Une anomalie de fabrication "sérieuse" a été détectée dans la cuve de l'EPR de Flamanville (Manche) forgée en partie en Saône-et-Loire. On ne saura pas avant des mois si la pièce peut être mise en service ou pas.
Quel est le problème qui a été détecté sur la cuve de l'EPR ?
Une "anomalie" a été détectée dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur nucléaire de troisième génération construit par EDF et Areva.La cuve, organe crucial, doit être de la plus grande qualité. Elle ne doit pas rompre. La résistance aux chocs mécaniques doit être au moins supérieure à 60 joules, selon la réglementation. A Flamanville elle est de 38 joules.
Cette "anomalie" est-elle importante ?
Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a été auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat mercredi 20 mai 2015."Au moment où la cuve a été forgée, vers 2005, la nouvelle réglementation venait d'être prise, mais elle n'était pas en pleine application". "Les essais n'ont pas été faits à l'origine mais plus tard, à notre demande, et ce sont ces essais qui ont permis de voir l'anomalie", a indiqué le président de l'ASN.
Pierre-Franck Chevet a répété que l'anomalie est "sérieuse". Il a précisé qu'il s'agit d'une anomalie même au regard de l'ancienne réglementation. "C'est une anomalie basse - inacceptable, je ne sais pas -. Il faut traiter l'anomalie, point".
Pourra-t-on remédier au problème… ou pas ?
L'Autorité de sûreté nucléaire a demandé à Areva de faire une revue générale des processus de fabrication du site Creusot Forge, en Saône-et-Loire, où a été produite la cuve du réacteur EPR. Cette usine est spécialisée dans la fabrication et l'usinage de grandes pièces forgées et moulées.Le groupe Areva a annoncé le 21 avril qu'il confierait la réalisation de cette expertise à un expert indépendant, la société franco-anglaise Lloyd's Register Apave Limited.
L'Autorité de sûreté nucléaire a reçu le 13 mai dernier le programme d'essais d'Areva et doit l'analyser.
Les essais prendront ensuite plusieurs mois. "Il n'y aura pas de position ferme sur la mise en service ou non de la cuve avant la fin de l'année ou le début de l'année prochaine", selon le président de l'ASN.