Nucléaire : l’action Areva bondit après l'annonce de l'augmentation de capital

Le titre du groupe nucléaire Areva s'est envolé à la Bourse de Paris jeudi 28 janvier 2016 dans l’après-midi. Le marché a salué l'annonce d'une recapitalisation massive de 5 milliards d'euros et l'accord avec EDF sur la branche réacteurs.

Pourquoi la Bourse est-elle si enthousiaste ?

Le groupe nucléaire français, qui est confronté à de graves difficultés financières, a décidé de supprimer 6 000 postes dans le monde, dont 3 000 à 4 000 en France.

Le groupe EDF va reprendre la majorité d'Areva NP, c'est-à-dire la division réacteurs du spécialiste du nucléaire qui est en difficulté.
En Saône-et-Loire, où Areva possède plusieurs sites (Saint-Marcel, Chalon Services, Creusot Forge), cette restructuration se traduira par une baisse de 11% des effectifs.

Mercredi 27 janvier 2016, le plan de sauvetage d'Areva a franchi une étape cruciale avec l'annonce d'une recapitalisation massive de 5 milliards d'euros à l'issue d'un conseil d'administration.
Conséquence : ce jeudi, à 16 heures (15 heures GMT), la valeur prenait 24,67% à 4,75 euros, après s'être déjà envolée de près de 13% dans la matinée. Une performance d’autant plus remarquée que l'indice CAC 40 était en baisse de 0,71%. EDF gagnait quant à lui 2,47% à 12,04 euros.

Des avancées" qui comportent "encore des incertitudes

"Le marché est soulagé et retient le fait que l'important était de sauver le groupe", souligne un vendeur d'actions parisien. Toutefois, "c'est un dossier très politique et il est pour l'heure très difficile d'y voir clair sur l'évolution de l'activité".
En effet, le rachat par EDF de la branche réacteurs de l'ex-fleuron du nucléaire, élément clé de sa restructuration et qui se fait sur la base d'une valorisation de 2,5 milliards d'euros, bute toujours sur le dossier de l'EPR finlandais.



Ce sont "des avancées" qui comportent "encore des incertitudes", estime un courtier parisien dans une note. "Areva annonce des étapes importantes de son plan de redressement et de refinancement", mais "il manque cependant encore des éléments clés", selon lui. Il évoque notamment les modalités précises de l'augmentation de capital, tout comme le résultat des éventuelles négociations commerciales avec EDF. Concernant l'augmentation de capital, la part qui sera souscrite par l'Etat n'est pas encore connue, ni quels investisseurs minoritaires y participeront.

Pourquoi les syndicats sont-ils sur leurs gardes ?

Les syndicats CFDT, CFE-CGC et FO du groupe nucléaire en difficulté attendent encore des précisions sur le tour de table et font observer que les salariés le "paient cher" avec des milliers de suppressions de postes. Ils estiment cependant que la recapitalisation d'Areva à hauteur de cinq milliards d'euros est une "bonne nouvelle".

"Cinq milliards, c'est le bon chiffre. C'est une bonne surprise, on craignait que ce soit inférieur", a déclaré Jean-Pierre Bara, coordinateur CFDT. "Parce qu'une recapitalisation ratée, on en a déjà connu une en 2009 (...) et cinq ans après, on s'est retrouvé" dans la situation que connaît Areva aujourd'hui. Donc, "c'est une bonne nouvelle qu'elle se fasse, et qu'elle se fasse vite", estime Jean-Pierre Bara.

De leur côté, la CFE-CGC et FO ont aussi accueilli favorablement cette annonce. "On est plutôt satisfait de voir que l'État remplit ses obligations. Cela va nous permettre de repartir d'un bon pied", a commenté Guy Bruno, président Inter-centre CFE-CGC d'Areva.



Quelle part prendra l'Etat au capital d'Areva ?

La part qui sera souscrite par l'État n'est pas encore connue. "Une très grande part", a-t-on dit à Bercy tout en précisant que "l'augmentation de capital sera aussi proposée à des investisseurs minoritaires", comme le fonds souverain du Koweït (KIA), déjà actionnaire à un peu moins de 5%, ou le chinois CNNC. "On reste sous la pression d'une entrée forte au capital d'acteurs chinois", observe José Montes, coordinateur FO, qui craint le transfert d'activités opérationnelles  et donc encore "des pertes d'emplois".

Ce "bon signal" de l'État ne "fait pas oublier qu'on le paie cher socialement" avec la suppression de 6 000 postes dans le monde, dont 3 000 à 4 000 en France, souligne aussi la CFDT, en rappelant que ce sont des "erreurs de stratégie" qui ont mené Areva à cette situation et "pas des problèmes industriels".

"Ce qui nous manque, c'est une visibilité plus lointaine sur la filière nucléaire", ajoute la CFE-CGC, en citant le grand carénage (maintenance lourde des centrales nucléaires françaises) et le renouvellement du parc français. Et "ces choix relèvent de l'État".
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