La ligne TER Lyon-Paray-le-Monial est la deuxième de France qui a enregistré le plus de retards en 2023. Entre le manque de main d'œuvre et l'état des infrastructures, les usagers doivent prendre leur mal en patience.
C'est une performance dont les usagers se seraient bien passés. Avec près de 25% de trains en retard ou annulés en 2023, la ligne Lyon-Paray-le-Monial est officiellement la deuxième ligne TER de France la moins régulière. C'est ce que révèle Le Parisien dans un classement publié à la mi-avril.
Une situation particulièrement difficile pour les utilisateurs de cette ligne, gérée par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Kevin Mercier, par ailleurs vice-président de l'association de développement de la ligne ferroviaire Paray/Lyon (Adelifpaly), l'emprunte lui-même "plutôt occasionnellement" mais a souvent été confronté aux retards et autres annulations. "Qu'on parte de Paray, La Clayette, Chauffailles... on les subit toujours quand on va à Lyon", soupire-t-il.
On a enregistré des retards allant jusqu'à 8 heures sur certains trains.
Kevin Mercier,usager de la ligne TER Lyon-Paray-le-Monial
Des dysfonctionnements qui ont atteint des records aux mois de février et mars 2024, selon lui, avec "plus de 20 heures de retard accumulées en une semaine ! Ça, c'est notamment dû à des problèmes d'infrastructures et de personnel."
"Les choses bougeront difficilement"
Des problèmes aggravés en novembre 2023, lors du départ de l'agent en gare de Laumure-sur-Azergues (Rhône). Une petite commune nichée le long de la ligne qui revêt en réalité une importance toute stratégique : du fait du tracé de la voie ferré, il s'agissait du seul point de croisement en 60 kilomètres entre les deux sections de la ligne (Paray-Lyon et Paray-Lozanne). Sans agent, il faut désormais effectuer... 96 kilomètres.
Conséquence, "il faut maintenant que le train parti de Paray arrive à Lozanne avant de pouvoir envoyer le suivant, et inversement le soir", détaille Kevin Mercier. "Quand les horaires ont été conçus, il n'y a pas eu de marge de manœuvre prévue en cas de problème. Donc dès qu'il y a un retard à un endroit, ça donne un effet cascade sur les autres."
"Malheureusement, quand une ligne ne possède pas de croisement sur autant de kilomètres, les retards sont inévitables", abonde Cédric Journeau, président de la fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) Bourgogne-Franche-Comté. "Tant que de gros investissements sur le ferroviaire ne sont pas faits, les choses bougeront difficilement."
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Front commun des collectivités
Seule perspective pour les usagers : l'embauche d'un nouvel agent en gare de Laumure-sur-Azergues. Lors du départ du précédent, la SNCF a en effet annoncé chercher à combler ce poste. "Depuis, nous les avons relancés une fois", indique Kevin Mercier. "La seule réponse que nous avons eue, c'est qu'un point de situation sera fait avant l'été." Nous avons également contacté la SNCF. Pour l'heure, aucune réponse n'a été fournie à notre sollicitation.
Former quelqu'un pour un tel poste, ça demande du temps. Rien ne nous assure que ce sera faisable d'ici la rentrée de septembre.
Kevin Mercier,usager de la ligne TER Lyon-Paray-le-Monial
Il y a quelques semaines, plusieurs communautés de communes (le Grand Charolais, Brionnais Sud Bourgogne, Beaujolais-Pierres-Dorées, la communauté d'agglomération de l'Ouest Rhodanien) ont formulé plusieurs propositions pour améliorer la ligne : créer 2 allers-retours supplémentaires ainsi qu'une voie de croisement sur le secteur de Chauffailles, installer des bornes TER, améliorer l'accessibilité en gare...
Car, d'après les collectivités, il y a un "fort potentiel de fréquentation" sur la ligne. Et donc de fortes attentes des usagers.
À noter qu'outre Lyon-Paray-le-Monial, plusieurs autres lignes reliant la Bourgogne-Franche-Comté font partie des 40 cumulant le plus de retards en 2023. C'est le cas notamment de Paris-Nevers (19,8% de trains annulés ou retardés), Lyon-Mâcon (18%), Dijon-Laroche-Migennes (17,6%) et Laroche-Migennes-Paris (15,5%).