Résultats législatives 2022. Comment la Nupes a réussi son pari au premier tour en Bourgogne

Avec 23,80% des voix en Bourgogne, la Nupes s'impose comme le deuxième grand bloc politique pour ce premier tour des législatives 2022. Au total, neuf candidats de l'union des principaux partis de gauche brigueront un mandat de député au second tour, le 19 juin prochain.

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C'était la grande inconnue de ces élections législatives. La Nupes a finalement créé la surprise lors du premier tour, dimanche 12 juin. À l'échelle nationale, la coalition qui réunit les candidats des principaux partis de gauche obtient 25,66% des voix, un score qui la place au coude-à-coude avec le mouvement de la majorité présidentielle (25,75%).

Au niveau local, cette dynamique se confirme : le rassemblement de la gauche totalise 23,80% des suffrages en Bourgogne, de quoi envoyer neuf candidats au second tour le 19 juin. Mieux encore, les prétendants arrivent en tête dans trois circonscriptions : la deuxième de Côte-d'Or, la quatrième de Saône-et-Loire et la première de l'Yonne.

Une stratégie d'alliance payante...

"C'est une vraie confirmation pour Jean-Luc Mélenchon", analyse Dominique Andolfatto, professeur en sciences politique à l'université de Bourgogne. "Il avait déjà créé la surprise lors de l'élection présidentielle, alors que personne ne l'attendait si haut. Le vote utile dont il avait alors bénéficié a été accentué pour les candidats de la Nupes pour ces législatives."

Un phénomène qui s'illustre par exemple dans la première circonscription de Saône-et-Loire, où le regroupement des candidatures de gauche a permis au représentant de l'alliance, Patrick Monin, de pratiquement doubler le score de sa grande famille politique, par rapport à 2017.

La gauche enregistre de bons scores, comparé à 2017. Elle renaît dans ces élections.

Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques

Autre circonscription où la Nupes n'était pas attendue : la première de l'Yonne, celle d'Auxerre. Contre toute attente, Florence Loury, issue d'Europe Écologie - Les Verts, se hisse en haut du classement lors de la soirée électorale. Elle cumule 24,25% des voix, devançant ainsi le candidat RN et éliminant au passage le député sortant.

"Elle a réussi dans une circonscription où personne ne l'attendait", pointe le politologue Jean-Vincent Holeindre. "Personne ne pensait qu'elle atteindrait le second tour et que Guillaume Larrivé serait éliminé. Ça montre la réussite de la Nupes : on juge les recompositions politiques avec les victoires ou les défaites emblématiques."

La Nupes tire son épingle du jeu sur fond d'effondrement des partis historiques.

Jean-Vincent Holeindre, politologue

In fine, les chiffres réalisés par la coalition montrent qu'une fois rassemblée, la gauche est capable d'exister au-delà de la première partie du scrutin. "Avec une telle abstention, le but est avant tout de passer le premier tour", juge-t-il. "De ce point de vue, les résultats sont vraiment encourageants."

... malgré un succès tout relatif

Le vote à gauche n'enregistre qu'une très faible hausse par rapport à 2017. En Bourgogne, 146 418 bulletins pour l'ensemble de cette aile politique (PS, EELV, LFI, PCF, PRG et Divers gauche) ont été comptabilisés dimanche 12 au soir, contre 142 337 cinq ans auparavant. À titre de comparaison, le Rassemblement national voit le vote en sa faveur bondir, avec près de 46 000 voix de plus qu'en 2017.

Malgré le plein du premier tour, il n'y a pas eu de raz-de-marée de gauche.

Jean-Vincent Holeindre

"La gauche reste nettement en deçà de son score de 2012 par exemple", ajoute Dominique Andolfatto. "À chaque fois qu'elle a gagné aux législatives, elle a réalisé une audience autour de 40%, ce dont elle est loin cette fois-ci."

Jean-Luc Mélenchon peut-il vraiment devenir Premier ministre ?

C'était l'argument phare du leader insoumis pour galvaniser ses troupes pendant la campagne. "Je demande aux Français de m'élire Premier ministre", déclarait-il le 19 avril dernier, entre les deux tours de l'élection présidentielle.

Mais après cette première phase des législatives, peut-il encore espérer remplacer Élisabeth Borne à Matignon ? "C'est loin d'être certain", concède Dominique Andolfatto.

"Le risque avec le spectre de Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, c'est que les tendances modérées issues plutôt du PS disparaissent", précise quant à lui Jean-Vincent Holeindre. "Et l'opposition se sert de ça comme épouvantail pour désigner la Nupes comme antidémocratique. Ça pourrait la pénaliser au deuxième tour."

Autre problème pour la Nupes : l'absence ou quasi-absence de réserves de voix. En somme, cela signifie que si au premier tour, la plupart des électeurs de gauche a voté pour le candidat de la coalition, celui-ci ne pourra pas compter sur un éventuel report du vote des partis compatibles au second tour.

Mais la partie est loin d'être jouée pour autant. Comme par exemple dans la troisième circonscription de Côte-d'Or, où s'affronteront la sortante Fadila Khattabi (LREM) et Patricia Marc (LFI). "Les deux étaient au coude-à-coude au premier tour",  note Dominique Andolfatto. "Or, il y avait beaucoup de petits candidats de gauche qui pourraient se reporter sur la candidate insoumise." Et c'est sans compter sur la variable du vote RN, qui pourrait également bénéficier à l'alliance de la gauche.

Le RN aura un rôle d'arbitre. Comme il a un électorat populaire, soit il va s'abstenir, soit il va voter Nupes par rejet du pouvoir en place.

Dominique Andolfatto

Et en cas de duels RN-Nupes, celle-ci pourrait également profiter de la porosité qu'il existe entre la branche modérée de la coalition et le camp présidentiel. C'est notamment le cas dans la première circonscription de l'Yonne, où Victor Albrecht (LREM), éliminé au premier tour, a appelé à voter pour l'écologiste Florence Loury.

Mais en cas de majorité à l'Assemblée, reste un autre problème de taille. "Comment gouverneront-ils ?", s'interroge Jean-Vincent Holeindre. "La Nupes est une alliance de circonstance, qui tient à la volonté du PS et d'EELV de se raccrocher aux branches. La question, c'est de savoir combien de temps ça durera." Et de conclure : "Si une chose est sûre, c'est que nous ne sommes pas en train d'assister à la naissance d'un grand parti de gauche."

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