Le gouvernement a déposé un amendement prévoyant d'autoriser les casinos en ligne en France dans le cadre du projet de budget 2025. Le problème : les casinos et les communes dans lesquelles ils sont installés craignent cette nouvelle concurrence. Laurent Bourgoin, directeur du casino de Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) a répondu à nos questions.
Et si demain les casinos en ligne étaient légalisés en France ? C'est une question qui se pose plus que jamais alors que le gouvernement a déposé un amendement prévoyant de les autoriser dans le cadre du projet de budget 2025.
Si les syndicats nationaux décrivent une véritable "boîte de Pandore" dans une tribune publiée dans Le Figaro, les casinos ruraux de Bourgogne parlent même de "cataclysme". Laurent Bourgoin, directeur et responsable du casino de Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire nous a confié ses inquiétudes.
Que représente cet amendement pour vous ?
Laurent Bourgoin : C’est une vraie crainte pour notre volume de jeu. On va forcément perdre des clients. (Certains) vont se porter sur les casinos en ligne, donc on va perdre du produit brut de jeu. Si on perd du produit brut de jeu, ça va impacter toute la chaîne derrière, on va être plus en difficulté.
Après, ça va dépendre des casinos. Certains ne sont plus à l’équilibre et perdent déjà de l’argent, pour ceux-là cela va être définitif. Pour Bourbon-Lancy, c’est un casino qui fonctionne plutôt bien, mais on aurait quand même une grosse perte de produit brut de jeu.
À quoi peut-on s'attendre pour les casinos français ?
LB : Tous les pays d’Europe sont passés au jeu en ligne. Il ne reste que nous et Chypre. Donc on a un questionnement : est-ce que cela va nous impacter autant que les autres ? Si c’est autant que les autres, on sera entre 20 et 30 % de baisse de produit brut de jeu, ce n’est pas rien. Si nous, on gagne moins d’argent, forcément on va réduire les coûts sur certaines choses, peut-être moins de salariés... Tout va être impacté.
Franchement, c’est une très grande inquiétude. En plus, il y a des prévisions de taxes supplémentaires qu’ils veulent rajouter sur les casinos. Cela plus le jeu en ligne, c’est un cataclysme qui arrive. Ça va secouer énormément le monde des casinos français.
Et pour les communes qui accueillent les casinos ?
LB : Pour la commune forcément, cela veut dire une baisse de recettes. Ce qui veut dire des taxes qu’il va falloir aller chercher chez le contribuable pour les communes, cela va être plus compliqué. Les taxes qu’on verse aux communes sont quand même très importantes, nous, on représente 700 000 euros par an par exemple. Vous vous doutez bien que les communes s’inquiètent de ça. Déjà que c’est très compliqué pour elles, elles sont attaquées de tous les côtés.
Quel est votre avis sur les casinos en ligne ?
LB : Les casinos en ligne ça pose la question de la protection. Nous, aujourd’hui, on veille constamment à ce que nos joueurs soient protégés. Dès qu’on voit quelqu’un qui a un comportement addictif, on est derrière, on le protège. Demain il n’y aura plus rien.
On le sait, ça n’existe pas chez les casinos en ligne. On s’aperçoit qu’il y a quand même un double langage sur le jeu. On veut protéger les joueurs, mais en fin de compte, on ouvre quelque chose qu’on ne pourra pas maîtriser.
Comprenez-vous cette idée de vouloir autoriser les casinos en ligne ?
LB : Cette idée, je ne la comprends pas. On veut de l’argent, mais je pense qu’il ne faut pas passer par là, c’est une fausse bonne idée. Ils ont impression qu’ils vont gagner de l’argent comme ça, mais si on regarde les casinos qui vont fermer à cause de cet amendement, je ne suis pas certain qu’ils gagnent de l’argent. Tout ça sur la santé des Français.
Contacté, le maire de Bourbon-Lancy n'a pas répondu à nos sollicitations.