qui s'entête. Je ne sais pas ce que la droite est allée faire avec eux, si ce n'est partager la grande impopularité du président de la République et de cette réforme".

Car c'est un fait, l'opinion publique rejette en grande partie ce projet de loi, comme l'ont encore montré les manifestations cette semaine. Fabien Genet, sénateur LR de Saône-et-Loire, qui a voté en faveur de la réforme, le concède: "Faire admettre aux Français qu'ils doivent fournir un effort supplémentaire, c'est toujours difficile. Mais face à une démographie qui augmente et un nombre de travailleurs qui diminue, il faut évoluer. D'autant plus que nous sommes un des pays d'Europe avec l'âge de départ à la retraite le plus bas".

Un projet de loi légèrement amendé par les sénateurs républicains

Le parcours législatif de cette réforme n'est lui pas terminé. Dès mercredi, le projet de loi sera entre les mains d'une Commission mixte paritaire (CMP) composée de 7 sénateurs et 7 députés. Ils seront chargés de trouver un compromis pour une version commune aux deux chambres.

Y arrivera-t-elle ? François Patriat, lui, veut en tout cas y croire : "Historiquement, les CMP ont souvent réussi à trouver un terrain d'entente. Et puis de nouveaux amendements ont été adoptés lors des débats au Sénat, ce qui, je l'espère, apaisera les débats".

Je considère que cette loi n'est pas juste. Jeudi, je voterai donc contre

Hubert Brigand,

député (Les Républicains) de la 4ᵉ circonscription de la Côte-d'Or

Les Républicains ont en effet ajouté au projet de loi différents amendements comme le dispositif "CDI fin de carrière", pour favoriser l'emploi des seniors, ou encore une surcote des pensions pour les femmes ayant plus de 43 annuités travaillées. Assez pour convaincre la CMP ? Réponse mercredi.

Quelle que soit l'issue, le texte reviendra jeudi 16 mars devant les deux chambres. Au Sénat, les élus républicains interrogés ont déjà annoncé qu'ils revoteraient en faveur du texte si et seulement si les amendements arrachés de haute lutte cette semaine étaient présents dans la 2e version du projet de loi.

A l'Assemblée nationale, l'affaire promet également d'être tendue. Les voix des Républicains sont indispensables pour faire passer la réforme sans 49-3. Problème, les députés de droite se montrent moins favorables à la réforme des retraites que leurs collègues sénateurs.

Ainsi, Josiane Corneloup, députée de la 2ᵉ circonscription de Saône-et-Loire, avait fait part en février dernier à nos confrères du Journal de Saône-et-Loire de son indécision face à ce projet de loi.

Son confrère Hubert Brigand, député de la 4ᵉ circonscription de Côte-d'Or a été plus clair : "Je considère que cette loi n'est pas juste", a-t-il confié à France 3 Bourgogne. "Jeudi, je voterai donc contre. Le report de l'âge légal à 64 ans n'est pas indispensable et a créé de l'inquiétude au sein de la population. Je pense qu'il y avait d'autres solutions."

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